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Elections européennes
Le CSV a présenté son projet de programme et sa liste pour les élections européennes avec Viviane Reding en tête de liste
Jean-Claude Juncker a critiqué un PPE qui s’est éloigné des "vraies valeurs démocrates-chrétiennes "
25-01-2009


Les candidats CSV aux élections européennesLe CSV avait appelé le 25 janvier 2009 à un congrès européen à Moutfort au cours duquel il a présenté son projet de manifeste et sa liste pour les élections européennes. Le CSV, qui se place, selon ses dirigeants dans une tradition chrétienne démocrate, sociale et européenne, s’engage dans ce programme qui porte le titre "Zesumme wuessen" (Croître ensemble) pour une Europe forte, solidaire, avec une forte dimension sociale, une Europe des innovations et proches des citoyens. Sa liste de candidats pour le Parlement européen, qui sera conduite par l’actuelle commissaire européenne Viviane Reding (57 ans), est par ailleurs composée de Georges Bach (54 ans), cheminot et président du syndicat des transports Syprolux, Frank Engel (34 ans), secrétaire du groupe parlementaire CSV à la Chambre des députés, Astrid Lulling (79 ans), députée européenne, Tania Matias (29 ans), secrétaire syndicale, et Roger Weber (57 ans), vigneron et bourgmestre de Schengen.

Marco Schank : Une liste européenne séparée et un programme européen débattu en ligne

Le secrétaire général du CSV, Marco Schank, a d’emblée signalé que, 30 ans après la première élection du Parlement européen au suffrage universel, et alors que 27 pays s’apprêtent à élire ensemble la nouvelle assemblée de Strasbourg, le CSV, qui "a été toujours en première ligne pour faire avancer la construction européenne", s’apprête à prendre de nouveaux chemins tant pour ce qui est du programme que pour ce qui est de la constitution de la liste. D’un côté, la nouvelle loi électorale ne prévoit plus que 6 candidats (au lieu de 12) par liste pour les 6 postes qui échoient au PE à des députés élus au Luxembourg. De l’autre côté, le CSV a opté pour des listes séparées nationales et européenne et donc mis fin à la pratique des doubles candidatures. Finalement, le programme européen, présenté à Moutfort, sera mis en ligne le lundi 26 janvier 2009 sur le site du CSV, ce qui permettra aux membres du parti, mais aussi, comme l’a plus tard relevé François Biltgen comme président du CSV, aux citoyens et électeurs d’envoyer leurs contributions qui pourront être reprises lors d’un vote définitif sur ce programme.

François Biltgen : Une liste basée sur les compétences européennes des candidats

François Biltgen a souligné dans son intervention que le CSV avait pris le chemin des listes séparées bien avant que les autres partis – sauf les Verts – s’y soient décidés. Faisant allusion à la polémique suscitée par les déclarations de la tête de liste Viviane Reding qu’elle était intéressée à continuer son travail de commissaire européenne, il a déclaré que "la tête de liste CSV aux élections européennes a toujours été le candidat CSV au poste de commissaire européen", mais que rien n’était décidé avant la fin du scrutin que d’autres partis pourraient aussi gagner.

Continuant ces réflexions, Biltgen a déclaré qu’avant, la liste européenne était composée de personnalités dont on était sûr qu’elles allaient drainer beaucoup de voix et d’autres qui étaient en fin de carrière. La conviction l’a emporté que la politique européenne n’est plus forcément pour les hommes et femmes politiques en fin de carrière et que politique nationale et européenne devaient être menées de manière parallèle et avec les mêmes exigences. D’où le choix d’une équipe "compétente en matière de politique européenne". Car pour Biltgen, "si quelqu’un a des compétences spécialisées pour certains grands sujets importants, cela lui permettra de jouer un rôle au PE". La liste du CSV, qui est pour le président des chrétiens-sociaux une liste nationale qui n’est pas la somme des circonscriptions, est donc basée sur les compétences des six candidats, et si certains d’entre eux manquent encore de notoriété, c’est la responsabilité du parti de tout faire pour l’augmenter.

Viviane Reding : les grands points du programme

Viviane Reding a, dans son allocution, résumé le programme que le CSV veut se donner pour les élections européennes. Elle a plaidé pour une Europe forte qui, "géant économique mais toujours nain politique", devra parler d’une seule voix grâce à la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Vingt ans après la chute du mur de Berlin et "la réconciliation de l’Europe avec elle-même", l’Europe des 27, avec un Parlement européen devenu plus important et un Conseil qui prennent de concert des décisions dans l’intérêt des citoyens européens, des questions comme le changement climatique, l’énergie, la sécurité des citoyens face à la crise et face au crime exigent des solutions à 27.

