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Traités et Affaires institutionnelles
José Manuel Barroso a dévoilé à l’attention des députés européens ses orientations politiques pour un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne
Le député européen Frank Engel est pour sa réélection, Charles Goerens est plus négatif
03-09-2009 / 04-09-2009


José Manuel Barroso présentant ses orientation en conférence de presse le 3 septembre 2009. Photo extraite de la vidéo de la Commission européenneLe président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a adressé le 3 septembre 2009 au président du Parlement européen, Jerzy Buzek, ses grandes orientations politiques pour le mandat de la prochaine Commission européenne. Barroso est candidat à sa propre succession et bénéficie du soutien unanime des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE.

Ce document, dont vous pouvez lire le texte intégral en cliquant ici, expose les objectifs et les idées qui devraient guider selon Barroso l'établissement d'un partenariat politique entre la Commission et le Parlement au cours des cinq prochaines années.

Au Parlement européen, le camp conservateur, qui aurait déjà voulu avaliser une nomination de Barroso à la tête de la prochaine Commission européenne en juillet dernier, ne dispose pas - avec les 265 sièges du PPE et les 55 sièges des conservateurs eurosceptiques qui lui sont acquis – de la majorité nécessaire de 369 voix. La prochaine échéance pour une éventuelle nomination par le Parlement européen de Barroso, contre lequel aucun rival ne s’est jusque là présenté, est le 15 et 16 septembre 2009.

Pour pouvoir se baser sur une majorité solide, José Manuel Barroso veut convaincre les groupes politiques du arlement européen de lui accorder leur soutien, y compris ceux qui rejettent sa candidature, comme les Verts et une partie des socialistes et libéraux – divisés sur la question de sa reconduction. José Manuel Barroso les rencontrera la semaine prochaine.

C’est à ce titre qu’il a publié ses orientations politiques. Ce texte constitue une sorte de réponse presque point par point aux reproches qui lui ont été adressés en 2008 et 2009 surtout, et qui visaient son libéralisme, l’hostilité de sa Commission à l’égard de la dimension sociale dans certains domaines liés au monde du travail (temps de travail,Orientations politiques pour la prochaine Commission de José Manuel Barroso directive services, directive détachement des travailleurs), son attitude jugée passive au début de la crise et dernièrement, au G20 d’avril 2009, sa tendance à être plus sensible aux intérêts de certains grands Etats de l’UE dans des enceintes multilatérales qu’à l’intérêt de l’UE dans son ensemble, ce qui a été perçu comme une atteinte à la méthode communautaire.

Les grands axes du texte de Barroso

Dans ses orientations, Barroso prône "un agenda de transformation" d’une Europe qui doit être unie pour disposer "de la masse critique nécessaire" qui lui permettra de façonner "le nouvel ordre mondial", sous peine de devenir "sans pertinence".

"Mon premier mandat consistait à consolider l'Europe à 27", dit Barroso de son travail entre 2005 et 2009. Maintenant, à l’orée d’un éventuel deuxième mandat, il s’agit d’abord de définir "nos priorités dans une perspective à plus long terme: une vision pour l'UE à l'horizon 2020".

Ainsi, il veut que soit revue "l'actuelle stratégie de Lisbonne pour être prêts à aborder l'après-2010, en la transformant en une stratégie de convergence et de coordination de manière à réaliser cette vision intégrée de l’UE à l’horizon 2020". Cinq axes qui exigent "des actions immédiates et d’autres à plus long terme" sont ainsi projetés:

  • garantir une sortie de crise efficace
  • être à la pointe de la lutte contre le changement climatique
  • développer de nouvelles sources de croissance durable et de cohésion sociale
  • faire avancer l'Europe des citoyens
  • ouvrir une nouvelle ère pour l'Europe en tant qu'acteur global

La réaction de la presse européenne

La presse européenne a réagi à la publication avec des titres ou sous-titres comme "Barroso découvre sa veine sociale" (Neue Zürcher Zeitung), "Le sphinx de la politique sociale – Barroso brigue les voix de la gauche, des verts et des libéraux tout en évitant des engagements clairs" (Süddeutsche Zeitung), "Flatter tous les bords", (Le Figaro). Jean Quatremer, le spécialiste européen de Libération, se demande dans ses coulisses de Bruxelles : "Ce long catalogue, dans lequel chaque famille politique trouvera un écho à ses préoccupations (plus d'Europe sociale, plus de régulation financière, plus de libre marché, plus de mondialisation heureuse, moins de chômage, etc.), sera-t-il suffisant pour emporter l'adhésion ?"

L’attitude des députés européens luxembourgeois Engel et Goerens

Le député européen Frank Engel (PPE) est selon RTL Radio Lëtzebuerg en faveur de la réélection de Barroso. D’une part, pour que le processus de nomination du président de la Commission cesse de traîner en longueur. D’autre part, pour que soit mis fin au chaos institutionnel qui est actuellement entretenu par le parti bavarois CSU et en République tchèque autour de la ratification du traité de Lisbonne en Irlande. 

L‘eurodéputé libéral Charles Goerens (ALDE), dont l’attitude défiante à l’égard du président de la Commission est notoire, voudrait quant à lui justement attendre jusqu’à ce que la question de savoir si l’UE disposera ou non d’un nouveau traité soit tranchée. Le 4 septembre 2009, il a expliqué sur RTL Radio Lëtzebuerg : "La Commission actuelle peut continuer à travailler jusqu’à l’investiture de la nouvelle Commission. Je ne vois donc pas de raison d’être pressé. Si on pouvait attendre la ratification du traité de Lisbonne - et cela durera au maximum deux mois – on y verrait plus clair." Et d’ajouter : "Si je dois prendre mes responsabilités, je les assumerai, tôt ou tard. Mais je préférerais plus tard."

Charles Goerens souhaite également que "les institutions européennes - notamment la Commission, qui est le moteur et la gardienne des traités - fassent tout pour relever les grands défis et que la valeur ajoutée de l’Union européenne soit clairement reconnaissable". Mais il regrette le manque de certaines avancées plus précises dans le texte de Barroso. "Par exemple, il ne parle pas de l’équilibre institutionnel qui a été troublé", a souligné Charles Goerens, ajoutant que "le Conseil n’a pas fonctionné comme il l’aurait dû, particulièrement pendant l’année passée, ce que le Luxembourg a éprouvé à ses dépens. La méthode communautaire a sombré lorsque quatre pays se sont permis de parler au nom des autres, et cela sans consultation préalable", a-t-il conclu en faisant référence au G20 d’avril 2009. Pour l’eurodéputé, "il ne peut en être ainsi", et il aurait "au moins attendu un mea culpa". Conclusion : Barroso n’aura pas sa voix.