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Éducation, formation et jeunesse
Conseil "Éducation, jeunesse, culture et sport" - De la formation des enseignants à la promotion de l’esprit d’entreprise auprès des jeunes
20-05-2014


Claude Meisch et Gabriele Heinisch-Hosek © Conseil de l'UELe Conseil "Éducation, jeunesse, culture et sport" s’est réuni le 20 mai 2014 à Bruxelles. Lors de la session consacrée à l’éducation, les ministres ont d’abord discuté notamment de l’éducation et la formation performante des enseignants.

Adapter la formation à " un monde en mutation rapide"

Le contexte de la discussion sur l’éducation et la formation performante des enseignants est "un monde en mutation rapide", dans lequel les enseignants "doivent s'adapter aux défis que posent les nouveaux besoins en termes de compétences, les progrès technologiques rapides et la diversité sociale et culturelle croissante, ainsi qu'à la nécessité d'assurer un enseignement plus individualisé et de répondre à des besoins d'apprentissage spécifiques", lit-on dans les conclusions adoptées par les Vingt-huit.

Les formateurs y sont désignés comme ayant un rôle-clé pour "dispenser aux futurs enseignants une formation initiale de qualité, aider les enseignants en début de carrière ("insertion") et assurer un développement professionnel continu", ce qui constitue un défi central "pour parvenir à ce que des candidats qui conviennent soient attirés vers la profession d'enseignant et que les enseignants maîtrisent et conservent les compétences nécessaires pour être performants dans les classes d'aujourd'hui".

Ces conclusions encouragent ainsi la mise en place de cadres de compétences professionnelles pour les formateurs d'enseignants, qui énoncent les compétences qu'ils doivent maîtriser, tout en renforçant la collaboration et l'échange de pratiques entre pairs et en développant des pratiques comme le mentorat au sein de l'école pour les nouveaux enseignants. 

Il y est dit qu’il est nécessaire que "les formateurs d'enseignants et les enseignants acquièrent eux-mêmes un niveau suffisant de compétences numériques et à ce qu'ils apprennent comment aider les apprenants à utiliser judicieusement et en toute sécurité les ressources informatiques et comment mieux gérer les processus individuels d'apprentissage, au moyen de programmes actualisés de formation des enseignants, d'une amélioration de l'accès à des ressources pédagogiques libres de qualité et d'une meilleure utilisation de ces ressources".

Les ministres ont considéré que les programmes de formation devraient accorder "davantage d’importance à l’acquisition de compétences transversales telles que la culture numérique, la capacité d'apprendre à apprendre, l'esprit d'entreprise et la pensée créative et critique, ainsi qu'à renforcer leurs compétences linguistiques", rapporte  pour sa part le communiqué de presse du ministère luxembourgeois de l’Education nationale.

"Il pourrait être utile d'appliquer à la formation initiale des enseignants des dispositifs d'assurance de la qualité et de la soumettre à des évaluations régulières", dit encore le Conseil dans son communiqué de presse.

Développer le multilinguisme, une compétence qui favorise "la mobilité, l'employabilité et l'épanouissement personnel des citoyens"

Les membres du Conseil ont également adopté des conclusions en faveur d’un renforcement des mesures destinées à promouvoir le plurilinguisme et à améliorer la qualité et l'efficacité de l'apprentissage et de l'enseignement des langues.

"La diversité linguistique est une compétence essentielle de la culture européenne et du dialogue interculturel", tandis que le multilinguisme est une compétence clé qui favorise "  la mobilité, l'employabilité et l'épanouissement personnel des citoyens », lit-on dans ces conclusions. Or, "l'accès à l'apprentissage des langues varie encore énormément d'un pays à l'autre". L'évaluation des compétences linguistiques pourrait contribuer à la promotion du plurilinguisme ainsi que d'un enseignement et d'un apprentissage efficaces des langues à l'école.

Ces conclusions font notamment suite aux suggestions de la Commission pour la création d’une éventuelle norme de référence de l'UE concernant l'apprentissage des langues. Elles visent l’amélioration de la qualité de l’apprentissage et de l’enseignement des langues ainsi que la mise en place de méthodes permettant l’évaluation des compétences linguistiques que la Commission entend faire en 2016-17. Cette évaluation devrait, selon le Conseil, porter sur les quatre compétences linguistiques que sont la lecture, l'expression écrite, la compréhension à l'audition et l'expression orale.

Les ministres ont par ailleurs jugé nécessaire la mise sur pied d'une plate-forme européenne pour garantir la qualité à l’appui de l’éducation et la formation, alors que les systèmes d’éducation ont pour mission "d'élargir l'accès, de réduire les chiffres du décrochage scolaire et d'améliorer le taux de poursuite des études, de soutenir des formules innovantes d'apprentissage ainsi que de veiller à ce que les apprenants, indépendamment de leur milieu social et de leur situation économique, acquièrent les connaissances, les qualifications et les compétences requises pour assurer une société où chacun ait sa place, une citoyenneté active, l'apprentissage tout au long de la vie et l'employabilité", disent les conclusions. Il s’agit de profiter des compétences développées dans le cadre de l’Assurance de la qualité dans l'enseignement et la formation professionnels.

"La coopération transfrontière dans le domaine de l'assurance de la qualité est appelée à jouer un rôle essentiel pour installer la confiance et relever les niveaux de qualité, soutenir la mobilité à des fins d'apprentissage, créer un climat plus favorable aux programmes conjoints et contribuer au bon fonctionnement de l'enseignement supérieur transnational et en franchise", dit le Conseil.

