Principaux portails publics  |     | 

Énergie - Environnement - Opinion
Dans une enquête Eurobaromètre sur la qualité de l’air, la Commission sonde les différentes options qui s’offrent à elle pour lutter contre la pollution atmosphérique
09-01-2013


En 2013, la Commission entend réexaminer la politique actuelle relative à l'air, en mettant l’accent sur les solutions permettant d’améliorer la qualité de l'air que nous respirons. C’est dans ce contexte que ses services ont lancé une consultation en ligne pour permettre aux citoyens, organisations et entreprises de l’UE de donner leur avis et leurs idées sur les options envisageables dans le cadre du réexamen de la politique relative à l'air, et ce jusqu’au 4 mars 2013.eurobarometer

En attendant la fin de cette consultation, la Commission entend aussi se baser sur les résultats d’une enquête Eurobaromètre réalisée à l’automne 2012 auprès de 25 000 citoyens de l’UE, parmi lesquels 507 résidents du Luxembourg. Les résultats de cet Eurobaromètre sur les attitudes des citoyens européens vis-à-vis de la qualité de l'air ont été publiés le 9 janvier 2013.

La Commission se sent invitée à l’action au vu de la préoccupation exprimée par les citoyens face à la pollution atmosphérique

Il ressort de l'enquête Eurobaromètre que plus de la moitié (56 %) des Européens estiment que la qualité de l'air s'est détériorée au cours des dix dernières années. En Italie, la proportion atteint jusqu'à 81 % des personnes consultées, alors qu'à Chypre, en France, en Grèce, en Hongrie, en Roumanie et en Espagne, elle atteint entre 70 % et 75 %. Au Luxembourg, ce sont 42 % des personnes interrogées qui estiment que la qualité de l’air s’est détériorée, alors que 40 % d’entre elles pensent qu’elle est restée la même (contre 24 % en moyenne dans l’UE) et que 13 % estiment qu’elle s’est améliorée (UE : 16 %).

L’enquête révèle un mécontentement largement partagé concernant les mesures prises actuellement pour faire face aux problèmes de qualité de l'air : sept Européens sur dix (72 %) s'estiment insatisfaits des efforts déployés par les autorités publiques pour améliorer la qualité de l'air.

Les conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé et l'environnement naturel sont source de préoccupation : près de neuf Européens sur dix sont d'avis que les maladies liées à la qualité de l’air telles que les maladies respiratoires et cardiovasculaires constituent un vrai problème. Près de huit Européens sur dix considèrent que l’acidification et l’eutrophisation sont des problèmes importants.

Cette enquête montre également que, de l'avis général, l'information fournie sur la qualité de l'air est insuffisante : près de six Européens sur dix (59 %) estiment ne pas être correctement informés sur les questions liées à la qualité de l'air, tandis que 31 % des participants en Espagne - et 27 % au Luxembourg, à Chypre et en Lettonie - estiment ne pas être informés du tout.

Autant d’éléments qui font que la Commission se sent invitée à agir en matière de politique liée à la qualité de l’air, comme en témoignent les réactions du commissaire en charge de l’Environnement, Janez Potocnik.

Quelles actions pour faire face aux problèmes liés à la pollution atmosphérique ?

Pour 49 % des répondants dans l’UE, c’est au niveau européen que les problèmes posés par la pollution atmosphérique peuvent être traités de manière optimale, un chiffre qui atteint 73 % au Luxembourg. Au Grand-Duché, seules 9 % des personnes interrogées jugent que c’est au niveau local qu’il faudrait agir, contre 24 % en moyenne dans l’UE.

L'enquête demandait aux participants s’ils connaissaient l'existence de normes européennes en matière de qualité de l'air et de plafonds d'émission nationaux. Au Luxembourg, seules 22 % des personnes interrogées avaient entendu parler des normes européennes en matière de qualité de l’air (contre 43 % en Autriche par exemple) et 24 % d’entre elles avaient connaissance des plafonds d’émission nationaux (contre 49 % en Suède). Parmi ceux qui ont répondu par l'affirmative dans l’UE (25 % des participants dans les deux cas), plus de la moitié (respectivement 58 % et 51 %) étaient d'avis qu'il conviendrait de renforcer ces instruments. Au Luxembourg, 61 % de ces personnes estiment qu’il faut renforcer les normes en matière de qualité de l’air, alors qu’elles sont 48 % à penser qu’il faudrait renforcer les plafonds d’émission nationaux.

Près de quatre personnes interrogées sur cinq (79 % dans l’UE, 81 % au Luxembourg) pensent que l'UE devrait proposer des mesures supplémentaires pour lutter contre la pollution atmosphérique, relève la Commission lorsqu’elle présente les résultats.

