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Economie, finances et monnaie - Traités et Affaires institutionnelles
Jean Asselborn espère "moins de dureté" et "plus de solidarité" dans les affaires européennes de la part du nouveau gouvernement allemand
16-12-2013


Jean Asselborn, lors de sa conférence de presse au Conseil "Affaires étrangères" du 24 juin 2013 à LuxembourgAlors que les partis allemands CDU et SPD s’apprêtaient à signer le 16 décembre 2013 l’accord de coalition pour le nouveau gouvernement allemand, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, fraîchement reconduit dans ses fonctions, donnait une interview au quotidien Stutgarter Nachrichten sur les espoirs qu’il plaçait dans la nouvelle équipe en place à Berlin, un entretien que son intervieweur, Norbert Wallet, a intitulé : "Mon souhait : moins de dureté, plus de solidarité !"

Rétrospectivement, l’ancienne coalition entre CDU et les libéraux du FDP a selon l’impression personnelle de Jean Asselborn "plus parlé du contribuable allemand, et en ce qui concerne l’Union européenne, en y mettant un accent particulier". Pour lui, le contribuable allemand a profité massivement de l’introduction de l’euro. Et si certains Etats membres de la zone euro ont commis des erreurs, d’autres pays, comme l’Allemagne et le Luxembourg, ont permis ces erreurs. Considérant cette situation, Jean Asselborn souhaite avant tout une chose de la part du nouveau gouvernement allemand : "Moins de dureté, plus de solidarité".

Pour Jean Asselborn, les Etats membres de l’UE doivent réduire leur dette publique et continuer avec les réformes structurelles, "mais l’UE ne doit pas être identifiée à l’indifférence sociale, à la réduction des prestations sociales et la destruction des emplois. Cela, on le ressent peut-être de manière plus forte à l’extérieur de l’Allemagne qu’en Allemagne même". Bref, l’on attend "un gouvernement fédéral qui opère moins avec le fouet et qui montre plus de compréhension pour les difficultés des autres."   

Jean Asselborn n’a jamais pensé que le SPD pourrait l’emporter lors de la négociation du nouvel accord gouvernemental sur la question des eurobonds. Mais de l’autre côté, il est convaincu que "l’Allemagne serait le plus grand perdant en cas d’échec de l’euro", et qu’elle doit donc "avoir un intérêt fondamental à se comporter de manière empathique à l’égard des pays en difficultés". Comme il y a des Etats membres qui ont besoin d’être soutenus "même s’ils misent sur une politique stricte de consolidation", l’Allemagne "doit développer une nouvelle dimension de solidarité".

Elle doit aussi le faire ne serait-ce que parce qu’elle doit "tenir compte de l’atmosphère politique en Europe", et là, Jean Asselborn pense, comme Jean-Claude Juncker aussi dans ses dernières interviews, aux "populistes anti-européens" qui, comme le Front national en France, rendent l’euro et les étrangers coupables des problèmes économiques.

"Cela est dangereux", estime Jean Asselborn, qui s’en prend avant tout « au message stupide que l’Union cannibalise l’identité nationale". En vérité, martèle Jean Asselborn, "les petites nations n’ont aucune chance de survivre sans l’UE", "leur souveraineté dépend du succès de l’intégration européenne". Un peu plus d’empathie de la part de la nouvelle coalition allemande serait utile selon lui pour empêcher les populistes de gagner du terrain.     

Que son ami Frank-Walter Steinmeier devienne de nouveau ministre des Affaires étrangères est dans ce contexte pour Jean Asselborn, "une très bonne nouvelle".