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Élargissement - Politique étrangère et de défense
Le ministre turc des Affaires européennes, Volkan Bozkir, a présenté la nouvelle stratégie européenne de la Turquie, lors d’une rencontre avec son homologue luxembourgeois Jean Asselborn
21-11-2014


gouv-asselborn-bozkirLe ministre turc des Affaires européennes, Volkan Bozkir,  a présenté la nouvelle stratégie européenne de la Turquie, lors d’une rencontre avec son homologue luxembourgeois Jean Asselborn qui s’est tenue le 21 novembre 2014 à Luxembourg.

Une partie de ce document est une nouvelle "stratégie de communication" qui vise à façonner une "perception juste" de la Turquie auprès du public européen et à mieux informer les Turcs sur l’Union européenne. Volkan Bozkir a constaté que sa visite était "utile" pour s’expliquer et corriger des "perceptions erronées" qui sont dues pour lui à un manque de dialogue et d’écoute. La seule manière d’en sortir serait que l’Union se concentre sur "l’image correcte" de la Turquie, estime le ministre qui a réitéré la volonté de la Turquie de devenir membre de l’Union. Il s’agit de la première visite au Luxembourg du ministre qui fait partie du nouveau gouvernement turc conduit par Ahmet Davutoglu depuis août 2014 et qui a été entre autre représentant permanent de la Turquie auprès de l’UE.

"Renforcer le soutien public" en Turquie en faveur de l'Union

La stratégie de communication cible "les Etats membres qui restent réticents à une adhésion de la Turquie à l’UE et qui influencent ainsi l’opinion publique de l’Union", selon le texte qui fait appel à de "nouveau canaux de communication" entre l’UE et la Turquie. "Il est vital de façonner l’opinion publique sur la sincérité et la détermination de la Turquie envers l’adhésion", peut-on y lire.

De l’autre côté, la stratégie a pour but de "renforcer le soutien public" en Turquie en faveur d’une adhésion et de "consolider la perception que l’Union est un modèle de modernisation et de démocratisation pour la Turquie qui améliore les conditions de vie de nos habitants". Selon Volkan Bozkir, beaucoup de Turcs auraient une mauvaise perception de l’Union. "Ils se disent : Pourquoi devrait-on devenir membre d’une Union en crise et dépenser notre argent durement gagné pour sauver des Etats en difficultés ? Mais c’est faux. Il faut corriger cette image", a insisté le ministre turc.

La stratégie européenne du nouveau gouvernement est structurée en trois parties : le processus de réforme politique, la transformation socio-économique lors du processus de l’adhésion et la stratégie de communication. Elle prévoit en outre l’élaboration d’un "plan d’action national pour l’adhésion à l’UE" qui sera mis en œuvre d’ici 2019. Ce plan est considéré comme une "feuille de route pour le travail d’harmonisation aux normes de l’UE". Le texte souligne que la perspective d’adhésion a représenté une "motivation significative" pour accélérer les réformes politiques.

Le gouvernement luxembourgeois est en faveur de l'ouverture de trois autres chapitres

Volkan Bozkir s’est félicité du fait que le Luxembourg présidera le Conseil de l’UE en 2015, tout en soulignant que la Turquie "fait confiance au Luxembourg et en dépend pour avancer" sur le chemin de l’adhésion à l’Union.

Quant à ce processus, Jean Asselborn a déclaré que le gouvernement luxembourgeois est en faveur de l’ouverture des chapitres consacrés à l'Etat de droit (chapitre 23) et aux droits fondamentaux (chapitre 24) "dans les prochains mois". La Commission européenne avait recommandé l’ouverture de ces chapitres dans un rapport annuel en octobre 2014. Pour le ministre, qui a souligné l’importance du contact personnel et des échanges de vues, la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE en 2015 sera l’occasion "de s’engager" à associer "plus que dans le passé" la Turquie aux discussions des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise s’est également exprimé en faveur d’une ouverture du chapitre 17 (politique économique et monétaire), en soulignant que ce chapitre avait été bloqué par l’ancien président français Nicolas Sarkozy, mais que la résistance française est aujourd’hui "moins agressive".

Avec la Turquie, qui compte 80 millions d’habitants, l’Union serait "plus forte stratégiquement" que sans la Turquie, estime le ministre qui a soutenu à maintes reprises l’aspiration de la Turquie à devenir membre de l’Union, comme en avril 2013 lors de la visite de l’ancien ministre turc aux Affaires européennes, Egemen Bagis. "J’ai su en 2005 qu’on n’allait pas aboutir dix ans après", a avoué Jean Asselborn, disant espérer que la question serait "plus claire" en 2020.

Le Luxembourg veut renforcer le commerce extérieur avec la Turquie

Il a pourtant souligné l’importance des valeurs européennes pour le peuple turc, en référence au blocage des médias sociaux comme Youtube et Twitter par les autorités turques en mars 2014. "La transparence et l’ouverture de tous les canaux de communication est très importante, notamment pour la jeune génération», a-t-il souligné.

Quant à Chypre, Jean Asselborn a déclaré qu’il n’était ni dans l’intérêt de l’Union ni de la Turquie que ce conflit reste gelé en 2015 et au-delà. "C’est dans l’intérêt de la Turquie d’avoir une solution politique", a-t-il estimé.

Il a annoncé vouloir renforcer le commerce bilatéral avec la Turquie qui "pourrait être meilleur". Selon le Statec, le Luxembourg a exporté des marchandises pour un montant de 97 millions d’euros en 2013 et importé des marchandises d’une valeur de 29 millions d’euros. Dans ce contexte, il a annoncé qu’une délégation du ministère de l’Economie se rendra à Ankara au début de l’année 2015. Le ministre a également salué le "succès" de la liaison aérienne entre Luxembourg – Istanbul.