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Justice, liberté, sécurité et immigration
Selon un rapport de Frontex, le nombre de personnes ayant tenté d’entrer illégalement dans l’UE qui ont été détectées en 2013 a augmenté de 48 %
14-05-2014


L’Agence Frontex a publié le 15 mai 2014 son rapport annuel d’analyse des risques, un document qui fait le point sur les tendances observées le long de la frontière extérieure de l’Union européenne et qui pointe les défis à venir.FRONTEX

Le rapport fait le point sur la situation "avant la frontière",  "à la frontière" et "après la frontière".

Avant la frontière, ce sont les visas émis qui sont un indicateur et il ressort du rapport qu’en 2012, plus de 14 millions de visas de courte durée ont été émis, soit 13 % de plus qu’en 2011 et 51 % de plus qu’en 2009. Une large majorité des visas ont été émis dans trois pays, à savoir la Russie (42 % des visas émis en 2012), l’Ukraine (9 %) et la Chine (8 %).

Pour ce qui est de la situation à la frontière, Frontex commence par faire le point sur les flux de passagers, qui sont un indicateur du volume de contrôles que doivent mener les garde-frontières. Il ressort des statistiques d’Eurostat que le nombre d’arrivée d’extra-communautaires dans les aéroports de l’UE a augmenté de 2 % entre 2011 et 2012, Royaume-Uni et Allemagne ayant enregistré chacun plus de 20 millions d’entrées de ressortissants de pays tiers dans leurs aéroports en 2012. Bien que les chiffres ne soient pas connus précisément, Frontex observe que les flux de passagers ont toutefois augmenté plus rapidement par voie terrestre dans la foulée de la libéralisation des visas pour les pays des Balkans occidentaux.

Les refus d’entrée

L’Agence note qu’entre 2012 et 2013, le nombre de refus d’entrée dans l’Union européenne, qui était de 128 902 en 2013, a augmenté de 11 %. Le Code Frontières Schengen prévoit en effet que les ressortissants de pays tiers arrivant à la frontière peuvent se voir refuser l’entrée s’ils ne remplissent pas toutes les conditions. Au  niveau de l’UE, ce sont surtout les Russes, suivis par les Ukrainiens et les Albanais, qui ont été les plus nombreux à se voir refuser l’entrée sur le territoire de l’UE.

A la frontière terrestre orientale de l’UE, Frontex note une importante augmentation des refus d’entrée essuyés par des Russes d’origine tchétchène entre mars et août 2013. Les migrants se présentaient à la frontière entre Pologne et Belarus sans visa et demandaient l’asile, puis demandaient aussi l’asile en Allemagne.

Dans les Balkans occidentaux, du fait de la libéralisation du régime de visa, les flux ont augmenté, mais aussi le nombre de refus d’entrée. Les ressortissants des Balkans occidentaux ont ainsi représenté 18 % de tous les refus d’entrée en 2013, contre 9 % en 2010, c’est-à-dire avant la libéralisation du régime de visas. Plus nombreux à être contrôlés aux frontières, les ressortissants de ces pays n’étant plus soumis à une demande de visa ne sont plus connus des services consulaires quand ils se rendent dans l’UE, ce qui fait que les autorités de contrôle aux frontières sont les seules à identifier désormais les voyageurs qui ne respectent pas les critères de séjour dans l’UE, et notamment la limite de trois mois passés dans l’UE sur une période de six mois.

Les documents frauduleux

En 2013, observe encore Frontex, 9800 migrants utilisant des documents frauduleux pour entrer illégalement dans l’UE ou l’espace Schengen ont été détectés. L’Agence observe que c’est désormais l’usage de documents obtenus frauduleusement, plutôt que falsifiés, qui est le mode opératoire de plus en plus répandu. Ainsi, la détection de passeports obtenus frauduleusement a doublé entre 2012 et 2013.

Frontex mentionne aussi dans son rapport que, du fait de l’utilisation plus importante de documents obtenus frauduleusement, le nombre de passeurs identifié a reculé de 11 % en 2013 pour atteindre 6900 : la tendance va en effet à contourner plus souvent les voies légales d’entrée dans l’UE en utilisant des documents frauduleux, ce qui permet aux passeurs ou "facilitateurs" d’opérer à distance, sans avoir à accompagner les migrants.

