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Énergie - Environnement
Le changement climatique, un problème réel ou hystérie des cercles scientifiques et politiques
Claude Turmes a participé à un débat sur le changement climatique
26-09-2008


Le changement climatique, est-il un problème réel ou bien plus une bulle de savon artificiellement gonflée par les mondes scientifiques et politiques? Ce fut, en gros, la question qui opposait lors d'une conférence le 25 septembre 2008 le député européen Claude Turmes (Déi Gréng) et le député Marcel Oberweis (CSV) à l’ancien professeur de physique luxembourgeois et responsable de la station météorologique de Diekirch, Francis Massen.

Le débat, qui fut organisé par Mensa Lëtzebuerg, une association fondée en 1946 en Grande-Bretagne et qui accepte comme membre uniquement les personnes qui se distinguent par leur quotient intellectuel très élevé, a attiré un grand nombre d'intéressés.

La discussion entre les trois invités et le public fut très animée et par moments même très émotionnelle, tant les points de vues des invités divergeaient. La participation active du public au débat a montré que les citoyens se posent maintes questions sur le changement climatique et qu’ils sont loin d'être tous d'accord sur le sujet.

Georges Weyer de l'Association Mensa a introduit le débat en exposant l'ambivalence qui régit le débat sur le changement politique. "D'habitude, les cercles politiques ne s'accordent sur aucun sujet. En matière du changement climatique, bizarrement, il existe un consensus parmi les élites politiques nationales et internationales. Tous sont d'accord que le changement climatique est un phénomène réel et qu'il faut agir et vite. Mais est-ce qu'il y a vraiment un consensus?", a-t-il demandé aux invités.

Aux yeux de Massen, il s’agit bien plus d’un problème d’épuisement de ressources que de changement climatique

Francis Massen / Copyright: Mensa LëtzebuergLes opinions des trois invités se rejoignaient sur un point: la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté au cours des derniers siècles et l’homme, avec son mode de vie basé sur les énergies fossiles, en est responsable. Mais sur les conséquences de cette augmentation, les idées de Claude Turmes, Marcel Oberweis et Francis Massen divergeaient complètement.

L'ancien professeur Francis Massen n'est pas convaincu de la théorie du changement climatique. "Dans l'ère préindustrielle, autour de 1750, environ 700 000 millions de personnes vivaient sur terre, contre 7 milliards aujourd'hui. Ces hommes ont changé leurs habitudes de vie, et tout cela est basé sur les énergies fossiles. La concentration de CO2 dans l'atmosphère a donc naturellement augmenté au fur et à mesure", a-t-il indiqué.

Mais y-a-t-il un impact négatif de notre utilisation en énergies fossiles sur le climat et contribue-t-elle au réchauffement planétaire? Massen n'en est pas convaincu. Pour lui, le réchauffement planétaire est davantage une évolution naturelle à laquelle l’homme ne peut pas grand-chose. "Si cette théorie s'avèrera fondée, alors nous devons agir vite, ou alors nous devons nous adapter très vite. Si cette théorie est exagérée car les instances qui la propagent ont tout leur intérêt à la propager, alors l'hystérie climatique ne doit pas être la force vive de nos actions", a-t-il souligné. D’après lui, le problème du changement climatique a été artificiellement gonflé par les milieux scientifiques, politiques et environnementaux, qui y voient tous un intérêt.

Pour Massen, le problème est plus de l'ordre d'un problème des ressources que de l’ordre du changement climatique. Trouver de nouvelles méthodes de production d’énergie, et promouvoir un "mix intelligent" de toutes les ressources énergétiques, y compris le nucléaire, tel est le problème auquel il faudrait s’attacher dès à présent.

Claude Turmes et Marcel Oberweis : l’homme fait partie du problème, et les milieux politiques européens et américains doivent urgemment trouver des solutions

Marcel Oberweis / Copyright: Mensa LëtzebuergPour les députés Claude Turmes et Marcel Oberweis, par contre, le problème est clair: le changement climatique et le réchauffement planétaire sont des phénomènes réels et il faut agir vite pour éviter les effets catastrophiques. Aux yeux de Marcel Oberweis, ce sont avant tout les sociétés européennes et américaines qui doivent réagir et s'investir dans la lutte contre le changement climatique. "Seul un milliard d'hommes est responsable pour les problèmes auxquels nous faisons face aujourd'hui",a-t-il souligné. Selon le député social-chrétien, une société moderne se construit comme un trépied, avec un volet social, un volet économique et un volet écologique. Lorsqu'un élément tombe, le trépied perd l'équilibre. “"ous devons constamment nous interroger si nos actions sont durables ou non"-t-il souligné.

