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Environnement
"Même sans compter le tourisme à la pompe, nos émissions par habitant restent parmi les plus élevées du monde", rappelle Blanche Weber sur RTL au lendemain de la publication des recommandations de la Commission
31-05-2012


Au lendemain de la publication attendue des recommandations de la Commission dans le cadre du semestre rtleuropéen, RTL Radio Lëtzebuerg diffusait un entretien de la journaliste Lynn Gaspard avec Blanche Weber, la présidente du Mouvement écologique.

La journaliste relevait en effet que, si dans  nombre de domaines, le Luxembourg apparaît comme un élève modèle, tel n’est pas le cas en matière de protection de l’environnement. Ainsi, la cinquième recommandation de la Commission porte-t-elle sur les émissions de gaz à effet de serre, le Luxembourg semblant actuellement loin d’être en mesure de tenir les engagements qu’il a pris pour les réduire de 20 % d’ici 2020.

La protection de l’environnement n’est pas une priorité politique, déplore Blanche Weber

Rien d’étonnant, pour Blanche Weber, au fait que le Luxembourg se soit fait épingler par la Commission. Car, comme bien d’autres pays, le Luxembourg a quelques problèmes en matière d’environnement, constate-t-elle.

La protection de l’environnement n’est, dans les faits, pas une priorité politique, dénonce en premier lieu la militante écologiste. Elle cite l’exemple de la directive relative au traitement des eaux urbaines résiduaires, un dossier sur lequel le Luxembourg a été renvoyé une deuxième fois devant la Cour de Justice en octobre dernier : cela montre selon elle l’importance que le pays et la politique accordent à l’écologie.

Mais Blanche Weber relève aussi un problème plus fondamental, plus systémique, qui consiste à croire que le Luxembourg pourrait avoir une croissance infinie. Or elle n’existe pas, et le Luxembourg paie déjà très cher le prix de sa croissance, explique-t-elle, citant par exemple les pertes en matière de biodiversité, les bouchons, les problèmes de mobilité ou encore les pertes en matière de qualité de vie. Autant d’inconvénients qui ne sont pas maîtrisés, alors que l’on continue à ne parler que de croissance, déplore la militante écologiste.

Un autre problème soulevé par la présidente du Meco, est qu’on continue de faire comme si la croissance nous rendait heureux. "Nous avons besoin de plus de justice sociale, les gens qui sont pauvres ont le droit d’avoir plus, mais au fond, un troisième frigidaire ne va pas nous rendre heureux", explique-t-elle. Elle dénonce un modèle de consommation et de croissance dans lequel elle ne pense pas pouvoir trouver le bonheur et qui mériterait d’être plus largement discuté, en s’interrogeant notamment sur les valeurs auxquelles nous tenons.

Lorsque la journaliste lui demande si d’autres pays pourraient donner l’exemple au Luxembourg, Blanche Weber cite notamment l’exemple de l’Autriche, qui a décidé d’introduire de plus hauts quotas pour l’agriculture biologique, ce qui a contribué à soutenir l’agriculture régionale et la production dans le pays. Or, le Luxembourg importe énormément plutôt que de soutenir ses agriculteurs, constate-t-elle, appelant le Luxembourg à trouver sa propre voie. Et il importe pour cela d’être prêt à mener une discussion honnête sur la façon dont nous voudrons vivre à l’avenir, ce qui n’est pas aisé quand on se perd dans le pragmatisme du quotidien et quand certains lobbies trouvent parfois une oreille plus attentive.

Pour ce qui est des émissions de gaz à effet de serre, un dossier mis en exergue par la Commission dans ses recommandations au Luxembourg, Blanche Weber réfute l’idée selon laquelle il suffirait de mettre fin au tourisme à la pompe pour avoir des émissions moins élevées. "Même sans compter le tourisme à la pompe, nos émissions par habitant restent parmi les plus élevées du monde", affirme-t-elle. Le problème fondamental, à ses yeux, c’est notre façon de produire, de vouloir la croissance et notre style de vie. Et le fait que ces questions ne soient pas une priorité politique est dramatique pour elle. Tout le monde s’accorde à dire que la rénovation des bâtiments créerait de l’emploi, que soutenir les énergies renouvelables permettrait de produire ici, que faire des économies d’énergie réduirait les coûts et donnerait des avantages compétitifs à l’industrie, et pourtant, nous n’agissons pas constate-t-elle.

Pour ce qui est des mesures qui existent au Luxembourg, Blanche Weber appelle à aller au-delà de ce qui est fait. Elle cite notamment l’exemple de la stratégie de mobilité que le gouvernement vient de présenter, et elle souligne que, du point de vue du Méco, les transports publics auraient dû être la priorité absolue. Elle souligne d’ailleurs que toutes les offres de transport publics qui sont proposées aux frontaliers et qui tiennent la route sont très bien acceptées, ce qui devrait tenir lieu de signal pour les politiques. Et pour ce qui est de l’électro-mobilité, Blanche Weber, qui salue les efforts faits, souligne aussi que la meilleure énergie est celle qui n’est pas consommée, et que le plus grand potentiel réside donc dans les transports publics et la mobilité douce.