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Environnement
déi gréng espèrent que "Copenhagen" sera un "HOPEnhagen"
Pour marquer l’impact du changement climatique sur les générations futures, trois membres de déi jonk gréng vont participer à la conférence de Copenhague
30-11-2009


Paul Ruppert, Henri Kox, Camille Gira, Claude Turmes, Nuria Garcia et Philippe SchockweilerLe 30 novembre 2009, une semaine avant la conférence de Copenhague, déi gréng ont présenté leurs priorités relatives à la lutte contre le changement climatique. Sur le plan international, ils veulent des objectifs plus ambitieux, et notamment que l’UE réduise ses émissions de CO2 d’au moins 40 % d’ici 2020. Sur le plan national, déi gréng ont surtout regretté que le Luxembourg n’ait pas atteint ses objectifs fixés dans le cadre du protocole de Kyoto et qu’il n’y ait toujours pas eu de changement des mentalités dans la politique. Pour marquer l’impact des décisions prises à Copenhague sur l’avenir de la planète, et surtout sur les générations futures, trois membres des jonk gréng vont se rendre dans la capitale danoise pour y participer à la conférence.

Les décisions prises à Copenhague concernent avant tout les jeunes

Nuria Garcia, de déi jonk gréng, a tenu à souligner qu’elle va participer à la conférence de Copenhague pour montrer que les décisions qui y seront prises concernent avant tout les jeunes. "Nous voulons donc que les représentants des gouvernements assument leurs responsabilités" parce que "l’avenir de la planète est en jeu". Elle pense que le développement économique est compatible avec la lutte contre le changement climatique, mais que la crise économique ne doit pas servir de prétexte pour négliger le changement climatique. Pour Nuria Garcia, qui pense qu’il faut investir dans une économie durable pour créer de nouveaux emplois, plus on attend, plus les conséquences coûteront cher.

Réductions des émissions dans les pays industrialisés

Le député européen Claude Turmes a souligné dans le contexte des réductions des émissions dans les pays industrialisés, que "selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), pour que le réchauffement climatique ne dépasse pas le seuil critique de 2 °C par rapport aux niveaux pré-industriels, les pays industrialisés doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 25 % à 40 % d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990, et de 80 % à 95 % d’ici 2050."

Or, l’Union européenne s’étant fixé, en mars 2007, pour objectif de réduire ses émissions de CO2 de 20 % jusqu’en 2020, Claude Turmes juge ces objectifs insuffisants pour maintenir le réchauffement en-dessous du niveau dangereux des 2 °C. Déi gréng pensent donc que l’UE doit réduire ses émissions d’au moins 40 % d’ici 2020 et que ces réductions doivent être domestiques.

Selon eux, la réduction des émissions de CO2 dans les pays industrialisés ne doit pas se faire via des mécanismes de compensation carbone, qui permettent à ces derniers de substituer aux efforts domestiques des effort d’investissement, moins coûteux, à l’étranger et en particulier dans les pays en voie de développement.

Réductions des émissions dans les pays en voie de développement et financement

Claude Turmes et Nuria GarciaConcernant le financement des réductions des émissions dans les pays en voie de développement, Claude Turmes a qualifié les propositions de l’UE de "trop hésitantes". "Il existe de nombreuses estimations concernant le montant financier nécessaire chaque année pour l’atténuation et l’adaptation dans les pays en voie de développement. Un récent rapport de l’ONU a cité le chiffre de 350 milliards de dollars par an d’ici 2020. La Commission européenne estime quant à elle que le montant nécessaire s’élève entre 66 et 80 milliards d’euros par an, dont 22 à 50 milliards d’euros devraient provenir de fonds publics des pays industrialisés et de quelques pays en développement", a-t-il expliqué. Déi gréng estiment que les pays industrialisés devraient mobiliser chaque année 120 milliards d’euros de fonds publics d’ici 2020.

Le minimum absolu pour déi gréng est par ailleurs que tout financement de l’adaptation soit supplémentaire, c’est à dire ne se substitue pas aux engagements d’Aide Publique au Développement (APD) des pays industrialisés

Selon Claude Turmes, la part équitable de l’UE dans cet effort de financement s’élève à 35 milliards d’euros par an d’ici 2020. Ces fonds pourraient, pour l’eurodéputé, par exemple "être issus du revenu généré par la vente aux industriels européens des quotas d’émission du marché carbone européen ou de l’instauration d’une taxe sur les transactions financières".

Un accord contraignant

Afin d’être réellement contraignant, l’accord doit inclure pour déi gréng un mécanisme de contrôle crédible. Cela est vrai pour les objectifs de réduction des émissions mais aussi pour le soutien que les pays industrialisés doivent apporter aux pays en développement. Selon déi gréng, le mécanisme de contrôle du Protocole de Kyoto est le minimum acceptable, mais devrait idéalement être renforcé par des pénalités financières en cas de non-respect des engagements.