Aussi, l’agence considère-t-elle que les risques associés à l’usage de documents frauduleux sont élevés dans la mesure où ils posent problème en termes de sécurité, tant à la frontière qu’à l’intérieur de l’UE. Frontex s’attend à ce que les cas de fraude concernent à l’avenir de plus en plus les cartes d’identité et les permis de séjours, qui sont moins sophistiqués que les passeports.

Entrées illégales dans l’UE : Frontex note une tendance à la hausse

Le nombre de personnes tentant d'entrer illégalement dans l'UE qui ont été détectées a augmenté de 48 % en 2013 par rapport à l'année précédente, relève Frontex dans ce rapport qui chiffre leur nombre à 107 000. Un chiffre comparable à ceux observés en 2009 et 2010, et bien plus bas en tous cas que lors du pic de 141 000 personnes enregistré en 2011, pendant le printemps arabe. Pour ce qui est des perspectives, Frontex s’attend à ce que la hausse du nombre de personnes détectées pendant qu’elles tentent d’entrer illégalement dans l’UE se poursuive en 2014, et ce notamment par les principales routes identifiées au Sud de l’UE.

Plus de la moitié des personnes ayant tenté d’entrer illégalement dans l’UE étaient des ressortissants syriens, afghans et albanais, les Syriens ayant représenté à eux seuls un quart du nombre de personnes entrées illégalement en 2013. Entre 2012 et 2013, le nombre de Syriens détectés a triplé, relève Frontex qui voit dans cette évolution un reflet de la situation désastreuse en Syrie et dans les camps de réfugiés. Ainsi, les Syriens étaient aussi de loin les plus nombreux à demander une protection internationale, avec plus de 50 000 demandes en 2013, ce qui représente près du double du nombre déjà élevés de demandes introduites en 2012. Près des deux tiers des demandes d’asile introduites par des Syriens ont été déposées en  Suède, en Allemagne et en Bulgarie.

La zone centrale de la Méditerranée, principale voie d’entrée illégale de migrants, a vu le nombre de personnes interceptées augmenter progressivement tout au long de l’année 2013. Ainsi, en fin d’année, le nombre de total de personnes interceptées dans cette zone avait dépassé 40 000, la plupart des bateaux étant partis de Libye, où les "facilitateurs" profitent de la faiblesse des contrôles des autorités, mais beaucoup d’entre eux étant aussi partis d’Egypte.

Le nombre de personnes interceptées sur la route orientale de la Méditerranée, 24 800 en 2013, a atteint son niveau le plus bas depuis 2009, mais cet itinéraire reste important, emprunté par près d’un quart des migrants ayant tenté de rejoindre illégalement l’UE en 2013.Frontex observe par ailleurs que les zones d’interception ont changé par rapport à 2011 et 2012, l’Est de la Mer Egée ayant vu le plus grand nombre de personnes interceptées, suivi  par la frontière terrestre entre Bulgarie et Turquie.

Le nombre de personnes interceptées sur la route des Balkans occidentaux est passé de 6400 en 2012 à 19 500 en 2013, la plupart des détections ayant été faites pendant le premier semestre 2013 à la frontière entre la Hongrie et la Serbie. Les migrants concernés ont immédiatement introduit une demande d’asile avant de prendre la fuite pour poursuivre leur périple vers d’autres Etats membres.

Dans la zone occidentale de la Méditerranée et sur la route de l’Afrique de l’Ouest, le nombre de personnes détectées est resté stable en 2013, les deux tiers des 6 800 personnes étant entrée par la zone occidentale de Méditerranée ayant été détectées à Ceuta et Melilla. Une évolution que Frontex explique par les mesures de prévention à l’encontre des départs en mer prises notamment par les autorités marocaines.

A la frontière orientale, le nombre de personnes tentant d’entrer illégalement dans l’UE qui ont été interceptées est resté bas, représentant 1,2 % du total.

Pour ce qui est des personnes en situation illégale, "après la frontière" donc, Frontex évoque une tendance stable en 2013, avec 345 000 personnes identifiées.  Le nombre de demandes d’asile introduites a continué à augmenter en 2013, les chiffres préliminaires dont dispose Frontex évaluant la hausse à 28 % par rapport à l’année précédente, avec près de 354 000 demandes d’asile.