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Economie, finances et monnaie
Prévisions économiques de l'automne 2014 - Les tensions géopolitiques, la fragilité des marchés financiers et le risque d'une mise en œuvre incomplète des réformes structurelles font craindre une détérioration des perspectives de croissance
04-11-2014


Les prévisions économiques d'automne 2014 de la Commission européenne (Source : Commission)D'après les prévisions économiques d'automne de la Commission européenne publiées le 4 novembre 2014, l'UE et la zone euro devraient connaître une croissance faible pendant les derniers mois de l'année. Pour l'ensemble de l'année 2014, leur PIB réel devrait croître respectivement de 1,3 % et 0,8 %.

La croissance devrait s'accélérer légèrement en 2015 (1,5 % et 1,1 %), grâce à une demande internationale et intérieure plus vigoureuse. En 2016, la consolidation du secteur financier (à la suite de l'évaluation globale de la BCE et des progrès accomplis dans la réalisation de l’Union bancaire) et les premiers effets bénéfiques des réformes structurelles menées récemment devraient favoriser une accélération de l'activité économique à 2 % pour l'UE et à 1,7 % pour la zone euro.

Avec ce diagnostic, la Commission réduit ses attentes par rapport à ses prévisions de printemps 2014 pour l’année 2014 de 0,3 % pour l’UE et de 0,4 % pour la zone euro, et pour 2015, elle réduit ses perspectives de 0,5 % et 0,6 %.

Cela lui fait dire que "la reprise amorcée au second trimestre de 2013 demeure fragile et le climat économique reste peu propice dans de nombreux États membres". La raison : "La confiance s'est détériorée depuis le printemps dernier, du fait des risques géopolitiques accrus et des perspectives économiques mondiales moins favorables", un renvoi à la crise ukrainienne et aux événements qui ébranlent le Moyen Orient. La conséquence : "l’investissement n’a pas encore réussi à être un moteur de la croissance".    

Malgré des conditions financières accommodantes, la reprise économique devrait être lente en 2015, les séquelles de la crise (chômage et dette élevés, sous-utilisation des capacités) ne devant s'effacer que progressivement.

Un  point positif : l’évaluation globale menée récemment par la BCE a réduit les incertitudes quant à la solidité du secteur bancaire. La Commission pense dans ce contexte "que l’amélioration des conditions de financement devrait favoriser la reprise de l’activité économique." Et elle ajoute : "En 2016, la croissance devrait également bénéficier du renforcement de la demande intérieure et internationale ainsi que de la poursuite d'une politique monétaire particulièrement accommodante associée à de faibles coûts de financement."

La croissance au Luxembourg sera plus forte que chez les voisins

L'éventail des taux de croissance dans l'UE devrait rester large en 2014, allant de - 0,7 % (Croatie) à 4,6 % (Irlande), mais il devrait se réduire au cours des deux prochaines années. Tous les pays de l’UE devraient enregistrer une croissance positive en 2015 et 2016, années où l'effet décalé des réformes déjà menées devrait être plus fort. Le Luxembourg affichera dans ce contexte une croissance de 3 %, la deuxième la plus forte dans la zone euro et la quatrième la plus forte dans l’UE, tandis que ses voisins afficheront 0,9 % de croissance du PIB réel pour la Belgique, 0,3 % seulement pour la France et 1,3 % pour l’Allemagne.

En 2015, la croissance du Luxembourg serait moins forte, 2,4 %, par rapport à une croissance moyenne de 1,5 % dans l’UE et de 1,1 % dans la zone euro, autrement dit la cinquième croissance la plus forte de la zone euro et seulement la dixième croissance la plus forte dans l’UE. Mais cette croissance dépasserait fortement celle de ses voisins, la Belgique n’affichant que 0,9 %, l’Allemagne reculant à 1,1 % et la France avançant de 0,7 % à peine.

En 2016, la croissance reprendrait légèrement, avec 2,9 % au Luxembourg, par rapport à une moyenne UE de 2 % et de 1,7 % dans la zone euro. A ce moment-là, le Luxembourg afficherait la quatrième plus forte croissance de la zone euro et la cinquième de l’UE. Ce serait pour ses voisins une légère amélioration, la Belgique affichant 1,1 %, l’Allemagne 1,8 % et la France 1,5 % de croissance du PIB. A terme, le ralentissement de la croissance dans la zone euro représente néanmoins un des risques les plus importants pour la croissance luxembourgeoise, l’autre grand défi étant la capacité du secteur financier de s’adapter rapidement et avec succès aux changements dans l’environnement règlementaire.

L’Allemagne n’avance qu’à très petits pas, la France affiche une croissance très faible

La reprise dans l’UE semble faible, que ce soit par rapport à d'autres économies développées ou aux niveaux – généralement déjà faibles et fragiles – enregistrés par le passé après une crise financière. Les grandes économies n’affichent pas de très bons chiffres. L’Allemagne, grand moteur de l’économie de l’UE, n’avance qu’à très petits pas. La France affiche une croissance très faible et son déficit budgétaire s’envole à 4,4 % du PIB en 2014, 4,5 % en 2015 et 4,7 % en 2016. L'Italie reste avec 0,4 % en récession en 2014, et ce pour la troisième année consécutive, tandis que sa dette publique dépasse les 130 % du PIB.

