Principaux portails publics  |     | 

Traités et Affaires institutionnelles
Les députés luxembourgeois se prononcent sur le "Non" irlandais suite au référendum sur le traité de Lisbonne
13-06-2008


Après le rejet du traité de Lisbonne par les électeurs irlandais, plusieurs parlementaires luxembourgeois ont livré leur vision de l’évènement. Pour Ben Fayot, Charles Goerens ou Lydie Polfer, le "Non" irlandais constitue un pas en arrière pour l’ensemble de l’Union européenne. Fayot et Goerens ont toutefois considéré que le processus de ratification doit absolument être poursuivi dans les autres Etats membres. Aux yeux de Ben Fayot, le traité de Lisbonne devrait même entrer en vigueur début janvier 2009, sans l’Irlande "si nécessaire". Lydie Polfer s’est interrogée comment un pays comme l’Irlande, qui a tant profité de son adhésion à l’Union européenne, a pu rejeter un traité qui vise à améliorer son fonctionnement. Pour Felix Braz des Verts, le "Non" irlandais ne doit pas être considéré comme un rejet de l’Union européenne. L’ADR a accueilli le résultat négatif du référendum irlandais "avec une certaine satisfaction". Il est pour l’ADR l’addition à payer pour les responsables politiques qui siègent à huis clos au lieu d’engager un véritable dialogue avec les citoyens européens.

Ben Fayot : "le ‘Non’ n’est pas une catastrophe, sauf pour les Irlandais eux-mêmes"

Pour le député socialiste Ben Fayot (LSAP), le "Non" irlandais doit être respecté et "abordé avec sang-froid". Il a considéré qu’au contraire de 2005, les Etats membres doivent absolument poursuivre le processus de ratification. "Le Conseil européen devra se prononcer clairement en faveur de la poursuite du processus de ratification du traité de Lisbonne. Personne ne voudra une nouvelle conférence intergouvernementale après des négociations de sept ans", a souligné Ben Fayot, pour qui un changement de paradigme s’impose, "si l’on ne veut pas bloquer le futur à l’Union européenne". "Il est inacceptable qu’un seul pays, grand ou petit, prenne en otage une Union de plus en plus grande", a-t-il insisté.

D’après Fayot, les négociations avec un Etat membre sur les conséquences de son rejet d’un traité ne peuvent débuter qu’au moment où tous les pays ont terminé le processus de ratification. Pour lui, ces conséquences pourront varier d’une affiliation ou coopération ad hoc provisoire de l’Etat membre à l’UE jusqu’à un retrait complet du projet commun.

Pour Fayot, une tendance vers un noyau plus ou moins grand de pays qui veulent plus d’intégration, qui se distinguerait de toute une série de pays plutôt eurosceptiques est en train de s’esquisser au sein de l’UE.  Fayot a cependant estimé que "l’Union européenne ne doit pas se laisser déconcerter dans son renouvellement, et trouver des moyens pour respecter le ‘Oui’ de l’un et le ‘Non’ de l’autre, pour trouver un dénominateur commun". Et de conclure que "le traité de Lisbonne doit entrer en vigueur début janvier 2009, si nécessaire, sans l’Irlande".

Charles Goerens : faire ratifier le traité "à 27 heures et endroits différents" n’est pas une bonne idée

Chez Charles Goerens du DP, pour qui le résultat "ne représente pas une grande surprise", c’est la déception qui prévaut car "beaucoup de travail à été fait pour rien ». Selon lui, il faut analyser les causes de cet échec du traité de Lisbonne. Il a jugé dans ce contexte que "ce n’était pas une bonne chose de faire ratifier le traité à 27 heures et endroits différents" et que le "caractère récent des institutions européennes fait qu’elles ne bénéficient pas encore de la même acceptation que les institutions nationales". En précisant que ce n’est pas « la première crise et sans doute pas la dernière », Charles Goerens a appelé à ne "bouder, pas baisser la tête ». Il était d’avis qu’il faut continuer le processus de ratification dans les Etats membres sans tomber "dans le piège de l’irlandophobie". Il a estimé qu’il "ne faut pas traiter les petits pays autrement que les grands" en faisant référence à certains Etats membres qui, lorsqu’ils ne sont pas d’accord avec les textes élaborés, bénéficient de mesures dérogatoires.

Pour Lydie Polfer, le "Non" irlandais est un coup dur pour l’UE qui doit interpeller les politiques européens

Pour la députée européenne luxembourgeoise Lydie Polfer, "ce vendredi 13 juin constitue une journée sombre pour tout Européen convaincu" qui doit interpeller le monde politique. Elle s’est interrogée comment un pays comme l’Irlande, qui a profité énormément de son adhésion à l’Union européenne, a pu rejeter un traité qui vise une amélioration de l’Union.

Lydie Polfer ne comprend pas comment un tel gouffre a pu se creuser entre classe politique d’une part - tous les partis politiques irlandais (sauf un) avaient fait campagne en faveur du traité de Lisbonne - et les citoyens de l’autre. "S’agit-il d’un simple problème de communication ou est-ce que les appréhensions telles que la peur de la globalisation ou la crainte de la perte d’identité ne sont pas plus profondes que ce que l’on a cru ?", a-t-elle lancée. Pour la députée européenne, le rejet irlandais annihile des années d’efforts pour doter l’Union européenne d’une organisation et d’une structure plus efficace, mais selon elle, l’on ne peut parler de "coup de grâce  pour l’Union européenne".

Pour Felix Braz, le résultat du référendum est avant tout le résultat d’une campagne électorale menée par les opposants

Pour Félix Braz du groupe des Verts, le "Non" irlandais "ne répond pas à ses souhaits" et "représente avant tout un nouveau tollé qui ponctue le processus d’intégration européenne". Il a malgré tout estimé qu’il faut respecter le verdict des citoyens irlandais. Selon Félix Braz, "le basculement des opinions publiques" qui sont passées de l’approbation du texte à son rejet ne peut pas être interprété comme une opposition générale à l’Union européenne. Le non au référendum est pour Braz avant tout le résultat de la campagne référendaire menée par les opposants au traité et représente un "échec clair" pour le gouvernement et Parlement irlandais, auxquels il appartient maintenant de dire "quel enseignement il faut tirer de ce rejet".

Pour l’ADR, le non irlandais représente "une certaine satisfaction"

C’est avec "une certaine satisfaction" que le groupe parlementaire ADR a pris connaissance des résultats du référendum irlandais. Après le "Non" irlandais, l’ADR estime que le résultat du référendum doit en tout cas "être respecté" et que le "traité de Lisbonne ne peut pas entrer en vigueur dans sa forme actuelle". Le Non irlandais, c’est aussi la preuve pour l’ADR que "l’UE n’a pas tiré d’enseignements des ‘Non’ français et néerlandais sur le projet de traité constitutionnel en 2005".

Pour l’ADR, le rejet irlandais est finalement l’addition à payer pour les responsables politiques qui siègent à huis clos au lieu d’engager un véritable dialogue avec les citoyens européens. Pour l’ADR, le moment est désormais venu pour l’UE de reconnaitre que son fonctionnement doit devenir plus démocratique et plus transparent afin d’éviter que le fossé entre les citoyens et l’élite politique ne se creuse encore davantage.