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Terres rouges – Histoire de la sidérurgie luxembourgeoise- 2e fascicule : Des articles de fond signés Josef Brandt et Charles Barthel placent l'industrie lourde nationale dans son contexte européen
02-12-2010


Terres Rouges 2Après un premier fascicule de Terres rouges – Histoire de la sidérurgie luxembourgeoise essentiellement focalisé sur le Grand-Duché, présenté par Europaforum.lu en septembre 2009, le deuxième fascicule de la série, qui vient de paraître, contient deux articles de fond qui placent l'industrie lourde nationale dans son contexte européen, mais qui permettent aussi de voir que l’Europe a été souvent divisée, mais qu’elle n’en a pas moins perduré entre échec et résilience.    

Tony Rollmann, une carrière dans la sidérurgie et dans les premières institutions européennes

Le premier article, écrit par Josef Brandt, – un ancien responsable commercial de l'Eschweiler Bergwerks-Verein qui vient de défendre avec succès sa thèse de doctorat (Von der Internationalen Rohstahlgemeinschaft zur Europäischen Gemeinschaft für Kohle und Stahl) devant la faculté philosophique de la Rheinisch-Westfälische Technische Hochschule –  retrace la carrière exceptionnelle du Luxembourgeois Tony Rollman, une carrière à bien des égards caractéristique de l'entrelacement de la compagnie sidérurgique ARBED et de la diplomatie internationale.

Rollman a débuté son parcours professionnel comme agent de la COLUMETA, avant de se faire recruter par le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois Joseph Bech pour représenter le Grand-Duché à la Economic Commission for Europe (UNECE) qui s'installe en 1947 à Genève, dans un contexte où la remise en marche de la production industrielle, et notamment sidérurgique, après la Deuxième Guerre mondiale, rend nécessaire une collaboration accrue entre les États.

Devenu en 1948 directeur du département de l'acier de l'United Nations Economic Commission for Europe  (UNECE), puis de la CECA à partir de 1952, son rôle dans la restructuration de la sidérurgie continentale de l'après-guerre est peu connu, mais cela n'empêche pas cet homme dont les lumières sont appréciées dans les milieux industriels et politiques tant européens qu’américains, de développer des solutions qui permettent de relever le défi d'une globalisation de plus en plus marquée de la question sidérurgique. C'est du moins ce que suggère dans sa thèse et son article Josef Brandt en avançant que Rollman a peut-être plus  influencé la genèse du Plan Schuman qu'on ne le supposerait.

La CECA et la crise sidérurgique des années 60

Le deuxième article, en fait un opus de plus de 150 pages, signé Charles Barthel, qui est historien et directeur du Centre d'études et de recherches européennes Robert Schuman, relate la crise de la sidérurgie des "Golden Sixties". Charles Barthel révèle le naufrage de la Haute Autorité du Marché commun, devant la chute des prix de l'acier au cours des années 1960, une chute des prix qui confronte la sidérurgie européenne à une grave crise qui préfigure à bien des égards le désastre qu’elle subira une décennie plus tard.

Paralysé par des querelles intestines et privé du soutien des gouvernements, l'organe suprême du Plan Schuman s'avère impuissant. Les barons du fer profitent de son éclipse pour créer un super-cartel régulateur des prix, de la production d'acier brut et des livraisons de produits finis. Leur "CECA fantôme" ne résiste cependant pas aux intérêts souvent divergents des différents groupements sidérurgiques européens. Malgré quinze ans de Marché commun, une sidérurgie tant soit peu "européenne" ne semble pas exister. La grande crise sidérurgique des années 70 touche des entreprises européennes souvent exsangues, épuisées par leurs propres rivalités!

Dans le cadre des efforts de valorisation des archives industrielles, Corinne Schroeder et Michel Kohl présentent une série de courts extraits des témoignages recueillis auprès d'anciens ouvriers métallurgistes, d'employés, des cadre d'usines, de dirigeants d'entreprises …, sans oublier la première femme-ingénieur recrutée par l'Arbed, qui, tous, racontent leurs débuts de carrière dans la sidérurgie. Quitte à confirmer certains clichés, les interviews lèvent le voile sur un tas d'aspects moins connus, comme l'ambiance très spéciale qui a dû régner dans les étages de direction des sociétés métallurgiques, les démêlés entre jeunes et anciens ou entre travailleurs luxembourgeois et italiens, belges ou allemands.

Gilles Regener présente finalement en annexe le plus récent inventaire confectionné par les Archives Nationales de Luxembourg: le fonds des anciens plans, cartes et dessins hérités de l'Arbed.

Le fascicule Terres Rouges 2 a l'ISBN 999596353-1.