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Migration et asile - Justice, liberté, sécurité et immigration
L’opération de surveillance de la Méditerranée dite "Triton" va être étendue jusqu’à la fin de l’année 2015 "au moins", a annoncé la Commission européenne qui se dit prête à augmenter les ressources de cette mission "si besoin"
19-02-2015


Le commissaire européen chargé de la Migration et des Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos lors d'une conférence de presse sur Triton le 19 février 2015 (Source : Commission)L’opération de surveillance de la Méditerranée dite "Triton" va être étendue jusqu’à la fin de l’année 2015 "au moins", a annoncé le 19 février 2015 la Commission européenne dans un communiqué. Elle réagit ainsi à des appels à un renforcement de l’opération qui s’étaient multipliés la semaine dernière quand plus de 300 migrants avaient été portés disparus en Méditerranée après avoir embarqué sur plusieurs canots de fortune en Libye. Selon la Commission, Triton était censé durer seulement quelque mois. Cette opération conjointe, coordonnée par l’agence européenne des frontières Frontex, avait été lancée le 1er novembre 2014 pour prendre le relais de Mare Nostrum, une mission de secours italienne lancée en octobre 2013 après le naufrage de Lampedusa qui avait coûté la vie à 366 migrants. L’Italie avait mis fin à cette opération, notamment en raison de ses coûts élevés d’environ 9 millions d’euros par mois. La porte-parole de la Commission avait insisté lors d'une conférence de presse le 11 février sur le fait que Frontex n'était pas un système de contrôle des frontières.

L’Italie se voit par ailleurs attribuer 13,7 millions d’euros au titre du fonds "Asile, migration et intégration" (AMIF), indique la Commission. Doté de 3,1 milliards d’euros pour la période 2014-2020, ce fonds vise une gestion efficace des flux migratoires, un soutien de l’immigration légale et de l’intégration, le développement du régime d’asile européen commun ainsi qu’une promotion des "stratégies de retour équitables et efficaces". En 2014, l’Italie avait déjà reçu 1,7 million d’euros au titre de ce fonds.

Par ailleurs, l’Italie recevra 11,9 millions d’euros pour faire face à une "augmentation dramatique", selon la Commission, des arrivées de mineurs non accompagnés (en hausse de 278 % par rapport à 2013). Un montant de 1,7 million d’euros sera d’ailleurs attribué au programme "Praesidium", lancé en mars 2006 en coopération avec l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), la Croix rouge et l’ONG Save the children, et qui vise à améliorer le premier accueil des demandeurs d’asile, notamment en Sicile.

Au total, l’Italie se voit attribuer 310 millions d’euros au titre de l’AMIF ainsi que 212 millions d’euros au titre du Fonds pour la sécurité intérieure pour la période 2014-2020. "L’Italie est ainsi un des plus importants bénéficiaires des fonds européens pour la migration", indique la Commission qui ajoute que l’Italie a reçu 478,7 millions d’euros de différents fonds européens entre 2007-2013.

Il ne peut seulement y avoir qu’une "solution européenne" à ce "problème complexe" pour lequel il n’y a ni de "solution nationale" ni de "solution simple", a déclaré Frans Timmermans, le vice-président de la Commission. "On a entendu l’appel de l’Italie et nous allons faire notre mieux pour y répondre", a-t-il dit, ajoutant que la Commission est prête à "répondre de manière constructive si l’Italie reconnaît la nécessité de renforcer les ressources de Triton".

L’année 2014 a été une année "chargée" avec plus de 200 000 migrants arrivés dans l’UE via la Méditerranée, estime Dimitris Avramopoulos

Le commissaire européen chargé de la Migration et des Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos a confirmé que "nous sommes prêts à augmenter les ressources de Triton si l’Italie en a besoin", en précisant que "nous ne pouvons pas remplacer l’Italie dans le contrôle des frontières extérieures". Il a souligné qu’il ne s’agit pas de "construire une Europe forteresse" et que l’UE doit impérativement améliorer sa gestion des flux migratoires.

5 600 personnes ont été secourues depuis le 1er janvier 2015, 50 % de plus par rapport à la même période en 2014, a indiqué le commissaire lors d’une conférence de presse. "Ce chiffre élevé nous donne une impression de ce à quoi il faut s’attendre dans les prochains mois et les prochaines années", a-t-il dit. L’année 2014 a été une année "chargée" avec plus de 200 000 migrants arrivés dans l’UE via la Méditerranée, a-t-il ajouté. "Nous ne pouvons plus fermer nos yeux et faire du ‘business-as-usual’", a-t-il insisté, estimant que l’Europe doit gérer la migration de manière plus efficace et "qu’il faut faire plus". "Aucun Etat membre peut gérer tout seul" le contrôle des frontières extérieures et le mot ‘solidarité’ ne doit pas rester un slogan, a-t-il souligné. Il a ajouté qu’un débat au collège des commissaires sur le sujet aura lieu le 4 mars 2015. Il a annoncé qu'une "politique de migration globale" sera dessinée cette année, se félicitant du soutien de tous les Etats membres pour cette initiative.

La Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, a indiqué pour sa part que qu’elle compte intensifier le partenariat avec des pays le long des routes migratoires.

Selon le communiqué, 19 000 personnes ont été sauvés depuis le lancement de l’opération Triton, dont 6 000 grâce à Triton. Les coûts sont estimés entre 1,5 et 3 millions d’euros par mois. Le budget opérationnel pour l’opération jusqu’à la fin de 2015 est estimé à 18,2 millions d’euros, précise le texte.

Le communiqué ajoute que Frontex a seulement une "fonction d’appui" et peut uniquement apporter une assistance aux Etats membres s’ils le demandent. Selon la Commission, les demandes italiennes ont été "pleinement satisfaites". La Commission se dit prête à "examiner de manière constructive toute demande italienne d’assistance accrue".