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Viviane Reding poursuit sa tournée de dialogue avec les citoyens en vue de la publication d’un rapport sur la citoyenneté européenne prévue le 8 mai 2013
22-04-2013


Viviane Reding à ThessaloniqueDepuis le début de l'année 2013, désignée Année européenne de la citoyenneté, la vice-présidente de la Commission européenne en charge de la Justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté, Viviane Reding, a entrepris un tour de l'UE pour "dialoguer" avec ses citoyens. Depuis la première étape de Cadiz en Espagne en janvier 2013, sa tournée l'a déjà menée dans de nombreux Etats membres. Le 22 avril 2013, elle l'a conduite à s'entretenir avec des étudiants à l'Université du Luxembourg au sujet de l'UE, dans la crise et dans le futur. En amont de sa venue, Viviane Reding a accordé une interview à Joelle Merges, journaliste du Luxemburger Wort, dans laquelle elle revient sur l'importance de l'information des citoyens.

"Deux tiers des citoyens se sentent Européens mais seulement un tiers sait ce que la citoyenneté européenne signifie dans les faits"

Elle y souligne d'abord  la nécessité d'informer inlassablement les citoyens européens sur leurs droits au sein de l'UE. Il y aurait un déficit de connaissance en la matière. "Selon les enquêtes d'opinion, deux tiers des citoyens se sentent Européens mais seulement un tiers sait ce que la citoyenneté européenne signifie dans les faits et quels droits elle lui apporte", souligne la commissaire. Viviane Reding évoque l'"intérêt politique clair" qui réside dans le fait de leur parler de leurs droits. "Souvent, les gens tendent à critiquer l'Europe, parce qu'ils leur manque la connaissance de ce que l'Europe fait pour eux dans leur vie quotidienne", pense Viviane Reding qui cite en exemple "deux acquis européens" dont il est bon de rappeler l'existence, à savoir la bourse d'études Erasmus ou encore la réduction des frais de roaming téléphoniques.

Durant ces débats, les citoyens sont invités à poser des questions à la Commission européenne. Les doléances récoltées dans le sillage de cette tournée doivent nourrir un rapport sur la citoyenneté européenne qui sera publié le 8  mai 2013.Viviane Reding garantit que la Commission européenne présentera ainsi une évaluation de toutes les questions et de tous les problèmes mentionnés par les citoyens des différents Etats membres et qu'elle y apportera des "réponses concrètes".

La Commissaire donne pour exemple de "réponse concrète", l'abolition de  l'authentification de documents officiels, d'un acte de naissance par exemple, en cas de déménagement dans un autre Etat membre. La Commission européenne devait acter cette décision dans les jours suivant l'interview. "La sincérité de tels documents ne doit être plus être prouvée par des tampons supplémentaires ou de la paperasse coûteuse. Cela épargne au citoyen du temps et de l'argent et est un nouvel exemple de l'Europe des citoyens", a expliqué Viviane Reding à la journaliste du Luxemburger Wort.

La commissaire, dont la tournée a déjà fait étape dans des Etats membres en grande difficulté budgétaire, comme l'Espagne, la Grèce, le Portugal et l'Irlande, a connu des émotions diverses. En effet, interrogée sur le récent dialogue entamé avec les citoyens à Thessalonique, la Commissaire européenne avoue avoir eu "un peu de palpitations" avant la rencontre. "En Grèce, le chômage des jeunes atteint 60 %, beaucoup de gens ont perdu leurs moyens d'existence – on ne peut pas donner sur place des réponses simples ou régler leurs problèmes", explique Viviane Reding. Ainsi, il a fallu préparer durant plusieurs semaines un débat qui s'est finalement déroulé "de manière très digne". "Ce n'était naturellement pas un dialogue douillet, c'était une discussion sérieuse. Je n'ai pas promis la lune, mais ai essayé de dire clairement, en particulier aux jeunes, que la Grèce doit arriver sur une voie stable, sinon leurs enfants devront encore lutter contre la crise d'aujourd'hui, ce que naturellement personne ne veut", confie-t-elle.

Croatie, Hongrie et Etats-Unis d'Europe

La journaliste du Luxemburger Wort a par ailleurs fait réagir la commissaire sur la participation relativement faible (21 %) des Croates à leurs premières élections européennes le 14 avril 2013. Viviane Reding y voit la confirmation de la nécessité de dialoguer avec les citoyens. Mais elle fustige également l'apathie des partis croates qui n'ont pas fait de campagne, au point qu'elle s'avoue même "étonnée" que le taux de participation n'ait pas été plus faible encore. Mais cette faible participation n'est par ailleurs pas "un problème purement croate", a-t-elle aussi tenu à souligner.

Viviane Reding a ensuite repris son plaidoyer en faveur d'Etats-Unis d'Europe, à savoir une Europe fédérale, s'appuyant sur un système bicaméral – une chambre élue directement (le PE) et une chambre des Etats dans lesquels les Etats sont représentés (le Conseil) –  et un gouvernement central – la Commission européenne. Viviane Reding imagine même que la prochaine génération puisse élire le président de la Commission européenne au suffrage direct.  "J'aimerais discuter de cette vision avec les citoyens de l'Union. Les gens participent avec reconnaissance à de tels débats. Ce qu'ils ne veulent pas, c'est être mis devant le fait accompli", pense-t-elle.

L'interview était publiée au matin du Conseil des Affaires étrangères qui devait notamment discuter des instruments dont l'UE devrait se doter pour couper court aux violations des règles de l'Etat de droit commises par certains Etats membres. "La Hongrie est l'exemple le plus actuel, mais pas l'unique", précise Viviane Reding. La commissaire appelle également sa famille politique, le Parti populaire européen (PPE), auquel appartient le parti Fidesz au pouvoir en Hongrie, à discuter en urgence de ses moyens de pression. "L'origine du Parti populaire européen remonte aux racines du processus d'unification européenne", rappelle Viviane Reding. "Nos valeurs sont le respect des hommes, de leur dignité et de la démocratie. Quand je lis le programme du PPE et que je le compare avec les agissements du parti hongrois, j'ai l'impression que les deux ne correspondent pas sur des points essentiels."