Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis dans la soirée du 16 novembre 2010 dans un climat de tension particulièrement vif au vu des inquiétudes qui pèsent sur la situation budgétaire de l’Irlande, mais aussi du Portugal et de la Grèce, les trois pays étant soumis à une importante pression des marchés financiers et à des taux d’intérêt particulièrement élevés.
S’ils font part dans une déclaration de leur confiance dans la capacité du gouvernement portugais à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour atteindre l’objectif fixé pour 2011 en matière de déficit, les ministres des Finances font aussi le point, dans une autre déclaration, sur la situation grecque. Saluant les efforts faits et mesures prises au cours des 5-6 derniers mois, les ministres ont noté la validation par Eurostat des données fiscales de 2009 qui a confirmé la révision à la hausse du déficit (15,4 % du PIB) et de la dette publique (126,8 % du PIB) de la Grèce pour 2009. Si le gouvernement grec est invité par ses pairs, dans le cadre des mesures additionnelles en cours de préparation pour 2011, à réduire encore les dépenses et à accélérer les réformes structurelles, les ministres des Finances de la zone euro se disent là aussi "confiants" quant au processus engagé en vue de la consolidation budgétaire de la Grèce.
Dans la déclaration qu’ils ont consacrée à l’Irlande, les ministres des Finances ne manquent pas de saluer longuement les efforts importants faits par ce pays en matière budgétaire et les mesures prises à l’égard de son système bancaire. Pourtant, ils reconnaissent aussi que "les pressions persistent" et ils laissent entendre que "de nouvelles réformes et mesures de stabilisation pourraient être appropriées".
Aussi, les ministres saluent-ils "la détermination du gouvernement irlandais d’engager des consultations avec la Commission, la BCE et le FMI" afin de trouver la meilleure façon d’offrir "tout soutien nécessaire" pour faire face aux risques du marché, "notamment en ce qui concerne le secteur bancaire".
"Nous confirmons que nous mènerons, si nécessaire, une action déterminée et coordonnée pour garantir la stabilité financière de la zone euro et que nous avons les moyens disponibles pour ce faire", assurent enfin les ministres.
Le commissaire en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, a annoncé que les discussions entre les autorités irlandaises, la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international allaient être "intensifiées" en vue de mettre sur pied de manière préventive un programme d'aide aux banques du pays. "Ces préparatifs peuvent être considérés comme l'intensification d'un programme potentiel concentré sur la restructuration du secteur bancaire, au cas où un programme serait nécessaire", a-t-il déclaré à l’issue de la réunion.
Jean-Claude Juncker, qui présidait la réunion de l’Eurogroupe, a précisé que les discussions devront être achevées "rapidement" et que Dublin doit décider "dans les prochains jours" s'il fait appel ou non à l'aide.
Car si le Premier ministre irlandais Brian Cowen soulignait encore au jour de la réunion que son pays n'avait "déposé aucune demande en vue d'une aide extérieure", il a aussi déclaré s'être résolu à accepter d'étudier des mesures pour "ramener la stabilité" sur les marchés.
Le FMI a confirmé de son côté qu'il participerait "à une consultation brève et à l'ordre du jour très précis" afin "de déterminer le meilleur moyen de fournir, si nécessaire, un soutien permettant de contenir les risques sur les marchés".
Klaus Regling, responsable de l’EFSF, le fonds de secours mis en place au printemps, a précisé qu'il serait en mesure de mobiliser "des sommes significatives" d'argent si nécessaire, et cela "rapidement", dans un délai de 5 à 8 jours.
L’Eurogroupe a par ailleurs examiné les propositions législatives de la Commission européenne en vue d’un renforcement de la gouvernance économique dans l’Union européenne et plus particulièrement dans la zone euro.
Enfin, les ministres des Finances de la zone euro ont poursuivi leur examen des déséquilibres macroéconomiques et de compétitivité entre les pays membres de la zone euro. Les cas de l’Allemagne et de l’Italie ont ainsi été examinés.