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Economie, finances et monnaie - Traités et Affaires institutionnelles
Un Eurogroupe marqué par le lancement officiel de l’ESM
08-10-2012


Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis le 8 octobre 2012 à Luxembourg sous la présidence de Jean-Claude Juncker.

ESM : lancement formel du pare-feu permanent

Un Eurogroupe marqué par la réunion inaugurale du comité des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (MES ou ESM). Les gouverneurs de l’ESM ne sont autres que les ministres des Finances de la zone euro, et ce sont eux qui prendront les décisions les plus importantes dans le cadre de l’ESM.Le comité des gouverneurs de l'ESM réuni pour la première fois le 8 octobre 2012 à Luxembourg (c) UE 2012

Après l’entrée en force du traité établissant l’ESM le 27 septembre 2012 et sa ratification par les 17 Etats membres de la zone euro le 3 octobre 2012, l’ESM est désormais formellement lancé et la zone euro est donc "pourvue d'un pare-feu permanent et efficace", comme l’a indiqué le président de l’Eurogroupe.

"Le lancement de l’ESM constitue une étape historique dans la construction de l'Union monétaire", s'est encore félicité Jean-Claude Juncker, qui est aussi le président du comité des gouverneurs de ce mécanisme permanent qui sera doté d’un capital de 700 milliards d’euros, dont 80 milliards seront versés d’ici début 2014, 33 milliards devant déjà être versés le 12 octobre 2012.

L’ESM va poursuivre les missions actuellement remplies par l’EFSF et le mécanisme européen de stabilité financière (EFSM) de façon temporaire. En attendant la fin de l’EFSF prévue en juillet 2013, l’ESM va fonctionner European Stability Mechanism / Mécanisme européen de stabilité (ESM / MES)en parallèle, finançant pendant ces neuf mois de transition tout nouveau programme d’aide.

Klaus Regling, l’actuel directeur de l’EFSF, a été nommé directeur général de l’ESM par le comité des gouverneurs. "Avec sa structure de capital à la fois robuste et transparente et sa variété d’instruments d’aides financières, l’ESM se tient prêt à remplir sa mission et à porter assistance aux Etats membres selon des conditions adaptées", a-t-il annoncé, fondant son assurance sur l’expérience acquise par l’équipe qu’il dirige actuellement au sein de l’EFSF.

L’agence de notation Fitch a immédiatement indiqué qu’elle attribuait à l’EMS la note AAA, avec une perspective stable. L'agence Moody's a elle aussi annoncé qu'elle attribuait sa note de solvabilité maximale "AAA" à l’ESM. La note tient compte notamment "du faible endettement prévu du MES", et de "la qualité de crédit" de ses membres. Moody's associe néanmoins une "perspective négative" à cette note, laquelle tient compte du fait que l'agence associe une perspective négative à la note de tous les Etats membres de l’ESM notés AAA, à l’exception de la Finlande, dont la contribution à l’ESM n'est que de 1,8 %.

Portugal : feu vert de l’Eurogroupe pour le versement de la prochaine tranche d’aide

La réunion de l’Eurogroupe qui a suivi fut l’occasion de se pencher sur le cas du Portugal et de donner le feu vert au versement de la prochaine tranche d’aide au Portugal, à savoir 800 millions d’euros qui seront versés par l’EFSF, qui seront suivis, après validation par l’Ecofin, du versement de 2 milliards d’euros provenant de l’EFSM, tandis que le FMI doit approuver le versement de 1,5 milliards à la fin du mois.Le ministre portugais des Finances, Vitor Gaspar, à Luxembourg le 8 octobre 2012 (c) Conseil de l'UE

Les ministres des Finances de la zone euro ont en effet formellement salué les conclusions de la cinquième mission de la troïka qui avait pu constater que le programme d’ajustement du Portugal était en bonne voie. Ils en avaient déjà discuté à l'occasion d'une réunion informelle en septembre dernier.

L’Eurogroupe approuve l’accord trouvé entre les autorités et la troïka sur la révision des objectifs budgétaires, conformément aux recommandations du Conseil révisées en matière de procédure de déficit excessif. Les objectifs de déficit ont été revus à 5 % du PIB en 2012 et à 4,5 % en 2013.

