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Elections européennes - Institutions européennes
Robert Goebbels a tiré un bref bilan des européennes et dessiné les enjeux majeurs auxquels doivent faire face son groupe politique et le nouveau PE
12-06-2009


Robert GoebbelsRobert Goebbels, eurodéputé socialiste luxembourgeois sortant et réélu le 7 juin 2009 pour un nouveau mandat, a esquissé, lors d’une conférence de presse tenue le 12 juin 2009, un bilan des élections européennes au Luxembourg. L’occasion aussi de présenter les fruits de sa rencontre avec Martin Schulz, président du Parti socialiste européen (PSE).

Robert Goebbels a pu ainsi rapporter qu’à l’issue d’un accord avec le Parti démocratique (PD) italien, le groupe politique socialiste devrait s’appeler désormais "Alliance des Socialistes et Démocrates", tandis que les termes d’un accord technique entre les deux principaux groupes politiques au Parlement européen, Parti populaire européen (PPE) et ce qui aura été le PSE, se dessinent déjà.

Mais l’enjeu majeur est actuellement pour Robert Goebbels la question de la nomination de la nouvelle Commission que les socialistes préféreraient repousser après le référendum irlandais, donc fin octobre ou en novembre, alors que la nomination de son futur président pourrait avoir lieu dès le Conseil européen des 18 et 19 juin 2009. 

Le LSAP et le CSV ont payé le prix de leurs campagnes européennes "minimales"

Robert Goebbels est revenu dans un premier temps sur les résultats des élections européennes du dimanche 7 juin 2009. Il était à ses yeux important de souligner les différences de comportement dont avaient fait preuve les électeurs luxembourgeois dans leurs votes pour les législatives et pour les européennes.

En effet, les listes européennes du DP et des Gréng ont eu de bons résultats par rapport aux listes nationales, tandis que l’inverse semble s’être produit – de façon toute relative bien entendu - pour les listes des partis de la coalition gouvernementale. Pour Robert Goebbels, c’est parce que ces deux partis, CSV et LSAP, ont mené des campagnes "minimales" pour les européennes, tandis que le DP et les Gréng ont investi massivement dans leurs têtes de listes européennes, à savoir Charles Goerens et Claude Turmes. Ces derniers se sont ainsi montrés très présents tout au long de la campagne, tandis que le message européen de leurs partis respectifs était diffusé de façon nettement plus efficace.

Dans sa critique de la campagne menée par son parti, Robert Goebbels regrette ainsi qu’il n’y ait pas eu un mot sur l’Europe sur les affiches de campagne. Et la conclusion qu’il en tire est que le LSAP devra investir plus dans la prochaine campagne européenne, en 2014, avec l’objectif bien entendu de gagner plus de voix. Car en fin de compte, et ce malgré sa campagne minimaliste, le CSV a remporté cette fois encore la moitié des sièges au Parlement européen.

Le potentiel d’eurosceptiques révélé lors du référendum de 2005 ne s’est pas confirmé

Un autre enseignement de ces élections, c’est selon Robert Goebbels, que le potentiel d’eurosceptiques qui s’était manifesté en 2005 en répondant "non" au référendum ne s’est finalement pas confirmé en 2009. Même si plus de 20 000 personnes ne se sont pas rendues aux urnes et à peu près autant ont voté blanc, ce qui signifie pour l’eurodéputé socialiste qu’il y a des gens au Luxembourg que l’UE est loin d’enthousiasmer.

Enfin, autre fait marquant de cette élection, le taux de participation que Robert Goebbels juge "catastrophiquement bas" au niveau européen. Pour l’eurodéputé, il est difficile à l’évidence d’enthousiasmer les citoyens européens pour les questions de politiques européennes, et de fait ils sont nombreux a être allés aux urnes pour sanctionner - ou valider le cas échéant - les politiques menées par leurs gouvernements nationaux. Citant les exemples britannique, allemand ou encore français, Robert Goebbels a ainsi expliqué que, dans la débâcle des socialistes français, la victoire de la liste menée par Daniel Cohn-Bendit suffit presque à elle seule à expliquer les gains des Verts au sein du PE.

Vers une "Alliance des Socialistes et Démocrates" au PE suite à un accord trouvé avec le Parti démocratique italien

Au niveau du Parlement européen, le PPE, qui reste le premier groupe, se trouve renforcé. Le PSE reste la deuxième force de ce nouveau parlement, avec 185, voire 190 eurodéputés, un chiffre qui reste encore incertain car certains ne se sont pas encore clairement prononcés sur les groupes politiques qu’ils rejoindront lors de la première session plénière de la nouvelle assemblée, en juillet 2009.

