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Agriculture, Viticulture et Développement rural
Crise du marché du lait : le Ministère de l’Agriculture répond aux revendications du European Milk Board et des Lëtzebuerger Mëllechbaueren
13-05-2009


La LDB s'installe devant la ChambreLe 13 mai 2009, le Ministère de l’Agriculture a fait connaître sa position sur les revendications que les Lëtzebuerger Mëllechbaueren (LDB) avaient présentées le 29 avril 2009 aux partis politiques luxembourgeois, à l’occasion de la journée de mobilisation européenne du European Milk Board (EMB) .

Pour rappel, le LDB s’inquiétait de la situation du marché du lait en Europe dans un contexte de baisse des prix qui plonge les producteurs de lait dans une situation très difficile. La liste des revendications de l’EMB était présentée dans notre article du 29 avril dernier.

La prise de position du Ministère, en quelques points

Le Ministère de l’Agriculture s’inquiète de la situation actuelle du marché du lait européen et mondial. Il pense qu’il faut mettre tout en œuvre pour enrayer la chute des prix actuelle.

Le Ministère de l’Agriculture estime cependant que l’état volatil du marché du lait n’a pas été causé par les décisions récentes du Conseil de l’Agriculture d’augmenter les quotas laitiers ou de réduire de moitié de la correction de la matière grasse, mais que les prix des produits laitiers se sont effondrés suite à l'éclatement de la crise financière à travers le globe.

Le Ministère rejette également la revendication de suspendre l’augmentation de 1 % des quotas laitiers ainsi que la réduction de moitié de la correction de la matière grasse, à cause de la situation précaire du marché du lait. Il pense qu’une telle mesure nuirait aux producteurs de lait luxembourgeois. Le Ministère de l’Agriculture explique que depuis la mise en place du régime des quotas laitiers, le Luxembourg connaît un manque chronique en droits de production. A cause du dépassement de la quantité de référence nationale disponible, les producteurs de lait luxembourgeois se sont vus imposer régulièrement un prélèvement plus ou moins substantiel par Bruxelles.  L’augmentation de 1 % des quotas laitiers, ainsi que la réduction de moitié de la correction de la matière grasse prévues pour l’année 2009/2010, seront donc immédiatement mises en oeuvre au Luxembourg. Le Ministère estime que ces mesures se solderont au niveau national par une augmentation d’environ 10 millions kg des livraisons de lait hors prélèvement.

La revendication de restreindre le mécanisme de répartition des quotas de réserve nuirait également aux producteurs de lait luxembourgeois. Certains producteurs de lait ne remplissent pas leurs quotas ce qui donne une certaine marge de production aux autres. Ces dernières années, cette marge de production se situait autour de 6 %. Une suppression de cette régulation pourrait entraîner des prélèvements.

La Commission européenne met actuellement tout en œuvre pour rééquilibrer le marché du lait. Depuis le 1er avril 2009, 69 629 tonnes de beurre de beurre et 138 445 tonnes de lait écrémé en poudre ont été retirés du marché dans le cadre de l’intervention. En outre, la Commission européenne vient de réintroduire des restitutions à l'exportation pour les principaux produits laitiers de base, destinées à redonner à l’Union européenne les parts du marché mondial perdus.

Le Ministère de l’Agriculture rappelle par ailleurs que l’utilisation sans nuisance pour le marché des produits excédentaires que réclame l’EMB est déjà mise en œuvre par l’Union européenne, et ce dans le cadre d’une mesure spéciale qui prévoit la distribution de denrées alimentaires par les autorités publiques à des personnes étant dans le besoin. Le Ministère tient dans ce contexte à rappeler notamment l’existence du programme Lait aux écoles qui prévoit la distribution de lait et de produits laitiers aux écoliers à des prix très réduits.

Le Ministère de l’Agriculture estime que les producteurs de lait de l’UE sont dans leur bon droit lorsqu’ils exigent du Conseil Agriculture des décisions contraignantes et conçues sur le long terme qui leur permettraient de planifier et d’établir leurs perspectives de production pour l’avenir avec plus de sécurité. Mais la régulation flexible des volumes que demande l’EMB aurait des effets contraires à ces objectifs car les quotas laitiers de l’UE devraient alors être continuellement adaptés aux développements pour le moment erratiques du marché du lait. Et les producteurs de lait seraient alors confrontés à d’importants problèmes de planification du point de vue, technique, de la production. Et cela ne saurait être, pour le Ministère de l’Agriculture, l’objectif d’une politique continue et fiable.

Selon la réponse formulée par le Ministère, les signes annonçant une stabilisation du marché du lait se font d’ores et déjà sentir, que ce soit au niveau de l’Union européenne ou des marchés mondiaux. En témoignent la décongestion du marché du lait par l’achat massif de beurre et de lait écrémé en poudre dans le cadre du mécanisme d’intervention, la reprise des exportations de produits laitiers de l’UE sur le marché mondial, la réduction de la production de lait au sein de l’UE ainsi que dans d’autres régions, comme par exemple les Etats-Unis, ou enfin la normalisation des exportations de produits laitiers vers la Chine. Pour le Ministère de l’Agriculture, économistes et scientifiques s’accordent à penser qu’à long et moyen termes, les perspectives de la production européenne de lait sont bonnes et que la demande en produits laitiers va augmenter plus vite que l’offre.

Pour conclure, le Ministère de l’Agriculture tient à faire remarquer qu’il ne partage en rien la position de certaines grandes entreprises qui font pression sur les prix, et ce sans tenir compte de la situation difficile des producteurs de lait. Il fait part de sa volonté de faire en sorte que cette problématique soit abordée au niveau européen.  A ses yeux, l’avenir du Luxembourg réside dans la production de produits régionaux de qualité et dans le travail de sensibilisation qu’il convient de mener auprès des consommateurs pour qu’ils comprennent que les produits locaux de qualité ont un prix.