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Parlement européen
Un rapport de l’Association européenne des jeunes entrepreneurs (AEJE) soutenu par l’eurodéputé luxembourgeois Frank Engel défend la présence du Parlement européen à Strasbourg
14-02-2012


"Le siège dans tous ses états", un rapport sur le siège du Parlement européen publié par l'AEJE le 14 février 2012La fronde contre Strasbourg comme siège du Parlement européen, une polémique qui n’est pas sans avoir des répercussions sur Luxembourg en tant que siège du secrétariat général et des services de traduction, et qui a abouti à une procédure de la France et du Luxembourg devant la CJUE, rebondit.

Après le rapport McMillan-Scott du printemps 2011, après la décision du Parlement européen de mars 2011 de ne pas siéger deux fois à Strasbourg à l’automne, mais de confondre en une seule session ces deux semaines obligatoires, objet du litige devant la CJUE, l’Association européenne des jeunes entrepreneurs (AEJE) a réagi le 14 février 2012 avec la publication d’un rapport intitulé "Le siège dans tous ses états. Pour ou contre le siège du Parlement européen de Strasbourg". La publication de ce rapport a reçu le soutien de l’eurodéputé luxembourgeois Frank Engel (PPE), des eurodéputées françaises Nathalie Griesbeck (ALDE) et Véronique Mathieu (PPE), enracinées dans la Grande Région et l’Est de la France, mais aussi des eurodéputés Libor Roucek, tchèque, social-démocrate et vice-président du Parlement européen , Sandrine Bélier (Verts) et Mariya Nedelcheva, bulgare du PPE.

Lors de la présentation du rapport, Frank Engel a déclaré que "Strasbourg n'a pas à s'excuser d'être la capitale parlementaire de l'Europe". Et tout en saluant les chiffres livrés par le rapport, il a dit que "finalement, les chiffres passent au second plan, car il s’agit d’une question politique. La ville de Strasbourg est un symbole de l’intégration européenne, et la ville de Bruxelles n’est cela que dans un sens restreint".

Les principales conclusions et recommandation du rapport de l’AEJE

Un des aspects marquants du rapport est néanmoins la réfutation des chiffres avancés par les députés "anti-Strasbourg" sur le coût et la pollution causés de la transhumance mensuelle des eurodéputés entre Bruxelles et Strasbourg. Selon le rapport de l’AEJE, le coût du siège strasbourgeois du Parlement européen et des sessions plénières qui y sont organisées quatre jours par mois peut être évalué à 51,5 millions d'euros par an, alors que les députés "anti-Strasbourg", qui réclament régulièrement le rapatriement des sessions à Bruxelles, ont avancé au printemps 2011 un coût de 169 à 203 millions d'euros. La différence entre les deux estimations s'explique selon le principal rédacteur du rapport et président de l'AEJE, Pierre Loeb, par le fait que les "anti-Strasbourg", emmenés par l'eurodéputé libéral britannique Edward McMillan-Scott, ont comptabilisé des dépenses qui devraient de toute façon être engagées même si les sessions avaient lieu à Bruxelles.

L'empreinte carbone des déplacements mensuels est également 4,5 fois inférieure à ce qu'affirment les pro-Bruxelles, selon ce rapport, qui là aussi se réfère à des chiffres fournis par le secrétariat général du Parlement. Par ailleurs, le rapport explique qu’en termes "de respect de l’environnement, le siège de Strasbourg fait figure de pionnier par rapport aux autres implantations du Parlement européen". Les émissions de CO² ont été réduites de 57 % entre 2006 et 2010, grâce aux mesures spécifiques prises dans le domaine de l’énergie (utilisation d’électricité 100% verte notamment) et dans le domaine des transports (recours au train plutôt qu’à l’avion pour les trajets Bruxelles-Strasbourg). Sur la même période, le Parlement européen dans son ensemble a réalisé une économie de 14 % de son empreinte carbone.

Les recommandations de l’AEJE

Sur le plan pratique, le rapport recommande "de créer une fonction de 'médiateur', intermédiaire entre le Parlement européen et les autorités françaises, qui serait chargé de relayer et prendre en compte les attentes, besoins et critiques des parlementaires, assistants et fonctionnaires".

Le rapport n'élude cependant pas les aspects négatifs du site strasbourgeois et recommande d'améliorer notamment sa desserte en transports ou ses capacités d'hébergement.

Pierre Loeb pense qu’il faut relancer, avec la Commission européenne, le projet de ligne directe Bruxelles-Luxembourg-Strasbourg (projet EuroCapRail), un projet dont il a été aussi question à Luxembourg, où les Verts veulent mettre l’affaire à l’ordre du jour de la Chambre des députés. D’autres liaisons à développer sont les liaisons TGV Bruxelles-Strasbourg via Roissy, sans changement. La complémentarité rail-air devrait être développée et Strasbourg être mis à moins d’une heure de l’un des aéroports européens proches, en priorité la desserte entre l’aéroport de Bâle-Mulhouse et Strasbourg. Les transports intra-muros devraient également être améliorés à Strasbourg (tram, billetterie, taxis).

Les difficultés en matière d’hébergement devraient être identifiées conjointement par les différentes parties concernées (autorités, responsables d’établissements hôteliers, administration du Parlement européen et les différentes catégories de clients fréquentant Strasbourg pendant les sessions plénières) pour identifier les difficultés rencontrées de part et d’autre et rechercher les solutions appropriées. Une "Charte de qualité hôtelière", un "Label Parlement européen" pourraient être créés.