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Politique étrangère et de défense
Jean Asselborn lors de sa déclaration de politique étrangère à la Chambre des députés: "La politique étrangère luxembourgeoise s’entend comme une politique étrangère européenne."
18-11-2008


Jean AsselbornC’est à partir de ce constat que Jean Asselborn, le ministre des Affaires étrangères a décliné sa déclaration de politique étrangère devant la Chambre des députés, sa dernière avant les élections de juin 2009.

Par rapport aux autres années, les défis de cette politique étrangère sont restés pour Asselborn les mêmes : la sécurité, le changement climatique, la pauvreté dans le monde, les migrations et le développement durable. Mais l’environnement a changé. De nouveaux acteurs globaux et régionaux ont fait leur apparition. Les valeurs universelles, sur lesquelles l’ordre international s’est bâti ces dernières soixante années, semblent trouver moins de résonance. Le recours à la violence comme moyen pour résoudre des conflits est devenu plus fréquent. Le nationalisme et le fondamentalisme se sont renforcés. La capacité des institutions multilatérales pour gérer certains problèmes globaux est mise en question. Pourtant, il semble que "la voix de l’Europe est dans ce contexte de plus en plus écoutée et même entendue". C’est parce que le modèle européen et son approche des questions de  paix et de prospérité convainquent.

Le traité de Lisbonne

Pour Asselborn, les événements des derniers mois ont montré que l’Europe a besoin du traité de Lisbonne pour fonctionner d’une manière plus efficace et notamment pour pouvoir mener une politique étrangère plus efficace.

Après le Non au référendum irlandais du 12 juin 2008, les partenaires de l’Irlande attendent que son gouvernement ait analysé la situation. Ils ne renégocieront pas le traité de  Lisbonne, et d’aucuns ont continué avec sa ratification. Après la Suède, dont le parlement s’exprimera le 20 novembre, seul le parlement de la République tchèque devra encore s’exprimer. Jean Asselborn a souhaité que l’on "trouve le plus vite possible en décembre un accord sur la poursuite du processus de ratification". Le traité de Nice restant en vigueur, cela aura des conséquences sur la composition du Parlement européen où certains pays compteront moins de députés que prévu, et sur la composition de la Commission, qui devra compter moins de commissaires que d’Etats membres. Dans ce cas, le Luxembourg devra s’engager pour le respect du principe de "rotation égalitaire". Le ministre a conclu en lançant un appel à "tous ceux qui ne veulent pas uen Europe du directoire", pour qu'ils emploient toute leur énergie à ce que le traité de Lisbonne entre en vigueur. "L'Irlande, la République tchèque et la Pologne n'auraien qu'à y gagner.

La crise financière internationale

Le paquet de mesures décidées par le Conseil, europeén des 15 et 16 octobre 2008 a conduit pour Jean Asselborn à une première stabilisation du système financier européen et éviter une crise du système de crédits. La monnaie commune et le marché intérieur sont les deux fondements sur lesquels il faut miser pour réagir, de manière unie, aux situations de crise qui touchent l’Union. Cette unité a d'ailleurs permis à l'Union de prendre un rôle de leader dans les efforts qui sont destinés à refornder l'ordre financier mondial.

Le ministre des Affaires étrangères s’est élevé contre les voix qui essaient de désigner le Luxembourg comme bouc émissaire en le qualifiant de paradis fiscal. Il s’est de même élevé, comme le Premier ministre en octobre dernier,  contre l’équation entre secret bancaire et paradis fiscal tout en constatant que la Commission européenne, dans sa nouvelle proposition de directive sur la fiscalité de l’épargne ne met pas en question le secret bancaire, mais mise sur la coexistence entre les systèmes d'échanges d'informations et de prélèvement de l'impôt à la source. Le gouvernement luxembourgeois va veiller à ce que, dans le cadre des discussions sur cette nouvelle directive, les pays tiers soient impliqués pour qu’ils appliquent chez eux les mêmes règles que celles de l’UE. D'autre part, le gouvernement est cosncient que rien ne va être comme avant sur la palce financière et qu'il faudra en conséquence construire son futur sur l'innovation, le professionnalisme et l'internationalisation des affaires. 

