La Commission européenne a publié une enquête Eurobaromètre qui montre que de nombreux Européens ne comprennent pas ce que l'on entend par biodiversité et se considèrent mal informés au sujet de la perte de biodiversité. La Commission a saisi l’occasion pour lancer une campagne d’information intitulée "Biodiversité: nous sommes tous concernés".
L’enquête Eurobaromètre Flash réalisée en février 2010 montre que la plupart des Européens se considèrent mal informés au sujet de la biodiversité.
La nouvelle enquête "Attitudes envers la biodiversité" révèle en effet que seulement 38 % des Européens – 45 % des sondés au Luxembourg - connaissent la signification de ce terme, tandis que 28 % - 21 % au Luxembourg - en ont entendu parler sans toutefois en connaître le sens. Le Luxembourg est le pays où la proportion de personnes connaissant la signification de ce terme a connu une des plus grands progressions (+ 17 %) entre 2007 et 2010. Mais il n’en reste pas moins que 34 % des sondés, tant dans l’UE qu’au Luxembourg, répondent n’en avoir jamais entendu parler.
À la question de savoir quelles sont les plus importantes menaces pour la biodiversité, 27 % des Européens (et 30 % des sondés au Luxembourg) placent en tête la pollution, et 26 % (tant dans l’UE qu’au Luxembourg) incriminent les catastrophes d'origine humaine. La principale raison invoquée par les citoyens pour expliquer leur inertie face à la perte de biodiversité est leur méconnaissance des mesures à prendre pour y remédier.
La majorité des personnes interrogées croit que la perte de biodiversité est un problème grave même si elles ne pensent pas qu'elles seront personnellement touchées par le phénomène, seules 17 % d’entre elles reconnaissant qu'elles le sont déjà. Au Luxembourg, si la proportion de personnes qui se sentent personnellement touchées par le phénomène (11 %) a diminué de 14 points entre 2007 et 2010, les sondés se montrent plus enclins à s’inquiéter pour l’avenir, que ce soit pour eux-mêmes dans le futur 837 %, + 6) ou pour les générations à venir (42 %, + 8)
Au Luxembourg, la perception du problème de la perte de biodiversité est par ailleurs plus globale et européenne que nationale : si 13 % seulement des sondés jugent la perte de biodiversité comme un problème très grave dans leur pays, ils sont en effet 66 % à la juger comme telle au niveau global.
Pour la quasi-totalité des Européens, stopper la perte de la biodiversité est une obligation morale, un sentiment particulièrement répandu au Luxembourg où il est partagé par 99 % des répondants, mais il s’agit aussi de préserver le bien-être et la qualité de vie.
Quant à savoir quelles mesures prendre, les sondés du Luxembourg ont mentionné le plus souvent (31 %) qu’il fallait fournir une meilleure information aux citoyens sur l’importance de la biodiversité. Au niveau de l’UE, c’est introduire une réglementation plus stricte pour les secteurs économiques qui ont un impact sur la nature qui a semblé la mesure la plus adéquate (30 % tant dans l’UE qu’au Luxembourg). En revanche, alors que dans certains pays comme la Pologne, la Roumanie ou la Lettonie, l’idée d’allouer plus de ressources financières à la protection de la nature en Europe semblait la plus pertinente, elle n’a été donnée que par 8 % des sondés du Grand-Duché.
L’enquête montre par ailleurs que les Européens sont encore peu familiarisés avec le réseau européen Natura 2000. Ils sont en effet encore 78 % dans l’UE et même 85 % au Luxembourg à n’en avoir jamais entendu parler. Seuls 5 % des répondants au Grand-Duché ont répondu savoir de quoi il s’agissait.
La campagne menée à l'échelle de l'Union européenne qui coïncide avec la déclaration par les Nations unies de l'année 2010 comme "Année de la biodiversité" a pour objectif de sensibiliser les citoyens au problème au moyen d'un site Internet, d'un clip vidéo, d'actions de relations publiques, de manifestations d'art urbain et d'articles dans la presse écrite, y compris dans les médias sociaux. L'idée maîtresse de la campagne sera de montrer aux citoyens les véritables conséquences que ces pertes auront dans leur vie quotidienne, avec une priorité accordée aux mesures que les citoyens peuvent prendre pour éviter ces pertes. La campagne s'articulera autour du slogan "Biodiversité : nous sommes tous concernés".
La campagne a pour objectif principal de familiariser les citoyens avec la notion de biodiversité, de leur faire comprendre les conséquences possibles de la perte de biodiversité et de leur montrer qu'ils peuvent contribuer à enrayer le phénomène.
La campagne aura une dimension éducative qui expliquera la valeur de la biodiversité et insistera en particulier sur la notion de services fournis par les écosystèmes et les dangers liés à leur disparition. L'objectif sera de permettre aux citoyens de prendre conscience du rôle qu'ils peuvent jouer pour freiner et éviter cette perte. L'idée selon laquelle tout est lié et interdépendant sera un thème récurrent de la campagne.
La biodiversité mondiale est gravement menacée; les espèces disparaissent à un rythme cent à mille fois plus rapide que leur rythme naturel. Plus d’un tiers des espèces évaluées sont menacées d’extinction et on estime que 60 % des services écosystémiques ont été dégradés au cours des cinquante dernières années. Les activités humaines sont à l’origine de cette situation, du fait des changements d'affectation des sols, de la surexploitation des ressources, de pratiques non durables, de la pollution et de l'introduction d'espèces envahissantes, qui entraînent la destruction, la dégradation et la fragmentation des habitats ainsi que la disparition des espèces qu’ils abritent. Le changement climatique participe également à ce phénomène.
Les ministres de l'environnement de l'UE ont débattu à la mi-mars d'un nouvel objectif en matière de biodiversité et sont convenus de mettre un terme à la perte de biodiversité et à la dégradation des services écosystémiques, et d’assurer leur rétablissement autant que faire se peut d'ici à 2020. Ils ont également défini une vision à long terme selon laquelle, à l'horizon 2050, la biodiversité sera protégée, estimée et rétablie de manière appropriée; ils réclament par ailleurs qu'un certain nombre de politiques et de stratégies de l'UE prennent en compte de manière plus claire des objectifs en matière de biodiversité. Le 26 mars dernier, les conclusions du Conseil ont été entérinées par les chefs d’État et de gouvernement de l’UE.