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Economie, finances et monnaie
Jean-Claude Juncker refuse l’équation "secret bancaire égal paradis fiscal"
21-10-2008


A la Chambre des députés, le Premier ministre et ministre des Finances Jean-Claude Juncker a répondu le 21 octobre 2008 à une question du président de l’opposition libérale Claude Meisch, sur la non-participation du Luxembourg à une réunion consacrée aux paradis fiscaux convoquée dans le cadre de l’OCDE par la France et l’Allemagne. Contrairement aux bruits qui ont couru, le Luxembourg a reçu et décliné l’invitation il y a deux mois déjà, donc avant les événements de septembre qui ont déclenché la crise financière.

Le Luxembourg a refusé de se rendre à cette réunion dans la mesure où certaines conclusions envisagées se basaient sur l’équation entre secret bancaire et paradis fiscal, ce qui n’était pas acceptable. Lors d’un entretien qu’il avait eu la veille avec son homologue autrichien, Jean-Claude Juncker avait réitéré ce refus et son collègue avait lui aussi décidé de ne pas aller à Paris. Le troisième partenaire, la Belgique, qui avait souscrit en 1999-2000 à l’accord sur la fiscalité de l’épargne au sein de l’Union européenne  qui prévoyait pour les pays qui connaissent le secret bancaire le prélèvement d’un impôt de 15 % à la source, a participé à la réunion, dans la mesure où la Belgique a décidé de supprimer le secret bancaire.

Jean-Claude Juncker, pour qui l’Union européenne est le seul cadre européen dans lequel il veut évoquer les questions qui touchent à la fiscalité de l’épargne, a expliqué que "le Luxembourg ne veut pas attirer ceux qui ne paient pas leurs impôts chez eux", et a ajouté que "le passage progressif de l’impôt à la source de 15 à 35 % aura progressivement un effet dissuasif sur les fraudeurs fiscaux".

Juncker a également déclaré que Nicolas Sarkozy et sa ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, lui avaient assuré que pour eux, le Luxembourg n’était pas un paradis fiscal. Ce qui a causé la crise financière, c’est plutôt le manque de transparence des produits, et sur ce point, il y a bien d’autres acteurs que le Luxembourg qui ont contribué à la catastrophe. S’il faut discuter de la fiscalité de l’épargne et de la transparence, il faut passer en revue les systèmes de tous les Etats membres, telle est la thèse de Juncker.

Sa conclusion fut réaliste : "Nous devons être prêts à discuter au sein de l’Union européenne sur l’éventuelle ou supposée nocivité du secret bancaire sur certaines places financières", a lancé le Premier ministre. "Si tout le système financier doit être changé, il faut discuter de tout, mais il ne faut pas croire que le Luxembourg pourra être excepté."