Les émissions provenant des véhicules (96 %), du secteur industriel (92 %) et des transports internationaux (86 %) sont considérées comme les causes principales de la pollution de l'air. Au Luxembourg, comme en Autriche, près d’un quart des répondants considèrent les émissions provenant des ménages individuels comme une des principales menaces sur la qualité de l’air.

Lorsqu'on leur demande quel serait le moyen le plus efficace de lutter contre la pollution atmosphérique, 43 % des personnes interrogées suggèrent d'appliquer des contrôles plus stricts sur les émissions produites par les secteurs industriel et énergétique. 35 % des répondants (37 % au Luxembourg) sont d’avis qu’il faudrait offrir des incitations financières plus élevées pour les produits à faibles émissions et qu’il conviendrait de fournir plus d’informations au public sur les conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé et l’environnement. Au Luxembourg, 37 % des personnes interrogées sont d’avis qu’il faudrait appliquer des limitations d’émissions plus strictes pour les nouvelles voitures et les nouveaux camions (contre 27 % dans l’UE). L’idée d’augmenter les impôts sur les activités entraînant une pollution de l’air a rencontré au Luxembourg l’assentiment de 27 % des personnes interrogées, contre 17 % dans l’UE.

Interrogés sur ce que chacun peut faire personnellement pour améliorer la qualité de l'air, la plupart des participants (63 %) ont cité le recours moins fréquent à l'utilisation de la voiture individuelle et le remplacement des anciens équipements consommateurs d'énergie par des modèles plus économes (54 %) comme les mesures les plus importantes à prendre au niveau individuel. Au Luxembourg, les répondants ont notamment été 37 % à citer aussi l’achat d’un véhicule causant moins d’émissions, contre 22 % dans l’UE et 8 % en Bulgarie par exemple, le chiffre le plus bas, ce qui s’explique sans doute par une question de moyens.

Les voitures électriques et les véhicules hybrides roulant à l'électricité et à l'essence sont considérés comme les meilleurs du point de vue de la préservation de la qualité de l'air. Ce point de vue est largement partagé au Luxembourg où l’on observe pourtant aussi le taux le plus élevé de l’UE de répondants considérant que les véhicules roulant à l’essence et au diesel sont les meilleurs du point de vue de la préservation de la qualité de l’air ( respectivement 18 et 17 %, contre 10 % dans l’UE).

Quelle politique énergétique pour l’avenir, et quelle place accorder aux gaz de schiste ?

Interrogées sur les options à privilégier en matière de politique énergétique pour les trente prochaines années, 70 % des personnes ayant répondu à l’enquête ont cité les sources d’énergies renouvelables, 28 % les économies d’énergie, 18 % le nucléaire, 12 % la capture et le stockage de dioxyde de carbone et 9 % les énergies fossiles non conventionnelles comme les gaz de schiste. Au Luxembourg, derrière les énergies renouvelables, on note que 40 % des sondés y ont cité les économies d’énergie, 17 % le nucléaire et 15 % la capture et le stockage de dioxyde de carbone.

Les auteurs du rapport Eurobaromètre observent une ligne de partage entre les pays de l’UE15, qui privilégient nettement le développement des énergies renouvelables (75 %) et les pays ayant rejoint l’UE après 2004 (57 %). Ces derniers sont aussi plus prompts à se prononcer en faveur des gaz de schiste (17 % contre 7 % dans l’UE15). Ainsi, 32 % des personnes sondées en Pologne se sont-elles prononcées pour privilégier les gaz de schiste. Au Luxembourg, 11 % des personnes interrogées ont cité les combustibles fossiles non conventionnels.

L’enquête fut d’ailleurs l’occasion de creuser un peu plus la question de l’exploitation de gaz de schiste, un sujet sur lequel la Commission a lancé en décembre dernier une consultation publique. Ainsi, il était demandé aux sondés de dire à quel point ils seraient préoccupés si un projet d’exploitation de gaz de schiste devait être situé à proximité de chez eux. En moyenne, 74 % des personnes interrogées seraient inquiètes (très inquiètes pour 40 % d’entre elles, plutôt inquiètes pour 34 %), contre 13 % qui ne seraient pas très inquiètes et 7 % seulement qui ne le seraient pas du tout. Les répondants du Luxembourg (81 %) comptent, avec ceux vivant en France (89 %), en Allemagne (82 %), en Irlande et en Autriche, parmi ceux qui sont les plus nombreux à s’inquiéter d’une telle possibilité. Le seul pays où moins de la moitié des sondés seraient inquiétés d’une telle perspective est la Pologne, où 49 % des personnes interrogées se disent peu ou pas du tout inquiètes à cette idée.