Instruments de flexibilité, compensation et transfert de technologies

Les instruments de flexibilité mis en place par le Protocole de Kyoto (le mécanisme pour un développement propre et la mise en œuvre conjointe - MDP/MOC) avaient pour objectif d’aider les pays industrialisés à atteindre leurs objectifs d’émissions en investissant dans des projets de réduction des émissions dans d’autres pays, et en particulier dans les pays en développement. Si certains de ces projets ont été bénéfiques, déi gréng pensent qu’"il est clair que ce système de compensation carbone dans son ensemble a connu des problèmes, concernant notamment la vérification et l’additionalité des projets, c’est-à-dire le fait de savoir si oui ou non les projets auraient eu lieu sans l’aide du système. Si ces instruments de flexibilité perdurent, il sera nécessaire de résoudre ces problèmes. Un système beaucoup plus efficace pour contrôler les projets et leur additionnalité est essentiel."

Déi gréng estiment également que les projets basés sur le mécanisme pour un développement propre ne devraient être mis en œuvre que dans les pays les moins développés. Une autre exigence minimale inclut la garantie que des technologies dangereuses ou qui n’ont pas encore fait leurs preuves ne soient pas considérées comme éligibles à ces mécanismes. Cela signifie que l’énergie nucléaire ne doit en aucun cas être incluse (en raison des inquiétudes en matière de sécurité et de santé). Le captage et le stockage de carbone, technologie qui n’a pas encore fait ses preuves et qui est potentiellement dangereuse, doit aussi être exclue. Pour déi gréng, d’autres projets qui ne sont pas durables ou ont des impacts négatifs sur l’environnement – comme les centrales de production d’hydroélectricité à grande échelle – doivent aussi être exclus. Ils estiment également que la réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts, ainsi que de la dégradation des sols, ne devrait pas être incluse dans ces mécanismes de flexibilité.

Lutte contre le changement climatique au niveau national

Camille Gira et Claude TurmesPour ce qui est du volet national de la lutte contre le changement climatique, le député Camille Gira pense que la conférence de Copenhague a dès à présent un atout, à savoir celui qu’elle met en lumière la vérité. "Le Luxembourg, à côté de l’Autriche, est le pays européen qui n’a pas fait ses devoirs et dont les résultats sont misérables. Nous devrions tous avoir honte", a souligné le bourgmestre de la commune de Beckerich en ajoutant qu’"au lieu de diminuer de 28 % comme prévu par le protocole de Kyoto, nos émissions ont augmenté de 30 %".

Camille Gira regrette que le monde politique n’ait toujours pas rompu avec les idées reçues, ce qu’il a notamment constaté au cours du hearing public et du débat d’orientation sur le changement climatique à la Chambre des députés. Concernant le rejet d’une motion de déi gréng, Camille Gira a rappelé que "la Chambre des députés à refusé d’inviter le gouvernement" à adopter une position qui consiste à "établir sur base scientifique un budget global terrestre pour les émissions des gaz à effet de serre jusque 2050 et d'établir par la suite une stratégie de transition qui vise à répartir ces émissions équitablement par tête d'habitant de la planète".

Par ailleurs, Camille Gira a souligné que déi gréng ont plaidé dans leur motion pour "l’élimination des projets ‘puits’ (absorption des gaz à effet de serre par la reforestation par exemple) des ‘mécanismes de développement propre CDM’, ainsi que pour un monitoring des projets CDM par une organisation neutre".

La motion a aussi porté sur la mise en place d’une table-ronde sur le changement climatique (sur l’exemple français du "Grenelle de l’Environnement"), ainsi que sur l’élaboration d’un plan d’action en étroite collaboration avec les responsables du niveau communal. Dans ce contexte, Camille Gira pense que le gouvernement doit commencer à considérer les communes luxembourgeoises comme des partenaires essentiels pour la mise en œuvre de ce plan d’action. C’est dans ce cadre qu’il a critiqué le ministère de l’Intérieur qui "n’aide pas les communes dans la lutte contre le changement climatique, mais leur met plutôt des bâtons dans les roues".

Déi gréng ont également regretté que l’idée de créer un institut luxembourgeois du climat, dont l’objectif serait de développer des stratégies concrètes et des plans d’action pour lutter contre le réchauffement climatique, ainsi que de faire une évaluation régulière de la situation au Luxembourg, n’ait pas été retenue par le gouvernement. Pour Camille Gira, le CSV et le LSAP n’ont pas compris que "le changement climatique ne se laisse pas négocier" et que "le Luxembourg ne peut pas se soustraire aux règles". Enfin, le député vert a expliqué que, pour lui, la lPhilippe Schockweilerutte contre le changement climatique fait partie de la politique financière et qu’il ne comprend donc pas pourquoi le ministre des Finances n’était pas présent lors du hearing public et du débat d’orientation sur le changement climatique à la Chambre des députés.

Nous espérons que "Copenhagen" sera un "HOPEnhagen"

Philippe Schockweiler de déi jonk gréng, qui va participer à la conférence de Copenhague avec Nuria Garcia et Jan Guth, a souligné que Copenhague ne peut pas échouer, parce que les enjeux sont trop grands. Et de conclure : "Nous espérons que 'Copenhagen' sera un 'HOPEnhagen'!"