Des réponses au niveau de l’Union européenne doivent également être trouvées pour que les effets de la crise financière sur l’économie réelle soient atténués et qu’elle ne soit pas laissée à la seule merci des marchés. Dans ce cadre, Jean Asselborn a salué les propositions tablées par la Commission.

Politique énergétique et changement climatique

La dépendance énergétique de l’UE contient forcément une composante "politique étrangère". Cependant, Asselborn est d’avis que les objectifs qui ont été fixés par le paquet climat/énergie doivent être maintenus et espère que le Conseil européen de décembre 2008 prendra les décisions qui donneront à l’UE un rôle d’avant-garde pour la conférence de Copenhague de décembre 2009. "Et peut-être des progrès pourront-ils se faire de concert avec la nouvelle administration américaine", a ajouté le ministre.

Commerce mondial

Jean Asselborn a mis en garde contre des réflexes protectionnistes, surtout en pleine crise économique et alors que le Doha-Round pour un nouvel accord sur le commerce mondial dans le cadre de l’OMC n’a pu aboutir. Il faut au contraire arriver à conclure les négociations du Doha-Round afin que les entreprises européennes puissent avoir un accès aux marchés des économies émergentes dans des conditions transparentes et sûres, et que la même chose puisse se faire pour les économies émergentes, qui ne doivent pas être les perdants de cette négociation. Là aussi, Jean Asselborn mise sur un changement d’attitude de la nouvelle administration américaine.

Luxembourg, capitale européenne

La dynamique "Luxembourg, capitale européenne" est pour le chef de la diplomatie "un élément important de la politique étrangère luxembourgeoise". Les institutions européennes qui ont leur siège à Luxembourg l’ont par la force de traités, de droits et d’obligations contractuels. Actuellement, cette dynamique se traduit d’abord par une démarche immobilière qui a conduit à l’agrandissement de la Cour de Justice et de la BEI, qui conduira à l’extension de la Cour des Comptes, à la construction d’un nouveau siège pour le secrétariat général du Parlement européen, d’une deuxième école européenne et à l’ouverture prochaine du nouveau centre de conférences. En même temps, pour assurer la durabilité de cette politique de siège, le Luxembourg veillera au respect des accords sur le siège et à augmenter l’attractivité du site, afin d’y attirer de nouvelles activités européennes. Jean Asselborn a conclu sur ce sujet en soulignant la visibilité accrue et les avantages économiques, culturels et sociaux que la présence des institutions européennes avait pour Luxembourg.

Politique européenne de voisinage

Avec l’élargissement, l’UE a de nombreux nouveaux voisins avec lesquels elle doit nouer des liens et créer de la stabilité à ses frontières. L’approche européenne est d’offrir à ces pays des paquets de coopération qui combinent des instruments diplomatiques, financiers, économiques et de la politique de sécurité. L’on trouve déjà tous ces instruments dans la politique européenne de voisinage. Depuis mai, il est également question d’un "partenariat oriental" par lequel l’UE aiderait ces voisins de l’Est à accomplir leurs réformes internes. Le Luxembourg attache autant d’importance aux relations avec les voisins au Sud de l’Europe, notamment à travers "l’Union pour la Méditerranée: Processus de Barcelone". D’où aussi sa volonté que toutes ses politiques soient pratiquées dans le cadre de la politique européenne de voisinage.

Le conflit géorgien

Ce conflit concerne selon Jean Asselborn directement la sécurité européenne. Si les armes se sont tues après quelques jours de conflit armé, c’est grâce à l’Union européenne qui est devenue depuis un acteur central dans le règlement de ce conflit, notamment avec la mission d’observation européenne de 300 personnes, dont 2 Luxembourgeois, qui veillent à la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu. Le Luxembourg s’est également fortement engagé pour la mise en place d’une commission d’enquête sur les origines du conflit. Malgré la déclaration d’indépendance unilatérale de deux provinces géorgiennes dissidentes, il est nécessaire de trouver une solution durable. Les "discussions internationales", qui ont commencé le 15 octobre à Genève et qui sont censées reprendre le 18 novembre, pourraient constituer un début pour la recherche d'une telle solution..

La stabilité dans le Caucase n’est cependant pas pour Asselborn que de nature militaire, mais aussi de nature démocratique et économique. De ce point de vue, "il y a encore beaucoup à faire en ce qui concerne le niveau de la démocratie en Géorgie", a déclaré le ministre.   

