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Semestre européen - Economie, finances et monnaie
Eurogroupe – Suite à la victoire de la gauche radicale aux législatives grecques, les ministres se disent prêts à un dialogue constructif avec le nouveau gouvernement mais soulignent que "les problèmes sont toujours là" et "doivent être résolus"
26-01-2015


De gauche à droite: Pierre Moscovici, membre de la Commission; Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe; et Klaus Regling,  directeur général du Mécanisme européen de stabilité, à la réunion du 27 janvier de l'Eurogroupe (source: Conseil)Les ministres des Finances des 19 Etats membres de la zone euro se sont réunis à Bruxelles, le 26 janvier 2015, à l’occasion d’une réunion mensuelle de l’Eurogroupe qui aura vu un agenda déjà bien chargé être bousculé par les résultats des élections législatives en Grèce et la victoire du parti ouvertement anti-austérité Syriza.

Si les conséquences de cette victoire ont dominé la rencontre, les ministres ont également abordé un large éventail de sujets : ils ont ainsi été informés de la mise en place par la Banque centrale européenne (BCE) d’un plan de rachat massif de titres de dette. Ils ont évoqué les orientations de la Commission européenne sur la flexibilité au service de l’investissement dans l’application des règles du Pacte de stabilité et de croissance (PSC) et ils ont fait le point sur le passage à l’euro de la Lituanie et dressé l’état des lieux de la situation économique dans la zone euro. Le ministre luxembourgeois des Finances, Pierre Gramegna, y représentait le Grand-Duché.

La Grèce

Comme cela était déjà le cas pour plusieurs ministres des Finances interrogés par la presse lors de leur arrivée à la réunion, la Grèce a été le premier sujet évoqué par le président de l’Eurogroupe, le ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem, lors de la conférence de presse organisée à l’issue de la réunion, le président "félicit[ant] bien entendu le parti qui a remporté les élections et qui a désormais formé un gouvernement". "Nous lui souhaitons, bien sûr, de connaître le succès et nous sommes impatients de travailler avec lui comme nous l’avons fait avec le précédent gouvernement grec", a-t-il dit, promettant le soutien de l’Eurogroupe "dans la quête de la reprise économique de la Grèce" par le nouveau gouvernement.

Jeroen Dijsselbloem a par ailleurs salué l’ambition du gouvernement de rester dans la zone euro "ce qui est exactement notre ambition aussi". Quant aux conséquences sur le programme d’ajustement structurel auquel est soumise la Grèce, le président de l’Eurogroupe a préféré temporiser, estimant que, alors que le nouveau gouvernement grec n'a pas encore pris ses fonctions, "il est trop tôt pour dire quelles sont leurs intentions à court terme".

"Je pense que nous aurons besoin d'un peu de patience", a-t-il encore dit, soulignant que l’Eurogroupe avait évoqué la nécessité de permettre au nouveau gouvernement grec de prendre position et de donner son avis sur la façon d'aller de l'avant "tant dans la finalisation de l'examen en cours que pour tout autre soutien de la zone euro à la Grèce" et que les partenaires d'Athènes auront une approche "très pragmatique". Il a néanmoins prévenu que les problèmes de la Grèce "n'ont pas disparu du jour au lendemain par le simple fait qu'une élection a eu lieu". "Un nouveau gouvernement peut adopter une nouvelle approche, mais les problèmes sont toujours là, ils doivent toujours être résolus", a-t-il averti à sa sortie de la réunion, citant entre autres l’efficacité des institutions, l’ouverture de l’économie ou le caractère attractif pour les investisseurs.

Pour mémoire, la conclusion de l'examen en cours, à savoir la cinquième mission de suivi de la troïka des créanciers (Commission européenne, BCE et FMI) ouvrirait la voie pour le versement d’une nouvelle tranche d’aide et elle est une condition préalable à la discussion sur les modalités de suivi pour la sortie de la Grèce de son deuxième plan d’aide qui doit prendre fin début 2015. Or, si l’Eurogroupe, lors de sa réunion de décembre 2014, avait salué les "progrès réalisés par les autorités grecques afin de s’attaquer aux questions en suspens", il avait relevé qu’il "ne serait pas possible d'achever l'examen avant la fin de l'année" et l’avait prolongé en conséquence en février 2015, soit "jusqu'à la conclusion d’un accord au niveau technique et à ce que toutes les obligations préalables soient réputées remplies".

Un peu plus tôt, lors de son arrivée à la réunion, le président de l’Eurogroupe n’avait d’ailleurs pas exclu des discussions sur une nouvelle prolongation au-delà de février. Interrogé pour savoir si la troïka des créanciers publics de la Grèce allait retourner à Athènes pour conclure la revue du programme d'aide en cours, Jeroen Dijsselbloem a répété qu'il allait falloir "attendre de connaître la position du nouveau gouvernement […] concernant l'avenir du programme".

Lors de la conférence de presse, le commissaire européen en charge des Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, a dit partager les félicitations adressées au parti victorieux. "Le peuple grec a exprimé son choix démocratique. Il l'a fait clairement. Nous le respectons. Nous l’acceptons", a-t-il assuré, indiquant que la Commission était "prête à travailler constructivement avec le futur gouvernement, comme nous l’avons fait avec ses prédécesseurs depuis 2010". Le commissaire a salué la "nouvelle positive" que constitue la formation rapide du gouvernement (annoncée pour le 27 janvier), "parce qu’elle signifie que le pays peut se mettre au travail pour faire face à ses défis, qui sont importants". Ces défis "nécessitent et nécessiteront toujours des réformes [qui] doivent être conduites par les Grecs eux-mêmes – avec un soutien appuyé de la part des Etats de la zone euro et de la Commission", a-t-il avancé.