Une incertitude cependant est levée grâce à l’accord trouvé avec le Parti démocrate italien, dont 21 élus iront rejoindre les rangs de la future "Alliance des Socialistes et Démocrates" qui devrait remplacer le PSE lors de la prochaine mandature. Seul un eurodéputé de ce parti ne gagnera pas ce groupe politique pour rejoindre le PPE. Ce groupe politique nouvellement nommé devrait accueillir par ailleurs de nouveaux membres chypriote et estonien, ce qui devrait se confirmer dans les prochains jours.

Un accord technique PPE-PSE en vue

Refaisant le point sur l’équilibre des forces au sein du nouveau Parlement européen, Robert Goebbels rappelle que le noyau dur des groupes pro-européens – le PPE, le PSE, l’ALDE et le groupe des verts – représente environ 75 % de l’assemblée. Et c’est avec eux seuls qu’il sera  possible de mener un travail politique. Car à l’extrême droite comme à l’extrême gauche, les eurosceptiques sont en effet nombreux.

Mais, pour Robert Goebbels, ce n’est pas pour autant au vert Daniel Cohn-Bendit, dont le groupe politique représente désormais 7 % de l’assemblée, de déterminer l’agenda du Parlement européen, même s’il est un "communicateur génial".

Les premiers contacts ont donc été pris par le PSE avec Joseph Daul, eurodéputé lorrain qui préside le Parti populaire européen, en vue d’établir un accord technique entre le PPE et le PSE, qui représentent à eux deux 60 % des parlementaires européens. Il n’y a en effet ni de majorité de droite ni de majorité de gauche possible au sein de la nouvelle assemblée et la coopération semble nécessaire aux socialistes pour garantir et structurer le travail du Parlement européen. L’accord – qui est technique et en rien politique, comme l’a souligné Robert Goebbels - pourrait être finalisé dès la semaine prochaine.

Parmi les termes de l’accord proposé par les socialistes, la présidence du PE reviendrait au PPE pour la première moitié de la législature, puis au PSE pour la seconde. Le PPE doit encore se déterminer en interne sur le choix du prochain président du PE, poste pour lequel sont candidats l’Italien Mario Mauro et le Polonais Jerzy Buzek. Robert Goebbels a cependant précisé qu’il préfèrerait, à titre personnel, que Jerzy Buzek, ancien Premier ministre pro-européen et avec lequel il a déjà eu l’occasion de bien travailler, soit choisi. Il serait en effet temps, pour l’eurodéputé socialiste, qu’un représentant d’un nouvel Etat membre obtienne un poste de cette importance.

Autre point essentiel aux yeux des socialistes, la présidence des commissions parlementaires les plus importantes devraient revenir aux groupes les plus importants, tandis que toutes les forces devraient y être représentées proportionnellement à leur poids au sein de l’assemblée. L’objectif étant de ne pas fausser, comme ce fut le cas parfois au sein du PE sortant, le travail essentiel qui est mené par les commissions en amont des sessions plénières.

La nomination de la prochaine Commission européenne devrait selon le groupe socialiste coïncider avec l’éventuelle entrée en vigueur du traité de Lisbonne et donc être repoussée

La présidence de la prochaine Commission européenne est enfin, aux yeux de Robert Goebbels, un des enjeux majeurs de ce début de législature. Si de nombreux chefs d’Etats et de gouvernements, y compris socialistes, sont plutôt favorables à l’idée de renouveler le mandat de José Manuel Barroso à ce poste clef, le groupe socialiste ne partage pas ce point de vue.

Pour le groupe socialiste, il serait préférable d’attendre les résultats du référendum irlandais, qui doit avoir lieu à l’automne 2009, avant de lancer la procédure de nomination de la prochaine Commission européenne. Il serait possible à cet effet de prolonger de quelques mois le mandat de la Commission actuelle afin de faire coïncider l’entrée en fonction d’un nouveau collège avec l’éventuelle entrée en vigueur du traité de Lisbonne, ce qui pourrait être envisageable en janvier 2010. Car si les résultats du référendum irlandais le permettent, les changements seront nombreux avec l’entrée en vigueur du nouveau traité, et Robert Goebbels de citer par exemple le fait que le futur "ministre des affaires étrangères de l’UE" fera partie du collège des commissaires européens, que l’UE sera dotée d’un Président, ou encore que le Parlement européen, dont le nombre de membres passera dans un premier temps à 754, aura plus de pouvoirs.

Robert Goebbels verrait là un "nouveau départ pour l’Europe", et il serait pour sa part heureux que ce dernier se fasse avec une nouvelle figure à la tête de la Commission. Ses préférences vont aux dames, et il cite à titre d’exemple Margot Wallström, membre de la Commission européenne en charge des relations institutionnelles et de la communication, ou encore Anna Diamantopoulou, membre, de 1999 à 2004, de la Commission Prodi en charge de l'Emploi et les Affaires Sociales.

Mais tout dépendra, pour commencer, des décisions que prendront les chefs d’Etats et de gouvernement lors du Conseil européen des 19 et 20 juin 2009.