Les pays qui ont bénéficié d'un programme d'aide semblent se reprendre. La Grèce pourrait sortir de la récession avec une croissance de 0,6 % en 2014, une croissance qui pourrait passer à 2,9 % en 2015 et 3,7 % en 2016. L’Irlande affiche également des taux de croissance impressionnants, avec 4,6 % en 2014, 3,6 % en 2015 et 3,7 % en 2016. L'Espagne, qui a bénéficié d'un plan pour ses banques, devrait elle aussi faire mieux, avec une croissance passant de 1,2 % cette année à 1,7 % en 2015 et 2,2 % en 2016. Au Portugal, la reprise sera plus lente, avec 0,9 % de croissance en 2014, 1,3 % en 2015 et 1,7 % en 2016.

L'investissement et la consommation privés devraient se redresser progressivement

Au cours de la période de prévision, les effets bénéfiques d'une politique monétaire très accommodante, des progrès réalisés dans la réduction de la dette privée et d'une politique budgétaire globalement neutre devraient se faire de plus en plus sentir sur la demande intérieure.

Quoiqu'initialement freiné par le niveau important de capacités inutilisées, l'investissement privé devrait se redresser progressivement, à la faveur également de perspectives plus favorables concernant la demande et d'effets de rattrapage.

En 2015 et 2016, la consommation privée devrait connaître une expansion modérée, favorisée par le faible niveau des prix des produits de base et par l'accroissement, à mesure que la situation de l'emploi s'améliore, du revenu disponible. La contribution de la consommation publique à la croissance devrait rester limitée.

Compte tenu de la croissance modérée des échanges commerciaux, les exportations nettes ne devraient contribuer que faiblement à la croissance du PIB au cours des années à venir, notamment à cause du relatif infléchissement de la croissance de la Chine et de la réduction des taux de croissance du commerce mondial.

Un chômage structurel important frappera plus d’une vingtaine de millions de personnes

La création d’emplois a été modérée et les taux de chômage élevés ont légèrement baissé. Étant donné que la croissance économique devrait s’accélérer progressivement, la situation de l'emploi devrait connaître une amélioration plus marquée vers la fin de la période de prévision. Actuellement à 10,3 % dans l’UE et à 11,6 % dans la zone euro, le taux de chômage devrait baisser à 10 % en 2015 puis à 9,5 % en 2016 dans l’UE et à 11,3 % en 2015, puis à 10,8 % dans la zone euro en 2016. Un chômage structurel important continuera donc à sévir à moyen terme frappant plus d’une vingtaine de millions de personnes. Au Luxembourg, le chômage stagnera entre 6,1 et 6,2 %, parce que la création d’emplois, importante, n’arrive pas à absorber la croissance d’une population active marquée par le chômage structurel.  

La tendance à la décélération de l’inflation s’est poursuivie en 2014 dans les États membres de l’UE, sous l’effet d’une diminution des prix des produits de base et de la morosité de la situation économique. L’inflation devrait rester très faible en 2014. Le redressement progressif de l’activité économique, l'augmentation des salaires et, également, la dépréciation récente de l'euro devraient inverser cette tendance. Pour l'UE, il est prévu que l’inflation s’établisse à 0,6 % en 2014, à 1 % en 2015 et à 1,6 % en 2016. Dans la zone euro, l’inflation basée sur l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) devrait s’établir à 0,5 % cette année et à 0,8 % en 2015, avant de remonter à 1,5 % en 2016. Pour ce qui est du Luxembourg, l’inflation devrait, avec 2,1 % de taux d’inflation due à la hausse de la TVA, dépasser fortement la moyenne de l’UE et de la zone euro en 2015, et de même en 2016 avec 1,9 %.

Les déficits publics devraient atteindre 3 %

La réduction des déficits publics devrait se poursuivre. En ce qui concerne tant l'UE que la zone euro, le niveau des déficits devrait continuer à baisser cette année, quoique plus lentement qu'en 2013, pour atteindre respectivement 3 % et 2,6 %. D'après les prévisions, la réduction des déficits publics devrait se poursuivre au cours des deux prochaines années, aidée par le renforcement de l’activité économique. La politique budgétaire devrait être pratiquement neutre en 2014 et 2015.

Au Luxembourg, qui affichera en 2014 un excédent budgétaire de 0,2 % du PIB, en déclin de 0,4 % par rapport à 2013, l’année 2015 sera marquée, malgré les économies budgétaires tournant autour de 1 % du PIB qui sont prévues, par un déficit de - 0,4 % du PIB, ce à cause de la chute des revenus de la TVA en provenance du commerce électronique. La hausse de la TVA et le prélèvement d’une contribution pour la petite enfance sur les particuliers, qui correspond à 0,3 % du PIB, ne changera pas la donne. En cas de politique inchangée par rapport à 2015, l’année 2016 conduira à un déficit de - 0,6 % du PIB. Le solde structurel pourrait alors passer de 1,1 % en 2014 à 0,4 en 2015 et - 0,1 % en 2016.

Le ratio de la dette au PIB dans l'UE et la zone euro devrait atteindre un niveau sans précédent l'année prochaine, respectivement 88,3 % et 94,8 % (selon la définition du système européen des comptes 2010). La dette publique du Luxembourg passerait elle de 23 % en 2014 à 24,3 % en 2015 et 25,4 % en 2016.

Les tensions géopolitiques, la fragilité des marchés financiers et le risque d'une mise en œuvre incomplète des réformes structurelles nécessaires font craindre une détérioration des perspectives de croissance. Les risques qui pèsent sur les perspectives d’inflation restent équilibrés.