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Economie, finances et monnaie
L’agence de notation Moody’s dégrade la note des obligations à long terme de l’EFSF et de l’ESM, une décision "difficile à comprendre" aux yeux de Klaus Regling
30-11-2012


Le 30 novembre 2012, l’agence de notation Moody’s a annoncé avoir abaissé la note attribuée à l’ESM et à l’EFSF pour leurs émissions à long terme, qui passe du fameux Aaa à la note Aa1. Les perspectives restent qui plus est négatives selon l’analyse de l’agence de notation. Pour les émissions à court terme, il n’y a pas de changementL'agence de notation Moody's.

Dans sa note, Moody’s explique que cette décision est liée à la dégradation récente de la note de la France, dont les obligations sont passées de la note Aaa à la note Aa1 le 19 novembre 2012, ainsi qu’à une "forte corrélation" en termes de risque de crédit parmi les principaux soutiens financiers de l’EFSF et de l’ESM.

La dégradation de la note des obligations françaises était liée, rappelle l’agence de notation, à la diminution de la certitude que la France allait remplir ses obligations financières. Or, notent désormais les analystes de Moody’s basés à Francfort, la France est le deuxième plus grand contributeur de ces deux mécanismes de soutien, par sa participation au capital exigible de l’ESM à hauteur de 20,4 % et par les garanties offertes à l’EFSF à hauteur de 21,8 %.

Pour ce qui est de la forte corrélation en termes de risque de crédit parmi les principaux soutiens de l’EFSF et de l’ESM, Moody’s l’explique par l’évolution de la crise de la dette de la zone euro et par les liens étroits entre les principaux Etats de la zone euro, que ce soit sur le plan institutionnel, économique et financier. L’évaluation du risque de crédit et la notation de l’ESM et de l’EFSF suivent donc celles des pays qui les soutiennent.

Ainsi, les analystes de Moody’s observent que dans le cas, qu’ils jugent certes hautement improbable, où la France devait être incapable de remplir ses obligations à l’égard de l’ESM ou de l’EFSF, il existerait une probabilité raisonnable que d’autres pays notés Aaa se retrouvent face à la même difficulté.

C’est donc la combinaison de ces deux facteurs, à la fois dégradation de la note française et corrélation du risque, qui pousse Moody’s à abaisser la note des deux fonds.

Dans son communiqué, Moody’s ne manque pas de souligner qu’EFSF et ESM restent toutefois très bien notés, notamment du fait de leur faible taux d’endettement – l’ESM a une capacité maximale de 500 milliards qui s’adosse à un capital souscrit de 700 milliards, tandis que l’EFSF a un mécanisme de garantie qui prévoit un surdimensionnement de l’ordre de 165 % - , mais aussi en raison de la solvabilité de ses membres – les pays participant à l’EFSF et l’ESM ont une note médiane pondérée Aa1 et les objectifs de ces mécanismes de soutien intergouvernementaux sont clairement définis.

Si Moody’s reconnaît que l’ESM bénéficie de caractéristiques de crédit qui le distingue de l’EFSF, et notamment le statut de créancier privilégié et un capital en dur de 80 milliards, l’agence de notation n’en conclut pas pour autant que ces caractéristiques améliorent le profil de l’ESM au point qu’il devrait être évalué différemment de l’EFSF.

Pour ce qui est des perspectives négatives attribuées à l’ESM et à l’EFSF, Moody’s se base sur ses propres évaluations des perspectives attribuées aux pays qui soutiennent ces fonds, et notamment celles de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la France.

Pour Klaus Regling, "la décision de notation de Moody’s est difficile à comprendre"

La réaction n’a pas tardé depuis Luxembourg, où siègent EFSF et ESM. Dans une déclaration diffusée le jour même, ces deux entités prennent note de la dégradation de Moody’s sur les obligations à long terme, tout en soulignant qu’elles restent notées au mieux par l’agence de notation Fitch, comme le sont d’ailleurs, dans les deux agences, les obligations à court terme.

Pour Klaus Regling, directeur de l’ESM et CEO de l’EFSF, "la décision de notation de Moody’s est difficile à comprendre". "Nous sommes en désaccord avec l'approche de l'agence de notation qui ne prend pas suffisamment en compte le cadre institutionnel particulièrement solide de l’ESM, les engagements politiques et la structure de son capital", explique-t-il par voie de communiqué. Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, a pour sa part rappelé dans ce même communiqué que "les 17 Etats membres de la zone euro sont pleinement engagés sur le plan politique et financier auprès du MES et du FESF et soutiennent ces deux institutions".

Le communiqué rappelle que l’ESM va être doté du plus important capital en dur de toutes les institutions de prêt internationales, à savoir 80 milliards d’euros d’ici 2014, et 32 milliards à ce jour. Une somme à laquelle il faut ajouter les 620 milliards d’euros qui peuvent être appelés par le biais d’un mécanisme d’appel de capital particulièrement fiable. Une situation encore confortée par le statut de créanciers privilégiés qui sera accordé pour les emprunts de l’ESM. L’EFSF bénéficie pour sa part d’un mécanisme de garantie irrévocable de la part des 17 Etats membres de la zone euro dont le volume peut atteindre 780 milliards d’euros, rappelle encore le communiqué.

Klaus Regling assure que cette évaluation n’empêchera pas l’ESM ou l’EFSF d’agir ou d’émettre. Ne serait-ce que le 27 novembre dernier, l’EFSF a prouvé son attractivité en émettant des obligations à un an qui ont rencontré une très forte demande de la part d’investisseurs du monde entier, glisse-t-il d’ailleurs pour conclure.