Les conflits gelés

Jean Asselborn a également fait allusion aux conflits gelés entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui se disputent le Nagorny-Karabakh, où la Russie est en train de jouer un rôle de médiateur, et à celui de la Transnistrie, qui fait partie de la Moldavie, où l’Union européenne aide l’Ukraine à surveiller la frontière et où la Russie est également devenue plus active.

Les Balkans

Pour Jean Asselborn, tous les pays des Balkans ont droit à une perspective européenne. L’Union européenne y a mis en œuvre tous les instruments dont elle dispose pour créer de la stabilité. La Serbie s’est laissée convaincre et a engagé une politique de coopération avec le TPI et de rapprochement avec l‘Europe qui a conduit à la signature d’un accord d’association. La mission EULEX a pu se déployer au nord du Kosovo. Le Kosovo reste malgré tout un sujet sensible dans les relations entre la Serbie et l’Union européenne. Mais ce pas signale une normalisation entre Belgrade et Pristina. EULEX, à laquelle le Luxembourg participe, aidera à la construction de l’administration judiciaire et policière du nouvel Etat.

La détérioration de la situation politique en Bosnie inquiète par contre, avec l’absence de consensus sur les grandes réformes, les divergences croissantes sur le futur de cet Etat, le retour en force de la rhétorique nationaliste et le risque que rien ne bouge jusqu’aux élections de 2010. Le risque est grand que la Bosnie décroche ou accumule des retards importants sur le chemin vers l’Europe.

Les relations transatlantiques

Jean Asselborn a exprimé l’espoir que le président-élu des USA, Barack Obama, saura "mieux que son prédécesseur que les Etats-Unis sont un grand pays, mais pas assez grand pour diriger le monde tout seul". Le ministre s’est déclaré convaincu que l’Europe devra s’engager plus en Afghanistan et au Proche Orient. Dans ce contexte, Obama a, selon Asselborn, "reconnu l’Union européenne comme un des partenaires et alliés les plus importants des USA", ce qui signale que les relations transatlantiques pourraient atteindre une nouvelle qualité. Car pour Asselborn, "les Européens veulent prendre sur la nouvelle scène mondiale leur place à côté des Américains, des Russes et des Chinois". Cela sera possible, si l’Europe gagne en crédibilité en parlant d’une seule voix.      

Les relations avec la Russie

Jean Asselborn s’est déclaré convaincu que l’Europe a besoin de la Russie en termes de sécurité, de stabilité, de sécurité énergétique et de désarmement, et que la Russie a besoin de l’Europe en termes de modernisation des infrastructures et de réduction du déficit démographique. Pourtant, avec la crise géorgienne et les contestations de sa politique dans les enceintes du Conseil de l’Europe et de l’OSCE, les relations avec la Russie se sont détériorées. Or, il ne s’agit pas d’isoler la Russie. Il faut suivre le double chemin de la fermeté et de la coopération. Et la coopération se pratique sur l’Iran, le Moyen Orient, l’Afghanistan, le changement climatique, la lutte contre le trafic de stupéfiants, …., Sur d’autres dossiers, comme le Kosovo ou la Géorgie, il faut parler de tout. L’annonce du président Medvedev d’installer des missiles dans l’enclave de Kaliningrad en réponse à l’intention américaine d’installer des bases anti-missiles en Pologne et en République tchèque "nous fait courir le risque d’un cercle vicieux que nous devons éviter".          

Le Luxembourg espère donc que le nouveau président américain cherchera à dialoguer avec la Russie. Dans son discours, il a salué que les négociations entre l’Union européenne et la Russie soient reprises le 2 décembre 2008, et ce sans que soit accepté ce que la Russie fait en Géorgie et sans que l’Europe abandonne ses valeurs.

Un nouveau monde global    

Saluant la réunion du G-20 de Washington sur la crise financière internationale, qui signale le début d'une scène politique globale sur laquelle les pays émergents auront leur mot à dire et devront prendre plus de responsabilités, Jean Asselborn a conclu en déclarant que "ce ne devrait pas être trop difficile pour le Luxembourg de s’engager dans l’Union européenne pour qu’elle œuvre en faveur d’un monde plus équilibré et doté de meilleurs structures."