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Economie, finances et monnaie
La diffusion des pièces d’euros au Luxembourg reflète, selon une étude du CEPS, "la mobilité des hommes"
Dans les porte-monnaies luxembourgeois, on trouve surtout des pièces nationales, suivies de pièces allemandes, françaises et belges
07-04-2009


Pièce d'un euro chyprioteLe Centre d'Etudes de Populations, de Pauvreté et de Politiques socio-économiques (CEPS) vient de publier une étude sur la répartition des pièces d’euros étrangères au Luxembourg et les formes de mobilité qui en sont à l’origine. Elle révèle qu'un résident luxembourgeois a 75 % de chances de trouver au moins quatre pièces d’euros de pays différents dans son porte-monnaie. Ce nombre varie bien évidemment d’une personne à l’autre et dépend surtout des pratiques de mobilité de chacun. En fonction du type de déplacement, les contacts et les échanges avec des personnes en provenance d’autres pays sont plus ou moins importants, de même que la propension à récupérer des euros étrangers lors de paiements en liquide.

Dans la mesure où certains lieux sont plus propices aux transactions que d’autres, la probabilité de récupérer des euros étrangers varie également en fonction des lieux fréquentés par une personne pour des motifs de travail, d’achats ou de loisirs. Si ces affirmations sont vraies pour tous les pays européens, le Luxembourg possède la particularité de compter beaucoup de travailleurs frontaliers qui ont une influence non négligeable sur la circulation de l’argent.

L’enquête menée auprès de 3 833 ménages révèle qu’au Luxembourg, la proportion de pièces étrangères s’élève à 58 %, alors qu’elle n’est que de 24 % en France. Considérant l’origine nationale des pièces, la monnaie luxembourgeoise demeure majoritaire (42 %), devant les pièces allemandes (19 %), françaises (16 %) et belges (12 %). Il apparaît de même que plus de 98 % des personnes interrogées avaient au moins un euro étranger dans leur porte-monnaie. La probabilité d’avoir au moins une pièce luxembourgeoise, par contre, est légèrement plus faible (94 %). L’étude du CEPS explique la fréquence particulièrement élevée de pièces étrangères au Luxembourg par "la petite taille du pays" et "son ouverture aux échanges internationaux".

Les pièces allemandes sont présentes dans 83 % des porte-monnaies, suivie par les pièces françaises (78 %) et les pièces belges (70 %). La présence massive de ces pièces d’euros est, a priori, largement imputable aux échanges avec les régions limitrophes, que ce soit à travers la mobilité des 130 000 frontaliers travaillant au Grand-Duché ou les déplacements des résidents du Luxembourg dans la région frontalière pour faire des achats.

Les pièces allemandes sont plus réparties dans l’Est du pays, surtout le long des vallées de la Moselle et de la Sûre, Répartition des Euros allemands, belges et français au Luxembourg en 2006 selon le CEPSavec des pics de concentration à Schengen, Remich et Wasserbillig, points de passage de la frontière germano-luxembourgeoise. Ici, la présence de stations d’essence contribue, selon l’étude, à accentuer la concentration de pièces allemandes. Parallèlement, la proportion plus importante de pièces allemandes à proximité de la frontière tend à confirmer l’impact de la mobilité transfrontalière.

Les pièces belges, pour leur part, sont plus présentes dans le nord du pays, notamment parce que la majorité des frontaliers travaillant dans le nord du pays sont belges et, contrairement au reste du pays, l’influence monétaire des frontaliers français et allemands y est très faible. Comme il s’agit, par ailleurs, d’espaces ruraux qui se situent à l’écart des grands flux de transit, la redistribution des pièces étrangères y est limitée.

La diffusion des pièces françaises est également influencée par la proximité de la frontière, mais dans une moindre mesure que pour les pièces allemandes et belges. Cela s’explique par le fait que les Français utilisent plus fréquemment leur carte bancaire que leurs voisins – ce qui a une incidence sur les traces monétaires -, et par l’interférence entre différentes formes de mobilité, c’est-à-dire qu’une partie des pièces françaises présentes au Luxembourg est attribuable aux séjours que les résidents ont effectués en France.

Quant à la présence de pièces étrangères en provenance de pays non frontaliers, deux phénomènes distincts peuvent être mis en évidence à travers l’analyse de leur répartition. Le premier phénomène est lié aux contacts et aux échanges que la communauté portugaise entretient avec son pays d’origine, que ce soit à travers des séjours au Portugal ou, dans le sens inverse, du fait de la visite de proches au Luxembourg. Ainsi, 32 % des pièces en provenance du Portugal présentes au Luxembourg sont dans les poches de ressortissants portugais qui ne représentent pourtant que 13 % de la population résidente.

Une autre forme de mobilité saisonnière, plus inattendue, ressort de l’analyse : on trouve des pièces néerlandaises dans 28 % des porte-monnaies. L’étude du CEPS attribue ce fait aux migrations estivales des vacanciers hollandais. En effet, les pièces néerlandaises se concentrent pour l’essentiel dans les vallées de la Sûre et de l’Our, régions où sont localisés la majorité des campings qui accueillent les touristes néerlandais.

En résumé, malgré la petite taille du Luxembourg et l’ampleur de son ouverture internationale, la diffusion des euros étrangers, quatre années après leur mise en circulation (2002-2006), est loin d’être homogène. Au contraire, la répartition des pièces reste fortement marquée par la proximité des frontières et les migrations saisonnières.