"L’Union européenne est plus qu’une zone de libre échange," a lancé Reding, "elle est notre patrie que nous partageons avec d’autres et dans laquelle nous participons aux décisions. Nous engageons pour l’économie sociale de marché et ne pensons pas que l’ultralibéralisme soit la panacée." Reding s’est exprimée pour que la clause sociale dans le traité de Lisbonne soit le plus rapidement possible mis en œuvre, que dans chaque Etat membre, l’on établisse un salaire minimum déterminé en relation avec son PIB, que la sécurité économique et sociale aient leur place dans le grand marché intérieur, que l’égalité des droits et la dignité soient garanties aux citoyens, que l’on investisse plus dans les grandes infrastructures, les autoroutes de l’information et la R&D et que l’Europe s’épanouisse dans sa diversité culturelle.

Jean-Claude Juncker pour un retour du PPE vers les valeurs démocrates-chrétiennes

Le dernier à prendre la parole fut Jean-Claude Juncker, pour qui "l’Europe n’est pas une chose secondaire". Dans laJean-Claude Juncker première partie de son intervention il déclara qu’il n’était "pas heureux de la voie qu’à pris le PPE (Parti populaire européen, auquel les trois députés européens du CSV sont affiliés et dont le CSV est un des partis fondateurs, n.d.l.r.) ces derniers temps". Il a regretté que le PPE se soit éloigné des principes politiques et sociaux  traditionnels de la démocratie chrétienne et ait surtout tendance à accepter dans ses rangs ceux qui ne sont pas socialistes. Il a reproché à son président, Wilfried Martens d’ouvrir trop grand les portes du PPE. Souvent, a-t-il souligné, le PPE a préféré pratiquer une politique cédant aux lobbys plutôt que de pratiquer une politique sociale, ce qui a conduit les trois députés européens du CSV à ne pas voter comme le PPE. D’où l’engagement de Juncker pour que le PPE redevienne un vrai parti démocrate-chrétien, "non pas par romanticisme ouvriériste, mais parce qu’il faut accorder une vraie place dans la politique à ceux qui travaillent"..

Reprenant les thèmes du socle minimum de standards sociaux et des limites qui doivent être posées à la libéralisation et à la dérégulation – sujets qu’il avait développés la veille à Dortmund devant le congrès européen des Verts allemands - Juncker a rappelé à ses auditeurs que cela entraînera forcément des changements au Luxembourg, tout comme l’engagement du pays pour une Union européenne qui joue un rôle plus important dans le monde. Partisan d’une diplomatie européenne "douce" qui contraigne les parties des conflits dans le monde à s’asseoir autour d’une table de négociations pour se parler, mais opposé au "spectacle ridicule" d’une diplomatie de 11 ministres européens des Affaires étrangères et 3 Premiers ministres ou présidents européens qui se marchent sur les pieds au Proche Orient, Juncker a plaidé pour des stratégies "plus sérieuses".

Juncker s’est également élevé contre ceux qui, sous le prétexte qu’il faut d’abord lutter contre la pauvreté dans son propre pays, s’opposent à la politique de développement, alors que pour lui, il est indispensable que l’Europe lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde et s’engage pour un ordre mondial plus juste. Pour Juncker, la politique de développement "est la condition même du leadership européen".

Finalement, le Premier ministre s’en est pris à ceux qui boudent les débats sur l’Europe et à ceux qui prônaient avant 1989 l’union de l’Europe après la chute des communistes et qui, maintenant que cette Europe est là et se transforme à une vitesse vertigineuse, mais de manière encore très inégale et en soumettant les populations à un stress considérable, restent hostiles à l’élargissement. "Sans l’Union européenne, quels conflits aurions nous eus ! Sans l’euro, quel chaos financier aurions nous eu !" Signalant que dans les sondages, les Luxembourgeois restaient largement hostiles à l’élargissement, Juncker a concédé que le rythme effréné de l’élargissement avait déjà été ralenti et que les négociations en cours se déroulaient de manière plus réfléchie et circonspecte. Sans que soit pourtant perdu de vue ce qui lui semble l’essentiel : une Union européenne plus juste dans un monde plus juste.