Dans leur déclaration, les membres de l’Eurogroupe disent par ailleurs s’être vus réassurés par le gouvernement portugais de son engagement à atteindre les objectifs budgétaires révisés, et ils saluent notamment l’action déterminée des autorités portugaises pour remplacer rapidement la hausse envisagée des contributions au système de sécurité sociale par des mesures alternatives. Le gouvernement portugais avait en effet envisagé une forte hausse des cotisations sociales des salariés pour compenser une baisse des charges patronales. Finalement, le Premier ministre y a renoncé et a proposé à la place une hausse généralisée des impôts. Le taux moyen d'imposition devrait passer de 9,8 % en 2012 à 13,2 % en 2013, ce qui devrait permettre un gain d'environ deux milliards d'euros et une réduction du déficit public à 4,5 % du PIB l'année prochaine.

"La Grèce doit montrer sa détermination à mettre en place les réformes promises d'ici le 18 octobre, au plus tard", indique Jean-Claude Juncker

Les ministres des Finances des 17 États membres ont écouté un rapport intérimaire de la troïka composée d’experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international sur les progrès dans les négociations avec les autorités grecs en vue d’un nouveau programme d’assistance financière pour la Grèce.

Le ministre grec des Finances, Ioannis Stournaras, en discussion avec Jean-Claude Juncker à Luxembourg le 8 octobre 2012 (c) Conseil de l'UE"Nous avons souligné qu'avant tout nouveau déblocage de fonds, la Grèce doit montrer sa détermination à mettre en place les réformes promises d'ici le 18 octobre, au plus tard", a affirmé Jean-Claude.

"Concernant la Grèce, il y a encore du travail à faire", a renchéri la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, en évoquant "la fiscalité, les réformes structurelles et le financement de la dette".

Les négociations se poursuivent en effet entre les autorités grecques et la troïka au sujet des mesures à prendre en vue du versement d’une tranche d’aide de 31,5 milliards d’euros provenant de l’aide de 130 milliards d’euros accordé à la Grèce. Aucun accord n'est intervenu le 6 octobre dernier sur ce programme. Les négociations ont été suspendues et doivent reprendre cette semaine.

"Nous avons été heureux d'entendre que des progrès substantiels on été faits au cours des derniers jours", a indiqué toutefois Jean-Claude Juncker. "Mais nous appelons la troïka à finaliser les discussions le plus tôt possible", a-t-il ajouté. Il a tenu à faire part de son sentiment personnel à l’égard des efforts accomplis par la Grèce et de la détermination de ses autorités à mettre en œuvre les mesures nécessaires, se disant "impressionné".

Chypre : "Nous avons unanimement jugé qu'il fallait accélérer les travaux"

La situation économique et financière de Chypre a également été discutée en vue de la mise en place d’un programme d’assistance pour ce pays.Olli Rehn s'entretenant avec le ministre chypriote des Finances, Vassos Shiarly, le 8 octobre 2012 à Luxembourg (c) Conseil de l'UE

"Nous avons unanimement jugé qu'il fallait accélérer les travaux", a affirmé Jean-Claude Juncker, soulignant que les "discussions se poursuivent" entre Nicosie et la troïka.

Le jour-même, José Manuel Barroso, qui était en visite à Limassol, avait exprimé son espoir de pouvoir  "rapidement arriver à un accord au sujet des mesures qui doivent être prises pour garantir le développement de l'économie chypriote à long terme". Le président de la Commission a appelé les partis politiques et les syndicats à faire les "efforts importants" exigés de la part de Chypre pour faire face aux défis de l'austérité, nécessaire à la relance de son économie touchée par la récession. "Je sais que la situation est difficile. Les défis sont immenses. Ils demandent un effort important de la part de la classe politique, mais ils sont essentiels pour l'avenir de Chypre", a-t-il poursuivi.

Dans la soirée, l’agence Moody’s a abaissé la note de Chypre de trois crans, la portant à B3, une note caractéristique d'une entité ne présentant qu'une assez faible sécurité de remboursement sur le long terme qui pourrait encore être abaissée à moyenne échéance puisque l'agence lui associe une "perspective négative".

Le ministre espagnol des Finances, Luis De Guindos Jurado, en discussion avec Jean-Claude Juncker et Olli Rehn le 8 octobre 2012 à Luxembourg (c) Conseil de l'UEEspagne : vers un premier versement de l’aide accordée en vue de la recapitalisation du secteur bancaire

Les ministres ont discuté des nouvelles mesures annoncées par le gouvernement espagnol le 28 septembre 2012, an même temps que les résultats de l’audit du secteur bancaire espagnol étaient présentés. Ce dernier a aussi été au cœur des discussions des ministres des Finances de la zone euro. Les choses avancent donc en vue d’un premier versement de l’aide accordée à l’Espagne en vue d’une recapitalisation de son secteur bancaire, premier versement qui pourrait avoir lieu en novembre par le biais de l’ESM.