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Culture - Politique régionale
Journée d’information Interreg IV A ou comment dynamiser la dimension culturelle de la coopération transfrontalière européenne dans la Grande Région
20-02-2008


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Equipe technique luxembourgeoise

INTERREG IV A Grande Région

Jean-Claude Sinner tél: +352 2478 6916 jean-claude.sinner@mat.etat.lu

Christiane Fortuin tél: +352 2478 6915 christiane.fortuin@mat.etat.lu

Conny Theobald tél: +352 2478 6919 constant.theobald@mat.etat.lu


Le 20 février 2008, l’ALAC (Agence luxembourgeoise d’action culturelle), la Commission européenne et le Ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire avaient convié des institutions, associations et services culturels luxembourgeois pour une journée d’information sur le violet culturel dans le sens large du terme du programme communautaire Interreg IVA "Coopération territoriale européenne pour la Grande Région pour la période budgétaire 2007-2013".

Qu’est-ce, Interreg IV A ?

Interreg est un programme communautaire dont l’objectif est de renforcer la compétitivité des régions, mais aussi de réduire les effets négatifs des frontières et de mettre en réseau les acteurs et les citoyens de part et d’autre des frontières. Interreg IV A a pour objet la coopération transfrontalière dans la "Grande Région" et pour objectif le développement harmonieux des régions frontalières.

Onze autorités partenaires participent à Interreg IV A "Grande Région" : le Grand-Duché de Luxembourg, pour la Belgique la Région wallonne, la Communauté française de Belgique et la Communauté germanophone de Belgique, pour la France la Préfecture de la Région Lorraine, le Conseil régional de Lorraine, et les Conseils généraux de Meurthe-et-Moselle, de la Moselle et de la Meuse, pour l’Allemagne les Länder de Rhénanie-Palatinat et le Land de Sarre.

Pour qu’un projet soit éligible, il doit

  • être basé sur un partenariat transfrontalier,
  • réaliser des actions dans la zone de coopération du programme, donc dans les provinces belges du Luxembourg et de Liège, au Grand-Duché, en Région lorraine, sur tout le territoire de la Sarre et une grande partie de celui de la Rhénanie-Palatinat
  • apporter une réelle plus-value transfrontalière
  • correspondre aux priorités définies dans le programme opérationnel

Les actions possibles dans le cadre d’Interreg IVA peuvent se décliner sur trois axes :

  1. l’économie,
  2. l’espace et
  3. les hommes.

La culture se retrouve d’abord dans le dernier axe : "les hommes". Interreg IV A veut promouvoir et valoriser la culture et la coopération avec les médias. Les types d’actions retenus sont :

  • la valorisation du patrimoine culturel,
  • le développement et la consolidation des réseaux transfrontaliers culturels,
  • l’échange de savoir-faire, la professionnalisation des acteurs culturels, et
  • les des actions d’information sur la Grande Région.

Economie et culture, des activités complémentaires

Dans son introduction, Barbara Zeches, responsable des relations culturelles internationales au Ministère de la Culture, ne manqua pas de souligner que l’économie et la culture ne peuvent être séparées, qu’au contraire la culture avec tous ses dérivés professionnels est un facteur économique qui représente 2,6 % du PIB de l’Union européenne et emploie plus de 2 millions de personnes en Europe. De ce fait, les projets économiques et les projets culturels conçus dans le cadre des programmes de développement territorial propres à Interreg seront complémentaires.     

Dans son commentaire des informations pratiques fournies aux invités par Jean-Claude Sinner, Conny Theobald et Christiane Fortuin de la Direction Aménagement du Territoire du Ministère de l’Intérieur, Marie-Ange Schimmer de l’ALAC a souligné que la culture touchait aussi à l’économie et aux questions d’espace. Le colloque organisé le 25 janvier 2008 par l’Institut Pierre Werner sur la mobilité culturelle dans la Grande Région avait bien relevé que la culture pouvait toucher à des domaines d’actions qui relèvent dans le cadre d’Interreg de l’économie : l’innovation dans le domaine des nouvelles technologies, des actions communes de formation des instituts et entreprises culturelles ou bien des actions de soutien à la mobilité professionnelle. Le tourisme, autre grand domaine d’action économique d’Interreg IV A, touche également au domaine culturel quand il est question de mise en réseau et de développement de l’offre touristique ou de la création de produits touristiques transfrontaliers. Même dans l’axe « espace », il est facile pour Schimmer d’identifier des recoupements avec la culture, ne serait-ce que quand il est question de coopération entre les parcs naturels, ou de la valorisation du patrimoine naturel et paysager.

