Principaux portails publics  |     | 

Politique étrangère et de défense
La présidence polonaise a présenté les enjeux d’un Sommet pour un Partenariat oriental qui s’annonce difficile
26-09-2011


Le gouvernement polonais veut faire du sommet pour un Partenariat Oriental, qui se tiendra les 29 et 30 septembre 2011 à Varsovie, l’événement diplomatique majeur de sa présidence du Conseil de l’UE.

A l’issue de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères européens à Sopot, le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, a déclaré : "Nous sommes en bonne voie vers un texte fort de déclaration et vers des décisions importantes sur le début des négociations avec la Géorgie et la Moldavie, au sujet d’une zone approfondie de libre-échange, et dans la perspective de finaliser ces négociations avec l’Ukraine".

D’autres questions que la présidence polonaise voudrait voir abordées sont la libéralisation des visas et une déclaration sur les "perspectives européennes" des partenaires orientaux (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie et Ukraine). Pour Radoslaw Sikorski, une des conditions pour que la libéralisation des visas puisse être envisagée est "une bonne infrastructure frontalière et un contrôle migratoire efficaces grâce à des bases de données". La question d’une déclaration sur les perspectives européennes de ces pays s’avère plus difficile, vu la réticence de certains Etats membres de l’UE.

Des pays moins distants qu’on ne le pense, mais pas faciles

Le 26 septembre 2011, l’ambassadeur de Pologne au Luxembourg, Bartosz Jałowiecki, a invité le directeur du Centre for Eastern Studies à Varsovie, Olaf Osica, à s’adresser à la presse et au corps diplomatique sur la question du Partenariat oriental. Olav Osica, directeur du Centre for Eastern Studies

Dans son introduction, l’ambassadeur a souligné l’importance que la Pologne attache à ce partenariat dont sa sécurité dépend. Percevoir les pays en question comme "distants" est aussi faux que la distance des pays d’Europe centrale et orientale qui a pu être perçue après 1989. A l’époque néanmoins, l’UE avait selon lui très vite compris et aidé la Pologne et les autres pays avec les programmes PHARE. Et c’est dans ce sens que l’UE devrait aller avec ses "partenaires orientaux" en lançant un "message clair", qui n’exclurait pas à terme une adhésion à l’UE.

Pour Olaf Osica, le Partenariat oriental lancé en 2009 est un aspect important de la politique de voisinage de l’UE. Il est la conséquence du grand élargissement de 2004. Il se distingue du partenariat de l’Union pour la Méditerranée avec les pays de la rive Sud du bassin méditerranéen par le fait qu’il n’a pas de propre secrétariat, pas de propre budget, pas de procédures propres, mais que tout est géré par la Commission.

Le tableau dressé par Olaf Osica est complexe. Le Belarus est une dictature, et il n’y a pas de vrai dialogue avec ce pays. L’Ukraine a mieux évolué que l’on aurait pu le croire avec le partenariat et a été contrainte d’accepter certaines règles politiques, même si l’affaire Timoshenko constitue une hypothèque. L’Azerbaïdjan est essentiel pour la sécurité énergétique de l’Europe, mais le conflit qui l’oppose à son voisin, l’Arménie, à cause de la région du Karabakh, fait que la géopolitique du Caucase influe fortement sur la situation. Idem avec la Géorgie, soumise à des pressions séparatistes, et la Moldavie, confrontée à la sécession de Transnistrie.

Selon Olaf Osica, il faudrait peut-être moins parler de sécurité et de géopolitique, mais plus de problèmes qui concernent les citoyens, l’économie, la circulation des personnes, la migration. Car, pour Olaf Osica, cette région qui était intégrée à l’URSS doit de nouveau être intégrée dans un ensemble plus vaste. Et pour cela, il faut parler avec eux et ils doivent se parler entre eux.

Olaf Osica a ensuite plaidé pour un financement du Partenariat oriental dans le cadre de la planification financière pluriannuelle de l’UE 2014-2020 équivalent aux financements qui iront aux pays du Sud de la Méditerranée. Il s’agit d’une opportunité à ne pas laisser aller tant qu’il en est encore temps, afin de "ne pas perdre ces pays".

Un portail vers le Partenariat oriental

www.easternpartnership.orgLe conférencier a présenté un portail Internet, Eastern Partnership Community, qui est animé par son institut de recherches et qu’il a qualifié "d’encyclopédie sur le Partenariat oriental" pour les experts et mandataires politiques qui se concentrent sur l’Europe orientale et le Caucase du Sud et l’UE.

Débats, prises de positions, actualités, analyses et recherche y sont présentés de manière pluraliste et impartiale sur la situation dans les pays de cette partie de l’Europe et sur la politique de l’UE à leur égard.

La Russie et le Partenariat oriental

Au cours de la discussion qui a suivi sa présentation, Olaf Osica a mis l’accent sur la méfiance d’une Russie fixée sur les questions énergétiques quand il s'agit de l’approche de l’UE vis-à-vis de l’Ukraine et de la Moldavie après l’élargissement de l’OTAN et de l’UE. Il a insisté sur l’importance qu'il y a à ne pas pousser l’Ukraine à devoir choisir entre la Russie et l’Ouest. L’ambassadeur de Russie par contre a souligné l’intérêt de la Russie pour une approche multidimensionnelle de la région. Il a même suggéré une approche commune des questions de contrôle aux frontières, des questions de société et économiques. Mais pour Olaf Osica, le problème fondamental sur ce plan est le fait que la Russie n’est pas membre de l’OMC. Envisager une zone de libre-échange avec la Russie n’est pas possible tant qu’elle n’est pas membre de l’OMC. Par ailleurs, la Russie ne contrôle plus ses frontières, notamment dans son Est asiatique, objecte Olaf Osica, ce qui fait que des facilitations de visas poseraient problème.

Agir ou ne pas agir ?

Pour l’expert polonais, l’UE devrait par contre avoir un message plus clair envers la Turquie, elle aussi très présente dans la région comme partenaire commercial et investisseur, et pas seulement dans le domaine de l’énergie. Un autre géant qui s’intéresse à la région est la Chine. Raison de plus pour l’UE d’assurer à ses entreprises des entrées sur de nouveaux marchés que les chefs d’entreprises réclameraient. C’est là tout l’enjeu du sommet de Varsovie qui doit lancer émettre un message fort, à savoir que les pays du Partenariat oriental comptent pour l’UE.

Se parler ou ne pas se parler ?

Reste qu’il s’agit, avec l’Ukraine, le Belarus, la Moldavie et le problème de la Transnistrie, avec les trois pays du Caucase du Sud, de partenaires qui entretiennent entre eux des relations difficiles. La rencontre le 14 septembre 2011 entre les députés européens et l’Assemblée parlementaire Euronest a été, du propre aveu d’Olaf Osica, "un désastre politique" à cause d’une dissension majeure entre les pays du Caucase du Sud, la Géorgie et l’Azerbaïdjan d’un côté, et l’Arménie de l’autre. Les premiers ont mis en avant pour une résolution finale le principe de l’intégrité territoriale, sur fond de séparatisme ossète et abkhaze ou d’occupation du Karabakh, le dernier a misé sur l’autodétermination des peuples, à cause des Arméniens majoritaires sur un territoire azéri occupé par l’Arménie.