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Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination
Viviane Reding plaide pour l’introduction de quotas de femmes dans les instances dirigeantes des entreprises cotées en bourse et vante les mérites du modèle de la flexicurity
20-06-2012


Dans un entretien qu’elle a accordé au journaliste Jakub Adamowicz et qui est publié dans le Luxemburger Wort daté du 20 juin 2012, la commissaire en charge de la Justice et des Droits fondamentaux, Viviane Reding, plaide pour l’introduction de quotas afin que les femmes soient mieux représentées aux fonctions dirigeantes des entreprises.www.wort.lu

A ses yeux en effet, en établir des quotas de femmes dans les conseils de surveillance des grandes entreprises cotées en bourses serait "bon pour les entreprises et pour l’économie". Les femmes représentent aujourd’hui 60 % des diplômés de l’enseignement supérieur, souligne en effet la commissaire qui juge que toute tête bien faite est bonne à utiliser, notamment dans une période où les taux de natalité chutent et ou la population vieillit. Par les quotas, il s’agit d’ouvrir aux femmes la porte des conseils de surveillance. Une mesure qui fait sens sur le pan économique, estime Viviane Reding qui cite notamment des études de McKinsey ou de la Deutsche Bank selon lesquelles le bénéfice d’exploitation des entreprises où le rapport entre femmes et hommes est équilibré est 56 % supérieur à celui des entreprises où dominent les hommes.

Les femmes doivent avoir les mêmes chances que les hommes d’accéder à des positions dirigeantes, plaide la commissaire qui fait référence à la stratégie sur l’égalité des genres adoptée par la Commission en 2010. A ses yeux, plus il y aura de femmes à des fonctions dirigeantes, plus il y aura de modèles à suivre pour les autres femmes. Les performances économiques des entreprises conduites par des équipes mixtes parleront ensuite d’elles-mêmes, escompte la commissaire. Mais elle est convaincue que cette évolution culturelle ne pourra se faire que s’il y a une masse critique de femmes dans les conseils de surveillance et les conseils d’administration. L’évolution à long terme de la culture d’entreprise suivra ensuite d’elle-même, augure la commissaire pour qui il faut tant des femmes dans les instances dirigeantes que dans les postes d’encadrement intermédiaire.

Au Luxembourg, il y a environ soixante entreprises cotées en bourse qui produisent, dans le monde et en Europe, l’équivalent de 3,5 fois le PIB du Luxembourg, indique Viviane Reding qui souhaiterait que le taux de participation des femmes aux instances dirigeantes de ces entreprises soit porté à 40 %, contre les 5,7 % actuels. A ses yeux, les entreprises cotées en bourse doivent jouer un rôle de modèle au Luxembourg en démontrant aux autres entreprises les avantages d’instances dirigeantes où l’équilibre règne.

Pour Viviane Reding, avoir plus de femmes actives et plus de femmes dans les instances dirigeantes des entreprises va aider l’UE à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée dans le cadre de la stratégie Europe 2020, à savoir un taux d’emploi de 75 %. Mais la commissaire vante aussi les mérites du modèle de flexicurity appliqué dans certains Etats membres pour faire face à la crise. Les pays appliquant ce modèle ont d’après elle des taux de chômage plus faibles et protègent mieux les revenus les plus faibles. Sans compter qu’il est plus facile d’y combiner travail et activités privées, ce qui fait monter le taux d’emploi des jeunes parents. Pour autant, il n’y pas de recette miracle. "Chaque pays doit trouver sa propre voie", reconnaît Viviane Reding qui juge toutefois important que tous fassent le maximum pour augmenter le taux d’emploi. De ce point de vue, toutes les mesures qui améliorent la compatibilité entre vie professionnelle et familiale sont bonnes dans la mesure où elles peuvent permettre un plus fort taux d’emploi des femmes, affirme-t-elle.