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Economie, finances et monnaie - Traités et Affaires institutionnelles
A quelques jours du sommet européen, Jean Asselborn indique que si tous les Etats de la zone euro arrivent à maîtriser la crise de l’euro, la question des "euro-obligations" cesserait de facto d’être pertinente
13-12-2010


Dans le contexte de la polémique autour des "euro-obligations", le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, a donné le lundi 13 décembre 2010 une interview au journaliste Stefan Heinlein de la chaîne de radio Deutschlandfunk où il défend l’idée de l’obligation européenne. Au cours de cet entretien Jean Asselborn a également déclaré que la question des dettes souveraines ne pourra pas être résolue par le simple rejet du principe des "eurobonds", mais plutôt par le biais d’une démarche européenne qui les rendra superflus.

DeutschlandfunkDans cette interview, Jean Asselborn commence par souligner le fait que l’idée des euro-obligations lancée par Jean-Claude Juncker n’est ni une idée luxembourgeoise ni une idée nouvelle. Le concept a fait son apparition dans les cercles de réflexion du temps de Jacques Delors et l’idée a été lancée et défendue par Jean-Claude Juncker en sa qualité de président de l’Eurogroupe. Aux yeux du ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, cette idée exprime avant tout la solidarité européenne. Mais, regrette-t-il, dans le contexte actuel, l’idée semble être rejetée par la France et l’Allemagne, parce que la première aurait à porter 20 % et l’autre 27 % du poids total des charges financières qui découleraient d’une éventuelle concrétisation de l’idée des eurobonds. Jean Asselborn déplore cette vision arithmétique du concept et se désole d’avoir à constater que tout ce qui n’est pas élaboré et décidé pars les deux grands pays ne peut avoir droit de cité dans l’UE.

Jean Asselborn souligne la nécessité de résoudre la crise l’euro "de manière européenne" et non pas de manière nationale

Mais quid du coût supplémentaire de 17 milliards que les obligations européennes coûteraient au contribuable allemand, veut savoir le journaliste du Deutschlandfunk. Ce chiffre avancé par la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) le 12 décembre 2010 et a été repris depuis par bon nombre de journaux européens voir internationaux. Pour Jean Asselborn, ce chiffre remet au goût du jour "l’histoire que l’Allemagne est le trésorier [de l’Europe] et que les Allemands n’acceptent pas cela". Pour Jean Asselborn, l’Allemagne exporte pour 800 milliards d’euros, dont la moitié va vers l’UE et "cela ne serait jamais possible sans l’euro, sans marché intérieur". La crise de l’euro doit être maîtrisée par tous les Etats de la zone euro, de manière européenne, non de manière nationale, à moins de s’exposer au risque d’échouer.

Concernant le Conseil européen des 16 et 17 décembre 2010, le ministre a précisé qu’il ne sera pas question d’euro-obligations. Et l’on n’en parlera plus selon Jean Asselborn si l’on arrive à stabiliser l’euro. Maintenant, il s’agit pour lui de ne plus attiser les convoitises des spéculateurs. Il s’agira d’amender l’article 136 du traité de Lisbonne au cours du sommet à venir et de ne plus parler de suspension de droit de vote, d’implication indifférenciée du secteur privé et de dernier recours. Ensuite, il faudra veiller à ce que le mécanisme de stabilité permanent soit en place au 1er juin 2013. Mais la chose la plus importante est pour Jean Asselborn que l’on arrête de remettre en cause l’existence de l’euro, une question incompatible avec l’idée de l’Europe et de son intégration. Si l’on poursuit ces trois objectifs, la question des eurobonds ne se posera plus.

Il faudrait qu’on parle "plus d’Europe et de solidarité" en Allemagne, estime Jean Asselborn

Reste que pour Jean Asselborn, ce serait mieux si l’on parlait un peu moins en Allemagne de la chose nationale, de sa condition de "trésorier" et qu’au lieu de se focaliser sur ces thèmes on parle plus d’Europe et de solidarité, "même si cela devait coûter 17 milliards à l’Allemagne". Un échec de l’euro lui coûterait bien plus.