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Economie, finances et monnaie
Tous les regards se fixent sur la Grèce alors qu’Eurostat a revu à la hausse son déficit public pour 2009
L’UE a connu une nette hausse de sa dette publique et de son déficit public entre 2008 et 2009
22-04-2010


L’Office européen des statistiques, Eurostat, a livré le 22 avril 2010 sa première notification au sujet du déficit public et de la dette publique dans l’UE en 2009. Il en ressort que, alors que le PIB a diminué, déficit public et dette publique se sont eux accrus en 2009 par rapport à 2008 et ce que ce soit dans la zone euro (ZE16) ou dans l’ensemble de l’UE (UE27).

Le déficit public a quasiment triplé entre 2008 et 2009

Dans la zone euro, le ratio du déficit public par rapport au PIB a augmenté, passant de 2,0 % en 2008 à 6,3 % en 2009, et dans l’UE27 de 2,3 % à 6,8 %. En 2007, avant la crise, il était de 0,6 % dans la zone euro et de 0,8 % dans l’UE27. 

En 2009, les déficits publics les plus élevés, par rapport au PIB, ont été observés en Irlande (-14,3 %), en Grèce  (-13,6 %), au Royaume-Uni (-11,5 %), en Espagne (-11,2 %), au Portugal (-9,4 %), en Lettonie (-9,0 %), en Lituanie (-8,9 %), en Roumanie (-8,3 %), en France (-7,5 %) et en Pologne (-7,1 %).

Aucun État membre n'a enregistré un excédent public en 2009.

Les plus faibles déficits ont été enregistrés en Suède (-0,5 %), au Luxembourg (-0,7 %) et en Estonie (-1,7 %). Au total, vingt-cinq États membres ont enregistré une détérioration de leur solde public exprimé en pourcentage du PIB en 2009 par rapport à 2008, et deux (l'Estonie et Malte) une amélioration.

Le déficit (respectivement l’excédent) public est défini comme le besoin (respectivement la capacité) de financement de l'ensemble du secteur des administrations publiques (administration centrale, administrations d'états fédérés, administrations locales, et administrations de sécurité sociale). Il est calculé selon les concepts de la comptabilité nationale.

La dette publique a connu une croissance d’environ 10 % du PIB entre 2008 et 2009

Le ratio de la dette publique par rapport au PIB a crû dans la zone euro, de 69,4 % à la fin de 2008 à 78,7 % à la fin de 2009, et dans l’UE27, de 61,6 % à 73,6 %.

A la fin de 2009, les plus bas niveaux de dette publique par rapport au PIB ont été relevés en Estonie (7,2 %), au Luxembourg (14,5 %), en Bulgarie (14,8 %), en Roumanie (23,7 %), en Lituanie (29,3 %) et en République tchèque (35,4 %).

Douze États membres ont affiché un ratio de dette publique supérieur à 60 % du PIB en 2009 : l’Italie (115,8 %), la Grèce (115,1 %), la Belgique (96,7 %), la Hongrie (78,3 %), la France (77,6 %), le Portugal (76,8 %), l’Allemagne (73,2 %), Malte (69,1 %), le Royaume-Uni (68,1 %), l'Autriche (66,5 %), l'Irlande (64,0 %) et les Pays-Bas (60,9 %).

La dette publique est la dette brute consolidée de l’ensemble du secteur des administrations publiques en fin d’année (en valeur nominale).

Les dépenses publiques dépassent de plus de 6 % les recettes publiques

En 2009, les dépenses publiques dans la zone euro ont représenté 50,7 % du PIB et les recettes publiques 44,4%. Dans l’UE27, elles ont été respectivement de 50,7 % et 44,0 %. Entre 2008 et 2009, le ratio des dépenses publiques a augmenté dans les deux zones, tandis que celui des recettes publiques a diminué.

Le cas du Luxembourg

Si le Luxembourg fait figure de bon élève tant pour ce qui est de son déficit public que de sa dette publique, il convient cependant de souligner à quel point, dès 2008, ceux-ci ont connu une envolée par rapport à 2007.

En effet, en 2007, pour un PIB estimé à 37,44 milliards d’euros, le Luxembourg avait un excédent de 1,3 milliards d’euros, soit 3,6 % du PIB. En 2009, le PIB atteignait 37,75 milliards d’euros et le déficit 278 millions d’euros, soit 0,7 % du PIB. De même la dette publique a plus que doublé par rapport à 2007 où elle atteignait 2,5 milliards d’euros contre 5,46 en 2009.

Le cas de la Grèce attire toute l’attention

Si la Grèce n’a pas affiché le déficit le plus élevé en 2009, dépassée en cela par l’Irlande, sa situation financière particulièrement difficile fait que les chiffres donnés par Eurostat à son sujet attirent toute l’attention. Eurostat a en effet estimé le déficit public grec en 2009 à 13,6 % du PIB, contre 12,9 % annoncés jusqu'ici par Athènes. Il s'agit déjà de la troisième révision du chiffre du déficit grec pour l'an dernier et Eurostat a prévenu que le chiffre pourrait encore être modifié.

Dans son communiqué, Eurostat exprime en effet "une réserve sur la qualité des données déclarées par la Grèce, en raison des incertitudes sur l'excédent des caisses de sécurité sociale pour 2009, sur le classement de certains organismes publics et sur l'enregistrement des swaps hors taux de marché". Après l'achèvement de l'enquête qu'Eurostat a entreprise sur ces questions en collaboration avec les autorités statistiques grecques, cela pourrait conduire à une révision pour l'année 2009 de l'ordre de 0,3 à 0,5 point de PIB pour le déficit et de 5 à 7 points de PIB pour la dette.

Les conséquences de cette annonce ne se sont pas fait attendre puisque le marché obligataire a aussitôt réagi en délaissant encore davantage les titres de l'Etat grec, ce qui a mécaniquement poussé les taux à de nouveaux records. Pour emprunter sur les marchés à 10 ans, la Grèce doit maintenant le faire à plus de 8,5 %, un taux extrêmement pénalisant pour ses finances publiques.