Pour ce qui est des conséquences de cette élection, "nous allons attendre que le nouveau gouvernement nous communique sa position vis-à-vis du programme et des engagements que la Grèce a pris envers ses partenaires", a encore dit Pierre Moscovici, le commissaire soulignant la volonté de la Commission de "reprendre un dialogue constructif aussi vite que possible".

"Permettez-moi de conclure en rappelant que la Grèce a fait des progrès remarquables au cours des dernières années. Le peuple grec a fait, et nous le savons, beaucoup de sacrifices, et a fait face à de nombreux choix difficiles, mais les Grecs ont été soutenus tout au long par la solidarité européenne. Leurs efforts commencent à porter leurs fruits", a poursuivi Pierre Moscovici, qui cite la reprise de la croissance, l’augmentation des investissements et un début de baisse du chômage. "Je le redis : nous sommes prêts à nous engager dans un dialogue constructif avec la Grèce et avec son gouvernement légitime pour soutenir les efforts à venir en matière de réformes et surtout pour poursuivre, approfondir ces premiers résultats, car c'est cela que le peuple grec attend, et nous allons nous engager dans cette démarche constructive".

Pacte de stabilité et de croissance, surveillance budgétaire et flexibilité

Les ministres des Finances de la zone euro ont par ailleurs fait le point sur plusieurs dossiers relatifs au suivi de l’évaluation des projets de plans budgétaires 2015 des Etats membres menée par la Commission européenne dans le cadre du Semestre européen 2015.

Dans ce contexte, les ministres sont revenus sur le projet de plan budgétaire de la Lettonie, qui n’avait pu faire l’objet d’une analyse détaillée de la Commission en raison de l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement. Entre temps, la Commission a pu étudier le projet actualisé de plan budgétaire soumis par le gouvernement letton, dont elle a constaté qu'il était conforme aux exigences du Pacte de stabilité et de croissance, ce que l’Eurogroupe a salué dans une déclaration écrite distincte.

Dans le même contexte, les ministres ont également abordé le suivi des projets de plans budgétaires concernant les sept États membres qui présentaient un risque de non-conformité au titre du PSC, et tout particulièrement pour les trois pays – la France, l'Italie et la Belgique – dont l’évaluation définitive de la situation a été reportée au début du mois de mars 2015. La Commission présentera un rapport à l’Eurogroupe d'ici la fin du mois de février et le sujet sera à l’ordre du jour de la réunion des ministres de la zone euro du 9 mars.

"J'ai eu aussi l'occasion […] de rassurer certains sur le fait que nous étions vigilants sur la mise en œuvre, que nous n’oublions pas la procédure concernant la dette et que nous voulons avoir une comptabilité stricte sur l’ensemble des concepts que nous évoquons, aussi bien les réformes structurelles, l’investissement et les facteurs cycliques", a indiqué Pierre Moscovici.

Enfin, les ministres de l’Eurogroupe ont eu un premier échange de vues sur la communication de la Commission relative à la flexibilité dans le Pacte de stabilité et de croissance. "La communication met l'accent sur le besoin de répondre au cycle économique, de récompenser les investissements et la promotion des réformes structurelles, et de maintenir les règles du PSC", a souligné Jeroen Dijsselbloem qui a indiqué que "ces grands objectifs sont entièrement partagées par l'Eurogroupe" et que "d’autres discussions vont se poursuivre à partir du mois de mars à un niveau technique pour voir comment appliquer ces principes concrètement".

La situation économique dans la zone euro

La situation économique dans la zone euro était également au menu des ministres des Finances   qui ont débattu des priorités politiques nécessaires en matière de croissance et d’emploi. "Il n'y a pas deux manières de faire à ce sujet", a notamment indiqué Jeroen Dijsselbloem en résumant la teneur des discussions. "Renforcer le potentiel de croissance de notre économie exige une action décisive de la part des États membres à travers la consolidation budgétaire favorable à la croissance dans le respect du PSC, l'investissement et, surtout, des réformes structurelles favorisant la croissance", a-t-il poursuivi, notant que "les actions dans ces domaines rendront politique monétaire accommodante de la BCE plus efficace".

Et de préciser encore que les ministres ont tenu une brève discussion sur la gouvernance de la zone euro, "soit pour être plus précis sur la manière de faire en sorte que les réformes soient menées à bien" dans le contexte du Conseil européen informel de février 2015 qui examinera notamment l'état d'avancement de l’Union économique et monétaire (UEM).

L’Eurogroupe a par ailleurs discuté "très brièvement" du processus de transition de la Lituanie dans la zone euro, cet Etat membre de l’UE étant le 19e à avoir adopté la monnaie unique le 1er janvier 2015. "L’introduction de l’euro est une réussite bien méritée pour la Lituanie, après un processus de convergence impressionnant et une remarquable réémergence depuis la crise financière", a indiqué Jeroen Dijsselbloem.