L’expérience d’Emile Eicher

Emile Eicher, le bourgmestre de Munshausen et président du Parc naturel de l’Our présenta ensuite un projet de coopération entre parcs naturels qui a débouché sur le projet "Jardins  …….à suivre" . Ce projet se basait déjà sur l’expérience d’une première coopération entre les parcs naturels de l’Our, de la Haute-Sûre, de Lorraine, et du parc naturel wallon Haute-Sûre et Forêt d’Anlier. Il s’agissait de créer des jardins d’artistes dans les communes qui participaient au projet dans les quatre parcs naturels impliqués. Les travaux étaient réalisés sous la direction des concepteurs par les services de ces communes. Leur suivi et leur promotion étaient assurés par les services des parcs naturels.

L’objectif d’un tel projet : sensibiliser différents publics à un patrimoine paysager commun à la grande Région, créer une offre artistique facilement accessible qui améliore du même coup l’image de l’espace rural en matière d’offre culturelle, et créer un réseau interrégional de jardins.

La plus-value transfrontalière d’un tel projet est multiple. Une collaboration entre quatre acteurs régionaux permet d’atteindre une masse critique qui donne à l’initiative une dimension internationale. Ce type de coopération permet des échanges sur les méthodes de travail dans les différentes régions. Des réseaux entre acteurs culturels, touristiques et communaux voire politiques se constituent au-delà des frontières et des contacts transfrontaliers réguliers peuvent en résulter.

Emile Eicher évoqua également le projet E-Grade de mise en réseau des acteurs du développement local dans la Grande Région  et tira ensuite quelques conclusions de ses expériences.

Du côté positif, il souligna

  • les échanges d’expériences,
  • la reconnaissance des projets auprès des autorités régionales et nationales,
  • la coopération entre les personnels techniques et
  • l’acquisition de nouvelles compétences et d’un réel savoir-faire interculturel.

Du côté négatif, il évoqua

  • les fortes différences entre le fonctionnement et les stratégies des structures participantes,
  • la disparité des partenaires (de la fondation à la commune en passant par des syndicats, …),
  • le coût des traductions pendant les réunions dus aux différences linguistiques,
  • les flux financiers assez longs ("il faut prévoir une bonne capacité de préfinancement des structures participantes"),
  • le travail administratif, en général sous-estimé par les acteurs,
  • le peu de contact entre les décideurs politiques, alors que cela se passe bien du côté des personnels techniques.

Emile Eicher a suggéré cinq clés de succès pour qu’une coopération transfrontalière devienne une réussite :

  1. connaître le degré de préparation, les structures et le mode de fonctionnement des partenaires potentiels,
  2. avoir les compétences professionnelles, linguistiques et sociales adéquates,
  3. faire confiance aux autres et viser une répartition claire des tâches,
  4. mettre l’accent sur la coordination en désignant une personne de contact pour chaque structure et chaque réseau,
  5. avoir des contacts directs réguliers avec les responsables techniques et les décideurs

Le débat

Marc Bourscheid d’Objectif Plein Emploi (OPE) anime entre autres le projet "Sentiers rouges" , un projet culturel et touristique pour le territoire du sud du Luxembourg qui pourrait s’étendre sur la Grande Région et donc devenir éventuellement éligible pour Interreg IV A. Dans son intervention, il a évoqué les réticences des politiques du sud du Luxembourg envers de nouveaux projets culturels, car beaucoup d’acteurs travaillent sur la région et la coopération entre eux n’est pas optimale. Pour que les fonds existants puissent être mieux utilisés, Bourscheid pense qu’il faudrait recadrer, voire fusionner certaines structures dans une région qui est à la recherche d’une nouvelle identité après son époque sidérurgique. Cette préoccupation et bien d’autres relient le sud du Luxembourg à des acteurs au-delà des frontières, et c’est avec des structures coordonnées et plus efficaces qu’il faudrait aborder la question des coopérations transfrontalières culturelles.

Danièle Kohn du Service d’animation culturelle régionale Est a elle aussi évoqué les difficultés de mobiliser les communes luxembourgeoises même pour des petits projets transfrontaliers. Les deux principaux problèmes : la confiance dans les partenaires potentiels et les difficultés en matière de coordination, les processus de décision luxembourgeois étant plus courts que ceux d’outre-Moselle, notamment quand il s’agit d’obtenir des financements.

Luc Braconnier du Service d’animation culturelle régionale Nord qui vient, dans le cadre de l’année culturelle 2007 de finaliser un grand projet transfrontalier, "hArt an der grenze", a lui aussi tiré des conclusions de ses expériences. "Il faut communiquer, se voir, bien préparer les réunions. Il faut prévoir et résoudre les problèmes linguistiques. Il faut insister à ce que les réunions se tiennent dans des vrais lieux de réunion. Il faut faire un choix judicieux des partenaires et vérifier que l’on parle vraiment de la même chose. Il faut surtout travailler avec les locaux, que ce soit des communes ou des entreprises. La dimension participative, à l’instar de la méthode LEADER, est essentielle."