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Environnement
Lucien Lux commente les négociations autour le paquet climat/énergie: pour des objectifs ambitieux, mais contre des ambitieux irréalistes
20-10-2008


Lucien LuxLe 20 octobre 2008, les ministres européens de l'Environnement se sont réunis à Luxembourg pour continuer les négociations autour du paquet climat/énergie de la Commission européenne. Les 15 et 16 octobre, le Conseil européen avait conclu qu'un accord politique devrait être trouvé avant la fin de l'année 2008. En décembre 2008, se tiendra également la conférence de Poznán en Pologne, qui sonnera l'avènement de la deuxième phase du protocole de Kyoto. Entre deux réunions, Lucien Lux, le ministre de l'Environnement luxembourgeois, a commenté, devant la presse, les négociations, qu'il a qualifiées de "difficiles". De manière globale, Lucien Lux a réitéré son soutien aux objectifs de la Commission, tout en insistant sur la nécessité de prévenir la délocalisation des entreprises européennes et la nécessité d’introduire plus de flexibilité.

Malgré les négociations difficiles, Lucien Lux a montré un certain optimisme. "Il y a un message clair", a-t-il indiqué “La crise bancaire et le danger d'une récession qui plane sur certains Etats membres, ne seront pas utilisés comme prétexte pour remettre en question les objectifs de lutte contre le changement climatique”. Pour Lux, cette décision est essentielle, “car le climat ne connaît pas de crise bancaire”.

Les ministres de l’Environnment craignent les délocalisations de leurs entreprises

Trois soucis principaux ont été partagés par l'ensemble des ministres europeéns. La première et la plus importante a concerné le risque de délocalisation de certaines industries lourdes. Le paquet climat/énergie de la Commission prévoit en effet que dès 2013, tous les secteurs industriels devront acquérir leur droit d’émettre du CO2 en achetant des quotas aux enchères. Pour l'instant, le paquet prévoit qu'à partir de 2013, les entreprises industrielles devront acheter 20 % de leurs quotas, avec une augmentation progressive jusqu'en 2020. "Beaucoup d'industries seront obligées de débourser encore davantage qu'aujourd'hui", a expliqué Lucien Lux. Ces industries risquent alors de délocaliser leurs activités dans des pays où de telles contraintes n'existent pas (encore). Au Luxembourg, ce sont surtout les industries de l'acier et du ciment qui sont concernées.

Lucien Lux a vivement appelé à la prudence sur ce sujet sensible. Selon lui, il faudra attendre la signature d'un accord international avant de prendre une décision. Par un tel accord, toutes les activités industrielles mondiales seraient soumises aux mêmes conditions. Il pourrait être négocié à Copenhague fin 2009. Le seul secteur où l'ensemble des ministres, sauf la Pologne, a concédé que les quotas devront être achetées à 100 %, c'est celui des industries productries d'énergie. "Dans ce secteur, il n'y a pas de risque de délocalisation", a avancé le ministre.

L'affectation des recettes récoltées par la vente aux enchères des émissions de gaz à effet de serre fut un autre souci soulevé par les ministres. Il y a là de fortes divergences entre les Etats membres. Certains aimeraient intégrer ces recettes dans leur budget régulier. D'autres, dont le Luxembourg, plaident pour l'intégration de cet argent dans des fonds nationaux spécifiques. Le Luxembourg a prévu d'intégrer ces recettes dans son fonds de Kyoto, afin d’accroître la visibilité auprès des citoyens.

Un troisième différend entre les ministres européens a concerné l'année de référence pour les efforts de réduction qui devront être accomplis jusqu’en 2020. Le paquet de la Commission a retenu l’année 2005. Les pays de l’Est réclament que pour eux, 1990 devrait être l’année de référence, étant donné qu’ils auraient fait des « réductions historiques ». Selon Lux, ce point serait pourtant moins disputé que les deux autres. " Je doute que les fermetures de ces industries consommatrices en CO2 se soit fait avec des arrière-pensées écologiques", a-t-il mis en avant.

Lucien Lux exige plus de flexibilité pour le Luxembourg

Lucien Lux a ensuite détaillé les revendications plus particulières du Luxembourg. "Le Luxembourg était, est et restera en faveur du paquet de la Commission. Il ne peut y avoir un remake de 1997. Je ferai tout pour que le Luxembourg aura un objectif ambitieux, mais réaliste", a martelé le ministre. A ses yeux, il faudra éviter de "faire la même erreur que lors du protocole de Kyoto". L’objectif de ce dernier, qui consistait à réduire de 28 % les émissions de CO2 par rapport à 1995, avait été trop ambitieux. Dans ce contexte, le ministre luxembourgeois a mis en avant les efforts que le Grand-Duché a réalisés au cours des dernières années. Des efforts qui ont enfin été récompensés. "En 2007, nous avons eu, pour la première fois depuis très longtemps, un tassement et même une légère baisse de nos émissions de CO2. C’est une vraie lueur d’espoir pour nous", s’est-il réjoui.

Le Luxembourg exige avant tout plus de flexibilité dans la manière dont il entend atteindre ses objectifs nationaux. Pour Lucien Lux "la moité des réductions doivent venir d’efforts réalisés au Luxembourg, mais la moitié doit pouvoir venir des mécanismes de flexibilité". Lux, comme d’autres ministres européens, exigent ainsi que le mécanisme de flexibilité soit augmenté de 3 % à 6 %. Le ministre a pourtant pu observer une avancée sur ce point. “Nous avons pu constater aujourd'hui que le principe de flexibilité à l'intérieur de l'Union a reçu un accueil en général positif”, s'est-il félicité.

Lucien Lux s’est pourtant montré optimiste quant à l’évolution des négociations. Pour lui, un accord pourrait être trouvé d’ici décembre. A présent, seul l’Italie ne s’est pas montré d’accord avec cette échéance. "Mais la Présidence française devra encore travailler durement", a reconnu le ministre.