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Migration et asile
Le directeur général de l’agence Frontex a présenté au Parlement européen "Triton", la nouvelle opération censée aider l'Italie à faire face à l'afflux de migrants
04-09-2014


pe-comm-libe-frontex-gil-arias-140904Le directeur général de l’agence Frontex, Gil Arias-Fernández, a présenté le 4 septembre 2014 au Parlement européen la nouvelle opération censée aider l'Italie à faire face à l'afflux de migrants. L’opération, qui avait été annoncée le 27 août 2014 par la commissaire européenne de l’Intérieur Cecilia Malmström sous le nom de "Frontex plus", sera finalement baptisée "Triton", a précisé le directeur de l’agence  européenne chargée de la gestion des frontières devant la commission des libertés civiles, de la Justice et des affaires intérieures. Il a rappelé que l’opération "ne remplacera pas Mare Nostrum", l’opération italienne lancée en octobre 2013 après le naufrage de Lampedusa et que le gouvernement italien avait menacé d’arrêter. "Ni la mission ni les ressources ne permettent un remplacement", a ajouté Gil Arias-Fernández. Cecilia Malmström a confirmé qu’un remplacement n’est pas prévu, lors d’une audition devant la même commission le 3 septembre 2014.

Gil Arias-Fernández a déclaré ne pas avoir de confirmation sur la possible fin de Mare Nostrum, une opération qui a permis de sauver la vie de près de 100 000 migrants jusqu’à la fin d’août, selon Cecilia Malmström. Selon le directeur de Frontex, "Triton" couvrira les zones d'opération d'Hermès (au sud de la Sicile et près des îles de Lampedusa et Pantelleria) et d’Aeneas (aux côtes de la Calabrie et de l’Apulie). Ces deux opérations auxquelles 22 Etats membres ont participé arrivent à terme fin septembre, a précisé Gil Arias-Fernández. L’opération Hermès sera prolongée jusqu’à fin novembre en raison de la pression migratoire accrue grâce à une réaffectation du budget, a noté le directeur de Frontex. Le budget de Frontex, qui a atteint en 2014 89,2 millions d’euros, sera ainsi "complètement épuisé", a ajouté Gil Arias-Fernández, en expliquant que Frontex n’a pas d’équipement ni de garde-frontières, mais coordonne les ressources mises à disposition par les Etats membres.

Triton sera une opération de contrôle des frontières et coûtera trois millions d'euros par mois

L’opération Triton va opérer "plus proche des frontières européennes" que Mare Nostrum et coûter environ trois millions d’euros par mois, a expliqué le directeur de Frontex. Mare Nostrum qui opère également proche des côtes libyennes, coûte environ neuf millions d’euros par mois à l’Italie qui avait multiplié ces derniers mois les appels de soutien à ses partenaires européens devant l'afflux toujours plus grand de migrants.

La "différence fondamentale" entre Triton et Mare Nostrum sera que la dernière est une opération "de recherche et de sauvetage" tandis que la première se focalise sur le contrôle des frontières, a précisé Gil Arias-Fernández, ajoutant que cela n’exclut pas des opérations de sauvetage, puisque "sauver des vies est une priorité absolue". Pourtant, les navires de patrouille ne seraient pas à même de prendre des centaines de migrants, a averti le directeur de Frontex.

L'opération Mare Nostrum un "facteur d’incitation" pour les passeurs

pe-comm-libe-frontex-gil-arias-140904-liveLe responsable a regretté que le nombre de départs, notamment de la Libye "qui ne contrôle plus du tout ses frontières", a "drastiquement augmenté" depuis le lancement de l’opération Mare Nostrum qui a été un "facteur d’incitation" pour les passeurs. Ceux-ci "abusent" de la proximité de la Libye avec le champ d’opération de Mare Nostrum, en mettant moins d’essence et moins d’eau à disposition des migrants dans l’espoir qu’ils seront secourus de toute façon, ce qui augmente le risque pour les migrants, a noté le directeur de Frontex. Beaucoup d’accidents auraient eu lieu près des côtes libyennes, a-t-il ajouté, précisant que les autorités italiennes auraient détecté jusqu’à 50 embarcations par jour.

Le nombre de détections de franchissements illégaux a été 2,5 fois plus élevé à la fin de juillet  que l’année précédente, a estimé le responsable, ajoutant que dans les sept premiers mois, plus de 121 000 personnes ont été détectées, contre 107 000 pour toute l’année 2013. "Si la tendance se poursuit, le nombre de détection sera plus élevé qu’en 2011 quand 115 000 migrants ont tenté de franchir les frontières de l’UE.  

La Libye, le principal pays de départ

La Libye est le principal pays de départ devant l’Egypte et la Turquie. Les Syriens représentent la moitié des migrants partis de l’Egypte et 14 % des migrants partis de la Libye où la nation la plus représentée était l’Erythrée avec 27 %, selon Gil Arias-Fernández. Beaucoup  de migrants qui arrivent en Italie ne demanderaient pas l’asile car ils cherchent à aller en Allemagne, aux Pays-Bas ou dans les pays scandinaves, selon le responsable de Frontex. Par ailleurs, ils tenteraient souvent d’éviter l’enregistrement de leurs empreintes digitales pour ne pas être identifiés par le système Eurodac.

Une fois les détails de l’opération convenus, un appel de participation sera lancé aux Etats membres. Son financement dépendra de la "disponibilité de fonds" et de la volonté des Etats à déployer des ressources, a précisé le directeur de Frontex.

La Grèce réclame 63 millions d'euros pour faire face à l'augmentation "dramatique" du flux migratoire

Par ailleurs, la Grèce a alerté le 4 septembre 2014 ses partenaires européens de l'augmentation "dramatique" du flux migratoire à ses frontières maritimes en 2014 et réclamé 63 millions d'euros supplémentaires pour y faire face. "Nous avons atteint nos limites, on risque d'avoir plus d'accidents en mer (que les années précédentes) et il y a un grand risque de pertes humaines", a averti Miltiadis Varvitsiotis, ministre de la Marine marchande et de l'Egée, au cours d'une conférence de presse, selon une dépêche de l’Agence France Presse (AFP). Parlant en anglais "pour faire passer le message à l'étranger", le ministre a déploré le fait que l'Union européenne n'ait pas encore répondu à une demande de la Grèce en juin pour l'octroi de 63 millions d'euros. Assistée par Frontex, la Grèce a déjà reçu 71 millions d'euros pour l'équipement de sa police portuaire entre 2007 et 2015.

Toutefois, "cet argent n'est pas destiné aux opérations quotidiennes, qui requièrent un personnel nombreux et des patrouilles 24 heures sur 24, ou au maintien des centres d'accueil", a expliqué le ministre.  Athènes impute "l'intense" pression migratoire à "la position géographique du pays au milieu d'une région très instable du fait des guerres en Syrie, en Irak et à Gaza". Selon l’AFP, le nombre total des migrants ayant traversé l'Egée, frontière maritime avec la Turquie, a dépassé les 17 000 personnes pendant les huit premiers mois de 2014, avec une hausse marquée en août, contre 10 508 pour toute l’année 2012 et 3 345 pour 2012. En 2014, 48 migrants ont péri en mer contre 28 en 2013, selon l’agence. Cette pression aux frontières maritimes de la Grèce, de 2 200 km de longueur et comptant 20 îles, est aussi due à la construction d'un mur sur la frontière terrestre gréco-turque.