Claude TurmesPour Claude Turmes, député vert très actif dans les questions d'environnement et d'énergies au Parlement européen, il existe un consensus dans les milieux scientifiques sur le fait que le changement climatique est un fait réel. Depuis le début des années 80, il existe un déséquilibre dans le cycle des émissions de CO2. Trop de nouveaux gaz entrent dans ce cycle et s'accumulent ainsi. Tous ces effets font selon lui que l'atmosphère terrestre s'échauffe continuellement, de manière accélérée. "La dernière fois que notre planète a connu un tel climat, la population humaine était encore très insignifiante", a-t-il expliqué.

Pour Claude Turmes, reconnaître l’urgence de combattre le changement climatique, est également affaire de responsabilité politique. "Si 99 % du monde scientifique tire la sonnette d'alarme, est-ce que la politique peut se permettre de ne pas réagir ?", a-t-il lancé. Non, telle est sa réponse. "La politique est là pour poser le cadre et doit donner des solutions le plus vite possible", a-t-il ajouté.

Plus loin, Claude Turmes a expliqué que les problèmes du changement climatique et du manque en ressources vont absolument de pair. Le modèle économique de l'Europe et des Etats-Unis est devenu la référence pour les pays émergents, qui aspirent tous au même niveau de vie que leurs congénères occidentaux. Le problème de l'épuisement des ressources ne touche ainsi pas uniquement le pétrole et les ressources énergétiques, mais également des domaines comme l'agriculture. Pour Turmes, tout comme pour Marcel Oberweis, une politique de l'économie des ressources s'impose dès aujourd'hui. "Si nous voulons éviter le pire, nous devrons réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 60 % d'ici à 2050", a mis en garde le député vert.

Francis Massen a vivement contesté les thèses de Marcel Oberweis et de Claude Turmes.  Il a reproché à Claude Turmes, qui tire l'essentiel de ses informations de rapports de l’IPCC, le "Panel Intergouvernemental du changement climatique",  de l'ONU, de ne pas se baser sur des informations fiables et innocentes. Pour lui, l'IPCC est "une oligarchie incontrôlable".

"Le consensus politique et scientifique sur le changement climatique n'existe pas" pour Massen, qui a lancé : "Monsieur Turmes prêche une litanie. L'IPCC est pour lui une bible, qu'il connaît par cœur. Mais un grand nombre d'hommes scientifiques renommées contestent ce consensus classique."

Les conséquences du changement climatique pour les citoyens européens

Le débat s’est ensuite tourné vers les conséquences économiques et sociales du changement climatique, s’échauffant de plus en plus, et le modérateur Gilles Weyer avait du mal à garder la discussion sur la bonne voie.

En reprenant les idées de Bjorn Lomborg, un économiste danois et auteur du livre "The sceptical Environmentalist", Francis Massen a proposé d'aider les populations les plus démunies à se protéger contre d'éventuelles conséquences d'un réchauffement climatique au lieu de "jeter par la fenêtre" des sommes énormes dans le cadre de la mise  en œuvre de protocoles et de traités internationaux-comme Kyoto qui selon lui  "ne servent à rien". L'on pourrait par exemple construire des barrages dans des zones où les populations seront confrontées à des inondations plus fréquentes.

A la question combien de sacrifices les citoyens européens devraient être prêts à accepter pour contribuer à la lutte contre le changement climatique, Claude Turmes a estimé que "même si les salaires dans nos pays baissaient de 15 % pour chacun, ce n'est rien en comparaison avec les conséquences que devront subir les populations les plus démunies". Mais les conséquences des mesures à prendre pour lutter contre le changement climatique pourront également être d’ordre économique. Le nouveau paquet climat/énergie de l'Union européenne prévoit par exemple d'instaurer un système de vente aux enchères des quotas d’émissions de gaz à effet de serre pour les industries lourdes. Aux yeux d’aucuns, cette mesure pourrait amener les industries traditionnelles comme la sidérurgie à émigrer dans des pays où de telles contraintes n’existent pas. Claude Turmes a essayé de dédramatiser ce scénario. Si un tel système de quotas va s’installer, alors d’autres producteurs, par exemple chinois, qui voudront importer leur acier en Europe, devront également acheter leurs quotas à la bourse.

Pour Marcel Oberweis, la volonté de lutter contre le changement climatique est finalement une question de la volonté de partager avec les populations qui n’ont pas notre standard de vie. "C'est une question éthique. Nous devons prendre nos responsabilité pour éviter que les plus démunis dans les pays en voie de développement ne subissent pas toutes les conséquences", a-t-il insisté. Oberweis a également estimé que chacun doit se poser des questions sur soi-même et son propre mode de vie avant de pointer du doigt les autres.