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Economie, finances et monnaie
"Nous avons besoin d’un plan crédible", insiste Luc Frieden sur les ondes de RBB Inforadio au lendemain d’une nouvelle téléconférence de l’Eurogroupe sur Chypre
22-03-2013


Alors que les discussions se poursuivent à Chypre pour trouver une alternative à la taxe sur les dépôts bancaires prévue dans l’accord sur le plan d’aide à ce pays sur lequel étaient tombés d’accord les ministres des Finances de la zone euro dans la nuit du 15 au 16 mars 2013 et que le parlement chypriote avait rejeté le 19 mars, les autorités chypriotes évoquaient dans la soirée du 21 mars 2013 un "plan B" qui aurait consisté à créer un fonds de solidarité. Les rumeurs indiquent que de l’argent provenant de la fortune de l’Eglise chypriote, des fonds de pension ou encore des réserves d’or auraient pu abonder ce fonds.

Le parlement chypriote était convoqué le lendemain, 22 mars, à 9 heures pour se prononcer sur cette proposition, une séance finalement reportée de quelques heures à la demande des députés de la commission des Finances qui souhaitaient disposer de plus de temps pour examiner les détails de cette proposition alternative.

Pendant ce temps, le ministre des Finances chypriote était à Moscou, dont une contribution au plan d’aide était espérée, et les ministres des Finances de la zone euro tenaient pour leur part une conférence téléphonique commencée aux alentours de 18 heures.

Le bref communiqué diffusé par le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, à l’issue de cette téléconférence indique que l’Eurogroupe se tient prêt à discuter avec les autorités chypriotes d’une nouvelle proposition dont il escompte qu’elle sera présentée aussi vite que possible. Les ministres des Finances se tiennent donc prêts à reprendre les négociations sur un programme d’ajustement respectant les paramètres préalablement définis, et il est ensuite attendu que les autorités chypriotes légifèrent dès que les négociations seront terminées. Dans son communiqué, Jeroen Dijsselbloem insiste sur l’importance de garantir pleinement les dépôts bancaires en-dessous de 100 000 euros dans l’UE, un sujet sur lequel il a admis aux eurodéputés de la commission ECON qui l’ont auditionné la veille, avoir probablement mal communiqué.

La difficulté, c'est que "nous n’avons pas de détails venant de Chypre", confie Luc Frieden sur les ondes de RBB Inforadio

Le ministre Luc Frieden a représenté le Luxembourg lors de cette téléconférence et il rapporte dans un entretien téléphonique qu’il a accordé à la radio allemande RBB Inforadio dans la matinée du 22 mars 2013 que le ministre des Finances chypriote, Michalis Sarris, en pleine négociations avec la Russie, y était représenté par un collègue.RBB Inforadio

Le ministre luxembourgeois explique ne pas être en mesure de porter un jugement sur le plan alternatif qu’auraient trouvé les autorités chypriotes, de même que ses collègues de l’Eurogroupe, pour la raison qu’ils ne connaissent pas les détails de ce plan.

Pour le moment, les ministres des Finances de la zone euro s’en tiennent, pour ce qui est des montants du plan d’aide et de la contribution chypriote qui le conditionne, à l’accord trouvé le 16 mars. Mais Luc Frieden indique que les discussions sont possibles. Il prévient toutefois que Chypre va devoir modifier en profondeur sa place financière, quatre grandes banques chypriotes n’étant plus en mesure de survivre. Par ailleurs, il prévient aussi qu’il y a peu de marge, notamment sur le plan financier, chez certains Etats membres. A ce stade, la difficulté réside, insiste-t-il, dans le fait que "nous n’avons pas de détails venant de Chypre".

Les ministres des Finances de la zone euro ont exprimé lors de leur réunion téléphonique la nécessité d’analyser ces éléments en vue d’une nouvelle réunion pendant le week-end au cours de laquelle ils pourront prendre une décision, rapporte Luc Frieden. "Nous avons besoin d’un plan crédible", insiste Luc Frieden qui s’inquiète car le temps presse et qu’une solution est "absolument nécessaire". "Il n’en va pas que de Chypre, mais de la stabilité de la zone euro", souligne en effet le ministre luxembourgeois.

Luc Frieden indiquait aussi ne pas savoir plus en détail "ce qui se passe à Moscou". Il souligne l’intérêt commun qu’ont l’UE et la Russie à la stabilité, car le problème qui se pose concerne toute l’Europe et ses partenaires économiques. S’il souligne les relations étroites que l’UE entretient avec la Russie, dont il saluerait une participation au sauvetage de Chypre, il ne perd pas non plus de vue que la solution sur le plan d’aide doit être décidée entre les 17 membres de la zone euro.

Entretemps, on apprenait que le voyage du ministre des Finances chypriote à Moscou n’avait pas permis d’aboutir à une aide des autorités russes qui ont déclaré attendre une décision de la troïka pour décider de leur "participation dans une restructuration de la dette" chypriote.

Lorsque Luc Frieden s’est vu demander si une faillite chypriote serait grave, il a répondu fermement "oui". De son point de vue en effet, chaque pays de la zone euro est d’importance systémique. Il craint par ailleurs qu’une telle faillite ne provoque "une onde de choc" et ne rompe la confiance dans la zone euro en créant un précédent.