L’éducation transfrontière, une nouveauté à encadrer

La garantie de la qualité à l’appui de l’éducation et la formation a aussi une utilisé dans le domaine de l’éducation transfrontalière, qui a fait l’objet d’un débat d’orientation. "L'éducation transfrontière est un phénomène croissant, quoique encore limité, qui apparaît en Europe à la faveur de l'internationalisation, de la concurrence et d'Internet", lit-on dans le document adressé par la Commission européenne pour nourrir le débat.

Le développement de cette éducation pose des questions "sur la qualité et la quantité de ce qui est fourni par les systèmes nationaux d'enseignement, sur le financement, sur la couverture des coûts et les droits d'inscription, sur la notion de service lorsqu'il s'agit d'enseignement privé, sur la liberté d'accès et de circulation, sur les entraves à l'exercice par les prestataires de leurs activités, sur la reconnaissance des crédits et des diplômes et sur la langue dans laquelle les cours sont donnés". Les Etats membres sont en général d’accord pour dire que le processus de Bologne est le cadre pour cette éducation, fait savoir le Conseil.   

Le Luxembourg a, en la matière, une expérience précieuse à partager. "Situé entre trois pays avec des systèmes éducatifs très divers, [il] est bien placé pour identifier tant les défis que les opportunités d’une coopération transfrontalière", souligne le communiqué de presse du ministère de l’Education nationale. "Le grand nombre d’étudiants luxembourgeois à l’étranger comme la grande diversité des étudiants de l’Université du Luxembourg sont les preuves d’un grand échange européen en matière d’éducation."

"A l’échange de techniques d’apprentissage et d’enseignement s’ajoute aussi un brassage culturel qui ne peut être que favorable à la construction de l’idée européenne", a déclaré le ministre luxembourgeois de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, qui a mentionné en exemple le projet du Schengen-Lyzeum, un lycée implanté à la commune frontalière allemande de Perl à vocation transfrontalière qui offre des diplômes luxembourgeois et allemands.

Au cours du débat, le ministre luxembourgeois a souligné l’importance d’une reconnaissance réciproque des diplômes à tous les niveaux. Il a suggéré qu’elle soit réalisée dans un cadre de qualité auquel adhèreraient tous les États membres.

Développer l’esprit d’entreprise des jeunes

Lors de la session du Conseil consacrée à la jeunesse, les membres du Conseil ont adopté une résolution sur le processus du dialogue structuré, un forum destiné à une réflexion commune sur les priorités dans le domaine de la jeunesse. Pour les dix-huit mois à venir, la priorité sera  donnée à "l’autonomisation des jeunes" (empowerment en anglais), fil conducteur qui couvrira aussi l’accès aux droits et la participation politique des jeunes.

L’autonomisation est d’ailleurs l’une des trois priorités définies dans le plan de travail de l’Union européenne en faveur de la jeunesse pour 2014-15, également adopté par les ministres. C’est un plan à court et moyen terme de 18 mois, qui s’étend du 1er juillet 2014 au 31 décembre 2015. Il affiche, à côté de l’autonomisation, avec un accent placé sur l’accès aux droits, à l’autonomie, à la participation et à la citoyenneté active, deux autres priorités, à savoir développer la formation et l’emploi des jeunes ainsi que renforcer la coopération entre secteurs et notamment les domaines d'action de l'UE (comme l'emploi, l'éducation, les affaires sociales et la santé).

Promouvoir l’esprit d’entreprise pour favoriser l’insertion sociale

Ensuite, les membres du Conseil ont adopté leurs conclusions sur la promotion de l’esprit d’entreprise afin d’encourager l’insertion sociale des jeunes.

L'entrepreneuriat y est considéré "comme l'une des solutions permettant de lutter contre le chômage des jeunes". "Les cultures qui valorisent et récompensent le comportement entrepreneurial, par exemple la prise de risques calculée et la pensée indépendante, favorisent une propension à élaborer des solutions nouvelles aux défis qui se posent en matière de politique sociale", soulignent les ministres dans leur résolution. Il conviendrait en conséquence "de revaloriser la perception des entrepreneurs par le grand public, de renforcer la formation à l'entrepreneuriat et d'accorder une attention particulière aux groupes qui sont sous-représentés, en les aidant à démarrer, à gérer ou à faire prospérer une activité ou une entreprise".

"L'Europe devrait investir dans l'éducation et la formation à l'entrepreneuriat, dans la création d'un environnement dans lequel les entrepreneurs peuvent croître et prospérer, en ciblant également des groupes spécifiques, et s'attacher à présenter les entrepreneurs comme des exemples à suivre", suggère le document. Soulignant que l’entreprenariat n’est pas que la recherche du profit, les Vingt-huit signale l’intérêt que peut susciter l'"entrepreneuriat social", "qui vise essentiellement à contribuer au bien-être général de la société" et peut contribuer à une "croissance intelligente", auprès des  jeunes.

Les conclusions du Conseil adoptent ici un ton non dénué de pathos : "Il convient d'encourager les jeunes, en leur insufflant, dès le plus jeune âge, l'esprit d'entreprise - le sens de l'initiative, la confiance en soi, les prises de risques calculées, la créativité, le sens de l'organisation, la ténacité - afin qu'ils puissent développer pleinement leur potentiel et s'intégrer avec succès dans le marché de l'emploi."

"L'entrepreneuriat, il faut le cultiver très tôt et à tous les niveaux d'enseignement. Les jeunes doivent comprendre que pour avoir une vie agréable, il ne faut pas seulement avoir un emploi, mais avoir la possibilité et la volonté de créer sa propre entreprise", a renchéri la commissaire en charge de la jeunesse, Androulla Vassiliou, selon des propos rapportés par l’Agence Europe.