Principaux portails publics  |     | 

Migration et asile - Justice, liberté, sécurité et immigration
Suite à la découverte de plusieurs centaines de migrants abandonnés sur des cargos en Méditerranée, le commissaire à la Migration Dimitris Avramopoulos souligne "la nécessité d'une action décisive et coordonnée à l'échelle européenne"
02-01-2015


Dans un communiqué de presse publié le 2 janvier 2015,  le commissaire à la Migration et aux Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos a réagi aux récents événements lors desquels plusieurs centaines de migrants se sont retrouvés piégés en pleine mer Méditerranée sur des bateaux cargos après avoir été abandonnés par leurs passeurs.

Le contexte

Le cargo Blue Sky M qui transportait près de 800 migrants abandonnés en pleine mer AdriatiqueLe 2 janvier 2015, les autorités militaires italiennes avaient annoncé avoir pris le contrôle de l'Ezadeen, un cargo en panne abandonné par son équipage, et transportant 450 migrants au large de la Calabre dans le sud de l’Italie. La marine militaire italienne avait indiqué que six membres des garde-côtes italiens avaient été déposés sur le cargo par hélicoptère et étaient parvenus à prendre le contrôle du navire. L’Ezadeen, un bâtiment de 73 mètres de long immatriculé en Sierra Leone, avait été repéré le 1er janvier 2015 au large de Crotone.

Quelques jours plus tôt, le 31 décembre 2014, la marine italienne avait déjà réussi à ramener à bon port le Blue Sky M, un cargo qui battait pavillon moldave et qui transportait près de 800 migrants abandonnés en pleine mer Adriatique. Sans l'intervention italienne, le navire, abandonné par son équipage avec le moteur bloqué à pleine puissance, et qui se dirigeait droit vers les Pouilles, serait allé percuter les rochers du littoral. Les garde-côtes ont indiqué sur Twitter qu’ils sont ainsi parvenues à éviter "une autre hécatombe" en Méditerranée. Le Blue Sky M a été acheminé à Gallipoli, un port du sud-est de l'Italie, où les migrants ont été pris en charge par les autorités.

Dimitris Avramopoulos indique qu’ "un plan sera présenté en temps utile"

Dans son communiqué, le commissaire Dimitris Avramopoulos a félicité la Garde côtière italienne et l’agence européenne pour la gestion des frontières Frontex qui, "dans le cadre de l'opération conjointe Triton, ont sauvé des centaines de migrants en détresse". Ces cas de trafics de migrants constatés dans des bateaux cargos soulignent selon lui "la nécessité d'une action décisive et coordonnée à l'échelle européenne".

Frontex est l'Agence européenne pour la surveillance des frontières extérieures de l’UEIl indique que ces événements traduisent la tentative des trafiquants de trouver de nouvelles routes vers l’Europe et de nouvelles méthodes "afin d'exploiter des gens désespérés qui tentent d'échapper aux conflits et à la guerre". Par conséquent, il est selon lui indispensable de prendre des mesures contre les organisations criminelles. "Nous ne devons pas permettre aux contrebandiers de mettre en péril la vie des gens dans de vieux navires abandonnés et dans des conditions météorologiques dangereuses", a-t-il souligné. Dimitris Avramopoulos a en outre indiqué que la lutte contre la contrebande sera une priorité absolue dans l'approche globale des migrations de la Commission européenne, et qu’ "un plan qui sera présenté en temps utile". "Nous irons de l'avant avec engagement et détermination", a-t-il conclu.

Jean-Claude Juncker avait déjà plaidé pour un renforcement des capacités opérationnelles de Frontex

Pour répondre à ce phénomène, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’est fixé dès sa prise de fonction comme objectif de renforcer les capacités opérationnelles de Frontex. Il s’agit notamment de l’un des objectifs de la politique migratoire établi dans les orientations politiques de la commission Juncker. En présentant son programme devant le Parlement européen le 15 juillet 2014, il avait demandé aux Etats membres de l'UE de "mettre en commun plus de ressources pour renforcer le travail de Frontex et mettre en place des équipes européennes de garde-frontières". Il avait notamment estimé que dans la gestion des flux de migrants, il fallait mettre en œuvre une meilleure solidarité entre le Nord et le Sud de l’Europe.

La Méditerranée est devenue "la route la plus mortelle du monde" en 2014 en causant près de 3 500 morts selon les Nations-Unies

La Méditerranée est devenue "la route la plus mortelle du monde" en 2014, avec au moins 3 419 migrants qui ont perdu la vie en tentant de la traverser en quête d'un avenir meilleur, selon un communiqué de l'agence des Nations Unies en charge des réfugiés (Haut Commissariat pour les réfugiés, HCR) publié le 10 décembre 2014. Selon le HCR, en Asie du Sud-Est, on estime à 540 le nombre de personnes décédées en tentant de traverser le golfe de Bengale, tandis qu’en Mer rouge et dans le golfe d'Aden, au moins 242 personnes ont perdu la vie. Dans les Caraïbes le nombre de morts ou de disparitions signalées s'élevait à 71 début décembre 2014.

Le HCR indique que depuis le début de l'année, ce sont plus de 207 000 migrants qui ont tenté de traverser la Méditerranée, un chiffre presque trois fois plus élevé que le précédent record établi en 2011, soit près de 70 000 migrants, lorsque la guerre civile libyenne battait son plein.

Lampedusa sur la carte"Vous ne pouvez pas utiliser des moyens de dissuasion pour empêcher une personne de fuir pour sauver sa vie, sauf en augmentant les dangers", a affirmé le Haut Commissaire pour les réfugiés António Guterres dans le communiqué de l’institution. "Il faut s'attaquer aux vraies causes profondes, c'est-à-dire examiner les raisons pour lesquelles les personnes fuient, ce qui les empêche de chercher asile par des moyens plus sûrs, et ce qui peut être fait pour sévir contre les réseaux criminels qui prospèrent dans ce contexte, cela tout en protégeant les victimes. Cela signifie également disposer de systèmes adéquats pour gérer les arrivées et distinguer les vrais réfugiés de ceux qui ne le sont pas".

L'Italie n’est pas le seul pays de l’UE confronté à un afflux croissant de clandestins qui tentent de gagner l'Europe par la Méditerranée. De par sa position géographique, l’Espagne constitue également l'une des portes d'entrée privilégiée de l'immigration clandestine en Europe.

Ainsi, le 30 décembre 2014, près de 150 migrants ont été secourus au large de l'Espagne alors qu'ils tentaient pour la plupart de traverser dans des embarcations de fortune. Le 4 janvier 2015, 11 migrants ont été secourus à 10 milles marins de la côte andalouse, comme l’ont indiqué sur leur compte Twitter les services d'urgence de cette région du sud du pays qui fait face aux côtes marocaines et algériennes. Le rythme des découvertes d’embarcations chargées de migrants s'est accéléré depuis au large de l'Andalousie.

La plus importante opération de sauvetage a eu lieu le 2 janvier 2015, lorsqu'un ferry a alerté de la présence d'un bateau transportant 53 personnes près de l'île d'Alboran, au sud de l'Andalousie, selon les services de secours en mer. Le même jour, une autre embarcation transportant 10 personnes a été interceptée un peu plus à l'est. Le 31 décembre 2014, 26 personnes avaient été retrouvées dans la même zone, toujours selon les services de secours. La veille, c'est dans les eaux de l'océan Atlantique, au large de l'archipel des Canaries, qui se situe à la latitude du sud du Maroc, que 41 personnes avaient été secourues.