Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie
Le parlement chypriote a rejeté le plan d’aide sur lequel l’Eurogroupe avait trouvé un accord le 16 mars dernier, conduisant les autorités chypriotes à chercher une solution alternative à la taxe controversée visant les dépôts bancaires
19-03-2013


Le 19 mars 2013, le parlement chypriote a rejeté l’accord trouvé dans la nuit du 15 au 16 mars 2013 au cours de la réunion extraordinaire de l’Eurogroupe consacrée au plan d’aide à Chypre et au programme d’ajustement l’accompagnant. L’accord a été rejeté par 36 voix contre et 19 abstentions, aucun député n’ayant donné sa voix en faveur de ce texte qui, depuis qu’il a été présenté, suscite la controverse, sinon l’ire d’un grand nombre de Chypriotes.www.parliament.cy : le site de la Chambre des représentants de Chypre

L’accord trouvé prévoyait que les autorités chypriotes taxent tous les dépôts bancaires, à hauteur de 6,75 % en-dessous de 100 000 euros et de 9,9 % à partir de ce même montant, ce qui aurait permis de réunir 5,8 milliards d’euros et constituait donc un élément essentiel de l’accord dans la mesure où le gros enjeu des discussions était de parvenir à ce que l’aide financière accordée à Chypre atteigne un niveau soutenable pour le petit Etat. Mais c’est précisément cet élément de l’accord qui avait soulevé une vague de critiques, laissant présager que l’issue du vote serait pour le moins incertaine. Dans la soirée du 18 mars déjà, les ministres des Finances de la zone euro avaient tenu une conférence téléphonique pour faire le point sur la situation. A l’issue de la réunion Jeroen Dijsselbloem avait annoncé que les autorités chypriotes allaient introduire plus de progressivité dans l’application de cette taxe.

A l’issue du vote, le président de l’Eurogroupe a aussitôt publié un communiqué lapidaire dans lequel il déclare "prendre note" du vote du parlement chypriote et réaffirme que l’Eurogroupe est disposé à aider Chypre dans ses efforts de réforme, tout en réitérant la position diffusée la veille au nom de l’Eurogroupe. En d’autres termes, il convient aux autorités chypriotes de trouver une solution pour que le montant de l’aide accordée soit de 10 milliards d’euros, alors que les besoins de financement de Chypre sont de 17 milliards.

Un peu plus tard dans la soirée, Jeroen Dijsselbloem, qui était interviewé sur une chaîne de télévision néerlandaise, a toutefois jugé "regrettable" le rejet de l’accord par le parlement. Un point de vue partagé par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui a dit "regretter que le parlement chypriote se soit prononcé contre le programme élaboré conjointement par l’Eurogroupe et le gouvernement chypriote".

La BCE, membre de la troïka très impliquée dans les négociations ainsi qu’en a témoigné la forte présence de Jörg Asmussen lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion de l’Eurogroupe dans la nuit du 15 au 16 mars dernier, a elle aussi pris acte de ce rejet tout en réaffirmant "son engagement à fournir autant de liquidités que nécessaire dans le cadre des règles existantes".

Le ministre grec des Finances estime pour sa part que le projet de la zone euro "doit être corrigé le plus vite possible pour assurer la stabilité de l'euro et protéger Chypre". Il estime en effet que la zone euro "dispose de marges pour amender" son projet.

Quant au ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden, l’Agefi rapporte dans son fax du 20 mars 2013 qu’il a jugé "absolument nécessaire" une nouvelle réunion de l'Eurogroupe "dès que possible" afin de discuter avec le gouvernement chypriote des prochaines étapes. "Ce n'est pas un bon résultat, que ce soit pour la zone euro ou pour Chypre, et nous devons chercher ensemble des alternatives à l'accord négocié", a-t-il ajouté.

En France, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a expliqué au matin du 20 mars 2013 que le projet "était une erreur". "Il est légitime de la part de la population chypriote de s'opposer à la taxation des petits dépôts", a-t-elle expliqué. De son point de vue, "les petits épargnants n'auraient pas dû être concernés". Elle a conclu en soulignant que "aujourd'hui la balle est dans le camp de Chypre".

Du point de vue de la Commission, "c'est désormais aux autorités chypriotes de présenter une solution qui respecte le critère de soutenabilité de la dette", ainsi que l’a formulé Olivier Bailly, porte-parole de la Commission européenne. Mais une nouvelle décision sur le plan de sauvetage chypriote sera "prise par les Etats membres et ne peut se faire sans eux, y compris Chypre", a-t-il ajouté, précisant que les contacts se poursuivent entre les institutions européennes et les autorités chypriotes.

Le président chypriote a reçu les représentants des différents partis au parlement dans la matinée du 20 mars. Un groupe composé d'experts de chaque parti politique s'est rendu dans la foulée à la Banque centrale pour discuter d'un plan B pour le financement et la réduction du montant de 5,8 milliards d'euro. En attendant, les banques chypriotes restent fermées.