Principaux portails publics  |     | 

Justice, liberté, sécurité et immigration - Politique étrangère et de défense
Selon Jean Asselborn, la Serbie peut devenir candidat à l'UE, même si l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie fugitif, Ratko Mladic, recherché pour crimes de guerre, n'est pas arrêté
17-05-2011


Lors de sa visite de travail à Belgrade le 17 mai 2011, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a abordé avec son homologue serbe, Vuk Jeremic, la question du rapprochement de la République de Serbie avec l’Union européenne.Jean Asselborn à Belgrade, Serbie, le 17 mai 2011

La coopération avec le TPI

Jean Asselborn a souligné que le Luxembourg continue à soutenir les aspirations de la Serbie ainsi que des autres pays des Balkans occidentaux et a exprimé, malgré le pessimisme régnant actuellement dans l’UE, l’espoir de voir progresser rapidement les travaux en la matière.   Belgrade a déposé sa candidature à l'UE fin 2009 et espère obtenir le statut de candidat au bloc des 27 d'ici décembre 2011.

Dans ce contexte, Jean Asselborn a rappelé que le Grand-Duché a été parmi les premiers Etats membres de l’UE à avoir ratifié l’accord de stabilité et d’association (ASA) entre l’Union européenne et la Serbie.

Jean Asselborn a également salué les améliorations récentes dans le domaine de la coopération des autorités serbes avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPI). Selon lui, la Serbie peut devenir candidat à l'Union européenne, même si l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie fugitif, Ratko Mladic, recherché pour crimes de guerre, n'est pas arrêté, ainsi qu’il l’a indiqué lors d’une conférence de presse. "La condition n'est pas que Mladic et (l'autre fugitif restant) Goran Hadzic soient arrêtés et transférés, mais c'est la volonté politique et l'efficacité dans la coopération de votre gouvernement avec le TPI", a-t-il déclaré.

Ratko Mladic a été inculpé par la justice internationale pour génocide et crimes contre l'humanité pour son rôle dans la guerre en Bosnie de 1992-1995. Le leader politique des Serbes de Croatie, Goran Hadzic, est recherché pour des crimes commis au  cours de la guerre en Croatie de 1991-1995.

"J'espère que la Serbie sera en mesure de transférer Mladic et Hadzic à la  Haye dans un futur (proche)", a indiqué Jean Asselborn suite à la réunion avec Vuk Jeremic. Si cela n'est pas le cas, la chose la plus importante pour Belgrade, selon  lui, serait de montrer "la volonté politique (...) à le faire". Cela serait "prendre la bonne direction et Jean Asselborn et son homologue Vuk Jeremic, Belgrade, le 17 mai 2011j'espère que nous, dans l'Union européenne pourrons l'analyser en automne de manière politique et prendre une  décision positive", a-t-il ajouté.

Le procureur principal du TPI, Serge Brammertz, a pour sa part indiqué le 11 mai 2011 à Belgrade que la Serbie "peut et doit faire plus" pour arrêter les fugitifs en soulignant qu'il "n'y  avait pas d'alternative" à ces arrestations.

Dans un entretien avec le Tageblatt, Jean Asselborn a "expressément" invoqué le précédent de la Croatie en 2004, qui est devenue candidate à l’adhésion à l’UE sans que le général croate recherché pour crimes de guerre Ante Gotovina ne soit arrêté. Ante Gotovina fut arrêté un an et demi après et a été entretemps condamné le 15 avril 2011 à 24 ans de prison par le TPI. Cette condamnation a été d’ailleurs très mal accueillie par l’opinion publique en Croatie, où la cote de l’UE est tombée à moins de 35 % et où il y a eu des manifestations massives de soutien au criminel de guerre condamné.

La libéralisation de la délivrance de visas pour les citoyens serbes

Jean Asselborn a également attiré l’attention de son interlocuteur sur les conséquences pour le Luxembourg de la libéralisation du régime des visas pour les ressortissants serbes et qui avait été déjà le sujet d’une visite à Luxembourg du vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur serbe, Ivica Dačić, le 5 mai 2011, une visite marquée par l’annonce de mesures en partie  spectaculaires par la partie serbe.

Jean Asselborn a déclaré que, malgré l’afflux récent de demandeurs d’asile en provenance notamment de ce pays, le Luxembourg continuait à soutenir la libéralisation, qui représente un instrument essentiel pour rapprocher concrètement les populations des Balkans et de l’Union européenne. Il s’est félicité des mesures prises par les autorités serbes pour lutter contre les abus de la libéralisation, tels que des campagnes d’information relatives aux droits et obligations des personnes concernées. Il a estimé que les premiers effets de ces mesures se font déjà sentir sur le nombre de demandeurs d’asile en provenance de Serbie.

En effet, selon des chiffres du Ministère de l’Immigration publiés sur le site de l’ASTI, le nombre de demandeurs d'asile arrivés au Luxembourg est retombé en avril 2011 à 147, après avoir culminé à 237 en mars 2011. A noter qu’en avril 2011, la moitié des demandeurs d’asile sont venus de Macédoine, autre pays des Balkans occidentaux et officiellement  candidat à l’adhésion depuis décembre 2005.

Le Kosovo

Finalement, Jean Asselborn a félicité son homologue pour la disponibilité des autorités serbes à lancer un dialogue pragmatique avec les autorités du Kosovo en vue d’apporter des améliorations concrètes aux conditions de vie des populations. Même si la Serbie se refuse à reconnaître l’indépendance de sa province proclamée en 2008 et reconnue entre autres par le Luxembourg et les Etats membres de l’UE, sauf l’Espagne, un de ses ministres s’est rendu à Pristina même pour des entretiens. Pour Jean Asselborn, "on a brisé la glace".