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Développement et aide humanitaire - Politique étrangère et de défense
ASTM et SOS Faim Luxembourg appellent à un changement de cap dans le dossier des Accords de partenariat économique entre UE et pays ACP
07-03-2011


Le 7 mars 2011, l’Action Solidarité Tiers Monde (ASTM) et SOS Faim Luxembourg ont invité à une conférence de presse sur les Accords de Partenariat Economique (APE). Les négociations pour ces accords de libre-échange entre l’Union européenne et les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) sont déjà en cours depuis 2002 et démontrent selon les deux ONG l’échec de la politique commerciale de la Commission européenne envers les pays ACP.SOS Faim et ASTM ont lancé le 7 mars 2011 un appel à la Chambre des députés et au gouvernement luxembourgeois pour qu'ils s'impliquent plus dnas les négociations APE

Depuis quelques années, l’Action Solidarité Tiers Monde et SOS Faim Luxembourg sont liés par un accord cadre avec le Ministère des Affaires étrangères qui leur permet le financement de leurs partenaires ouest-africains. En même temps les deux associations de développement collaborent en matière politique, surtout en ce qui concerne les relations entre l’Union européenne et l’Afrique de l’Ouest. Dans ce contexte, les deux associations partagent leurs préoccupations par rapport aux négociations APE.

"Aussi bien l’ASTM que SOS Faim Luxembourg travaillent en Afrique de l’Ouest notamment avec des partenaires actifs en milieu rural. Ces organisations nous font régulièrement part de leur crainte : les APE pourraient mettre en péril leur souveraineté alimentaire", explique Marine Lefebvre de SOS Faim Luxembourg. En effet, les APE prévoient que plus de 80 % des exportations européennes pourront entrer sur le marché ouest-africain sans droits de douane, parmi lesquelles de nombreux produits agricoles. Les petits paysans locaux pourraient en faire les frais, puisqu’ils ne peuvent pas concurrencer la production subventionnée de l’Europe.

"Les APE sont certainement un des plus importants échecs en matière commerciale dans l’histoire de l’Union européenne"

"Depuis 2002, l’UE négocie ces accords de libre-échange avec les pays ACP, accords censés favoriser le développement", selon Marc Keup de l’ASTM. Mais les pourparlers n’ont plus connus d’avancée significative depuis la fin de l’année 2007, et ce "surtout parce que la Commission européenne campe sur des positions qui ne sont pas acceptables pour les pays ACP". Cette situation est à l’origine d’importantes tensions diplomatiques, surtout entre l’Europe et l’Afrique, et a mené vers une fragmentation des relations commerciales entre les deux continents. "Les APE sont certainement un des plus importants échecs en matière commerciale dans l’histoire de l’Union européenne", affirme Marc Keup.

Dans ce contexte, les deux associations appellent le gouvernement et la Chambre des députés à suivre plus intensément le dossier des APE et à intervenir auprès de la Commission européenne en faveur d’un changement de cap, surtout que six des dix pays partenaires de la coopération luxembourgeoise sont directement impliqués. "Nous recommandons au gouvernement et à la Chambre des députés d’échanger avec leurs collègues de nos pays partenaires sur les négociations APE. Un partenariat ne comprend pas uniquement le financement de projets de coopération. Le Luxembourg doit également défendre les intérêts de ses pays partenaires sur un plan politique", explique Marc Keup.

Afin d’encourager un débat sur cette question au niveau national, l’Action Solidarité Tiers Monde a commandité un papier de synthèse, qui permet de se familiariser avec les APE. Ce document a la vocation de permettre un accès facile à une matière assez complexe. Selon l’auteur, Tobias Wildner, "le papier de synthèse passe en revue le déroulement des pourparlers depuis 2002, explique les principaux points de discorde et donne un aperçu sur différents scénarios possibles pour l’avenir".

A la fin de la conférence de presse, le document a été remis à Ben Fayot, président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des députés, le priant de s’impliquer davantage dans les négociations APE.

"Je remercie les ONG pour ce travail fourni aujourd’hui et dans le passé, sans lequel les parlementaires seraient passés à côté de cette problématique importante. Il faut que les parlements nationaux jouent leur rôle et interpellent la Commission européenne, afin de trouver des solutions fines et nuancées qui permettent aux économies des pays ACP de s’intégrer dans le commerce mondial, tout en leur laissant la possibilité de protéger leurs marchés ruraux et la culture vivrière", a déclaré Ben Fayot.