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Agriculture, Viticulture et Développement rural
Marché du lait : la Commission européenne a proposé quelques mesures techniques de soutien lors du Conseil Agriculture
Malgré les revendications des producteurs de lait de nombreux pays qui la rendent responsable de la baisse des prix, l’augmentation des quotas n’a pas été remise en question
25-05-2009


Fernand Boden et Michel BarnierLa question du marché des produits laitiers a fait l’objet d’une attention toute particulière lors du Conseil Agriculture qui s’est tenu à Bruxelles le 25 mai 2009. La situation des producteurs laitiers se détériore en effet et les syndicats n’ont de cesse d’attirer l’attention sur la baisse des prix qui les affecte de façon catastrophique.

Au Luxembourg, la Bauerenallianz annonce que les producteurs de lait ne produiront plus de lait en deçà du seuil de 25 cents par litre

En marge de ce Conseil, la Bauerenallianz avait annoncé que les producteurs de lait luxembourgeois ne pourraient plus produire si les prix du lait continuaient à évoluer à la baisse et s’ils franchissaient le seuil de 25 cents par litre. En parallèle, ils ont revendiqué la mise en place de mécanismes pour aider les agriculteurs à contrer la crise.

Camille Schroeder, président de la Bauerenallianz, a expliqué dans ce contexte que les prix du lait n’ont cessé de chuter ces derniers mois et se trouvent actuellement en-dessous du niveau d’il y a deux ans : "La tendance actuelle à la baisse avec 27 à 28 cents par litre signifie (…) qu’une exploitation agricole moyenne qui produit 20 000 litres de lait par mois, a un déficit de 2 000 euros à la fin de chaque mois". La Bauerenallianz a donc proposé de créer une plate-forme de dialogue entre agriculteurs, politique et commerce pour résoudre le problème des prix.

La position allemande, autrichienne et française soutenue par le Luxembourg et 13 autres délégations

A l’initiative allemande, autrichienne et française, une note a été présentée au Conseil avec le soutien de 14 autres délégations – y compris luxembourgeoise. Ce document en six points, qui visait à prendre des mesures de soutien en réponse à la détérioration du marché, préconisait :

1. la continuation des interventions publiques jusqu’à la fin du mois d’août, quand théoriquement, la production laitière européenne devrait baisser, ceci afin d’éviter des baisses de prix, et leur prolongement éventuel, si nécessaire au-delà du 31 août ;

2. le recours aux soutiens à l’exportation tout en évitant les risques de dumping et de distorsion, notamment des marchés des pays en voie de développement ;

3. les aides au lait écrémé en poudre destiné à l’alimentation animale devraient être relancées ;

4. les aides à la consommation de lait dans les écoles devraient être augmentées et simplifiées ;

5. les règles de protection des dénominations de produits laitiers devraient être mieux respectées afin d’éviter de décevoir les consommateurs et de créer des distorsions de marché ;

6. le rapport de la Commission européenne prévu pour 2010 sur les tendances du marché du lait et les conditions dans lesquelles s’effectuerait l’abolition graduelle des quotas devrait être soumis au Conseil le plus rapidement possible.

Les propositions de la Commission européenne

Après avoir rappelé les mesures de soutien déjà engagées ces derniers mois, la commissaire européenne en charge de l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, a annoncé la possibilité d’avancer le paiement de 70 % des aides directes à la production pour 2010 dès le 16 octobre 2009 afin que les producteurs de lait puissent faire face à leurs difficultés de trésorerie.

La Commission européenne s’est dite par ailleurs prête à prolonger au-delà du 15 août le versement des aides au stockage du beurre par les exploitants n'arrivant pas à l'écouler. Elle envisage aussi de prolonger la période d'achats européens de produits laitiers à tarifs planchers au-delà du 31 août et elle propose par ailleurs d’étendre son programme Lait aux écoles à d’autres produits laitiers.

Enfin promesse a été faite par la Commission de présenter au Conseil des rapports trimestriels sur la situation du marché du lait à compter de juin.

La position de Fernand Boden

Fernand Boden, ministre luxembourgeois de l'Agriculture, a précisé que les mesures d’intervention publiques ont déjà coûté jusqu’à 650 millions d’euros en 2009 et s’est félicité que l’on ait préservé cet instrument de lutte contre la baisse des prix.

En ce qui concerne le rapport de la Commission, il a estimé que si celui-ci devait constater des déséquilibres sur le marché, il faudrait prendre des mesures adéquates, comme par exemple celle de ne plus augmenter les quotas.

Le ministre a d’autre part évoqué le déséquilibre entre les producteurs de lait et leurs coopératives d’un côté, et les multinationales de l’industrie alimentaire et de la grande distribution de l’autre, comme l’une des sources de la baisse du prix du lait, une baisse qui par ailleurs ne se ressentait pas dans les rayons des supermarchés.

Pour lui, le Conseil européen devrait se saisir de la question et la Commission devrait faire des propositions qui permettent un meilleur contrôle du marché laitier et qui montreraient qui abuse du marché.

Mariann Fischer Boel refuse de toucher aux quotas

Ces concessions techniques restent toutefois très éloignées de la remise à plat du modèle de gestion du secteur laitier de l'UE réclamée par de nombreuses parties en Europe afin de faire remonter les prix.

Ainsi, si nombreux sont, comme le European Milk Board, convaincus que les hausses de quotas sont une des raisons de la surproduction actuelle et de la chute des prix, la Commission, soutenue par des pays comme l'Espagne ou l'Italie, refuse de revenir en arrière. "Ce ne sont pas les augmentations de quotas qui sont à l'origine de la situation difficile que nous connaissons", mais la baisse de la demande mondiale avec la crise, a argumenté Mariann Fischer Boel.