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Énergie - Environnement
Claude Turmes explique le projet de directive européenne pour la promotion des énergies renouvelables
08-09-2008


Claude TurmesLe projet de directive sur la promotion des énergies renouvelables permettra de donner un coup d’envoi aux énergies renouvelables et d’en faire les premiers fournisseurs d’électricité d’ici à 2020. C’est le constat qu’a dressé Claude Turmes, député vert au Parlement européen  et rapporteur du projet de directive. Lors d’une conférence de presse le 8 septembre 2008, il a présenté les grands traits de la directive, son importance pour l’Union européenne ainsi que les principaux amendements que contient son rapport qui sera probablement voté le 11 septembre 2008.

Pourquoi l’Europe a-t-elle besoin d’une directive pour la promotion des énergies renouvelables ?

D’après Claude Turmes, l’Union européenne a besoin d’une "offensive pour les énergies renouvelables". Pourquoi ? Tout d’abord, le changement climatique et l’épuisement des ressources en énergies fossiles mettront fin, tôt ou tard, au modèle économique tel que nous le connaissons. Aux yeux du député vert, l’Union européenne devra tirer profit des progrès techniques pour se positionner en tant que précurseur international dans le secteur des énergies renouvelables. Ensuite, il a estimé que l’investissement dans les énergies renouvelables et dans l’efficacité énergétique du secteur de la construction permettront de créer de nouvelles opportunités d’investissement, de créer de nouveaux emplois et d’éviter le risque d’une récession économique qui menace aujourd’hui le marché européen.

Qui plus est, les énergies renouvelables, et surtout l’énergie éolienne, contribuent à stabiliser les prix de l’électricité et amènent même une réduction des prix, ce qui constitue une autre raison d’investir massivement dans les énergies renouvelables. Finalement, Claude Turmes a jugé que la nouvelle directive permettra de contraindre tous les Etats membres de l’Union européenne à faire des efforts dans la promotion des énergies renouvelables. Seuls quelques pays, comme l’Allemagne, l’Espagne ou le Danemark, ont déjà mis sur pied des programmes de subventionnement conséquents pour les énergies renouvelables. "La directive permettra de partager et de généraliser les bonnes expériences et les bonnes pratiques dans l’ensemble de l’Union des 27", a souligné Claude Turmes.

Que changera la nouvelle directive ?

Klopp Marie-Thérèse, Claude TurmesLa nouvelle directive européenne pour la promotion des énergies renouvelables s’inscrit dans la droite ligne du paquet climat/énergie que la Commission européenne a présenté en mars 2008. Selon Claude Turmes, la directive permettra d’exploiter de manière plus efficace et plus systématique les "énormes potentiels en énergie renouvelables" au niveau local et régional, qui sont pour lui "la base des énergies renouvelables".

Parallèlement à l’exploitation des potentiels locaux, quatre projets de grande envergure sont prévus au niveau européen. La mise en place d’énormes installations d’éoliennes dans la mer du Nord, l’installation de parcs photovoltaïques en Méditerranée, la construction d’installations de biogaz en Europe de l’Est et le développement d’une plateforme pour le développement de voiture électriques sont autant de projets qui permettront à l’Europe de s’assurer son indépendance énergétique. "Les installations 'offshore' dans la mer du Nord auront des capacités équivalentes à 50 ou 60 installations traditionnelles (nucléaires ou au charbon, n.d.l.r.)", a expliqué Claude Turmes.

Selon Claude Turmes, la nouvelle directive permettra de donner un coup d’envoi au secteur des énergies renouvelables. "En 2020, les énergies renouvelables occuperont déjà la première place sur le marché de l’électricité", a-t-il affirmé. D’après lui, l’essor des énergies renouvelables aura également un impact positif sur l’économie européenne : le secteur de l’éolienne pourrait ainsi dépasser le secteur de l’automobile comme client de la sidérurgie.

Les contributions du rapport Turmes et du Parlement européen

Dans son rapport, Claude Turmes propose plusieurs amendements à la directive. Première critique du député : le paquet de la Commission européenne prévoit uniquement un objectif final pour 2020. Claude Turmes par contre exige que des objectifs intermédiaires soient introduits, pour assurer l’engagement des Etats membres dès le début. "Si nous n’introduisons pas d’objectifs intermédiaires, nous courons le risque que les gouvernements nationaux remettent l’affaire aux calendes grecques", a souligné le député vert, qui propose également d’introduire un mécanisme de pénalités financières pour les Etats membres qui ne respecteraient pas leurs engagements.

Plus loin, Claude Turmes rejette dans son rapport la proposition de la Commission européenne à introduire une instance européenne de subventionnement pour les énergies renouvelables. "Mettre en place une telle instance détruirait les systèmes nationaux de subventionnement", a expliqué Claude Turmes, en ajoutant : "De plus, cela entraînerait des spéculations à la bourse".

Claude Turmes voit également d’un mauvais œil la proposition de la Commission qui prévoit d’augmenter d’ici à 2020 la part des biocarburants de 10 %. Dans son rapport, il propose de réduire cet objectif à 5 % pour une première période et de suivre l’évolution des biocarburants et leur impact sur la situation nutritionnelle de certains pays producteurs. Claude Turmes veut également introduire des critères de durabilité pour la production des biocarburants. Mais le député a avoué que "trouver un compromis au Parlement européen reste difficile, car la grande majorité des députés veut maintenir l’objectif des 10 %". Turmes propose en contrepartie d’investir de manière plus systématique dans les véhicules électriques.

Quelle stratégie pour le Luxembourg ?

Finalement, Claude Turmes a fait le point sur la stratégie que devrait à ses yeux adopter le Luxembourg pour atteindre ses engagements, une stratégie qu’il qualifie de "double": d’un côté, le Grand-Duché devrait exploiter ses potentiels régionaux, et de l’autre côté, il pourra compléter son approvisionnement en énergies renouvelables, en rachetant par exemple de l’électricité verte via ses voisins du Benelux. "Le Luxembourg est le numéro un en Europe en matière de gaspillage d’énergies, et il est le dernier dans la promotion des énergies renouvelables", a critiqué le député vert.

Au niveau national, la première chose qui s’impose selon le député européen est une politique conséquente en matière d’efficacité énergétique, la réduction du tourisme à la pompe et le développement systématique d’initiatives innovatrices, comme par exemple le concept énergétique de la commune de Beckerich.

D’un autre côté, Turmes a reconnu que le Luxembourg devra faire recours aux mécanismes de flexibilité pour atteindre ses objectifs. Il a insisté sur le fait que le Luxembourg devra développer une stratégie d’investissement cohérente. "Aujourd’hui, des millions d’euros sont investis à droite et à gauche dans le cadre du commerce des certificats, sans véritable stratégie", a-t-il déploré. Il a proposé que le Luxembourg pourrait, à travers une coopération renforcée avec la Belgique et les Pays-Bas, participer au "boom de l’énergie éolienne", d’après la devise "Green Benelux". De nouveaux câbles performants relieront bientôt les centrales hydroélectriques norvégiennes et suédoises avec les Pays-Bas, ce qui permettra au Luxembourg d’accéder plus facilement à ses grands réservoirs d’électricité propre.