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Economie, finances et monnaie
La Grèce demande l’extension de son programme d’aide pour six mois, ce qui entraîne la convocation d’un Eurogroupe extraordinaire
19-02-2015


Le logo du ministère grec des Finances (source: gouvernement grec)Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a confirmé depuis son compte sur le site de microbloging Twitter, le 19 février 2015, que la Grèce avait bien transmis une proposition aux ministres des Finances de la zone euro demandant une extension de six mois de l'accord de financement conclu avec la zone. Dans ce contexte, il a par ailleurs annoncé la convocation d’un nouvel Eurogroupe extraordinaire, soit la troisième réunion du genre en moins de dix jours, qui se penchera sur cette demande dans l’après-midi du 20 février à Bruxelles.

La proposition du gouvernement grec

Transmise à quelques jours de l’ultimatum lancé par l’Eurogroupe à la Grèce suite à l’impasse constatée lors de ses deux précédentes réunions consacrées à l’avenir du programme d’aide grec, cette demande d’extension réclamée par les autres membres de la zone euro n’était plus une surprise. Elle avait été annoncée par le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis dès le 17 février 2015 en marge de la réunion du Conseil ECOFIN le même jour lors de laquelle les appels en ce sens à la Grèce avaient été renouvelés par les ministres des Finances de l’UE.

Dans un courrier daté du 18 février et diffusé notamment par le quotidien britannique Financial Times, le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, demande ainsi formellement une extension de l'accord-cadre d'assistance financière ou "Master financial assistance facility agreement" (MFAFA) pour une période de six mois à compter de son expiration, soit le 28 février 2015. Cette période permettra de "travailler conjointement en faisant le meilleur usage de la flexibilité de l'arrangement actuel, vers son aboutissement réussi et son examen sur la base des propositions du gouvernement grec d'une part, et des institutions d'autre part", écrit le ministre grec.

Dans cette lettre adressée au président de l’Eurogroupe, Yanis Varoufakis indique notamment que les autorités grecques "reconnaissent que les procédures convenues par les gouvernements précédents ont été interrompues par les dernières élections présidentielles et législatives et que, par conséquent, plusieurs dispositions techniques [de l’accord actuel] ont été invalidées". Pour autant, les autorités "honoreront les obligations financières de la Grèce envers tous ses créanciers", affirme le ministre grec qui répète "[son] intention de coopérer avec [ses] partenaires afin d’éviter des obstacles techniques dans le cadre du MFAFA" dont le gouvernement "reconnaît le caractère contraignant du contenu financier et procédural".

Selon Yanis Varoufakis, l’objectif de cette extension serait ainsi de convenir des termes financiers et administratifs "mutuellement acceptables" pour la mise en œuvre de l'accord. Cela en vue de permettre de "stabiliser la situation budgétaire de la Grèce", d’atteindre "des excédents budgétaires appropriés" et d'aider à la réalisation des objectifs budgétaires pour 2015 "en tenant compte de la situation économique actuelle", écrit-il. Le gouvernement grec s'engage pour sa part à "s’abstenir de toute action unilatérale qui pourrait compromettre les objectifs budgétaires, la reprise économique et la stabilité financière".

Le ministre grec des Finances estime par ailleurs que cette extension devrait permettre à la Banque centrale européenne (BCE) de réintroduire la dérogation qui lui permettait d’accepter la dette grecque comme garantie pour les emprunts contractés par les banques grecques et que la BCE avait suspendu le 4 février 2015. De même, cette extension devrait permettre une prolongation de la disponibilité des obligations du Fonds européen de stabilité financière (FESF) mises de côté pour les banques dans le Fonds hellène de stabilité financière (HFSF) pour la durée de l’accord, plaide le ministre grec.

Cette extension de six mois devrait aussi permettre de commencer les travaux entre les équipes techniques sur "un éventuel nouveau contrat pour la reprise et la croissance que les autorités grecques envisagent entre la Grèce, l'Europe et le Fonds monétaire international (FMI) pour prendre la relève de l'accord actuel", lit-on encore dans la lettre.

Pendant cette période, le ministre grec veut également "trouver un accord sur une supervision dans le cadre de l'UE et de la BCE et, dans le même esprit, avec le Fonds monétaire international pour la durée de l'accord étendu", écrit-il, alors que le gouvernement grec rejetait jusqu’à présent la présence de la "troïka" de ses créanciers institutionnels (Commission européenne, BCE, FMI) à Athènes. Enfin, la Grèce demande une discussion sur "d’éventuelles nouvelles mesures pour la dette", comme l'Eurogroupe s'y était engagé en novembre 2012.

"Avec ce qui précède à l'esprit, le gouvernement grec exprime sa détermination à coopérer étroitement avec les institutions de l'Union européenne et avec le Fonds monétaire international en vue d'atteindre la stabilité budgétaire et financière et pour permettre au gouvernement grec de présenter les réformes substantielles et approfondies qui sont nécessaires pour rétablir le niveau de vie de millions de citoyens grecs grâce à une croissance économique durable, l'emploi profitable et la cohésion sociale", conclut Yanis Varoufakis dans son courrier.

Les réactions

La proposition de la partie grecque n’a pas manqué de faire réagir, en premier lieu en Allemagne où le porte-parole du ministère des Finances, Martin Jäger, a considéré que "la lettre en provenance d'Athènes n'est pas une proposition substantielle de solution" dans un communiqué repris par les agences de presse le 19 février. Selon ce porte-parole, la proposition "ne remplit pas les critères définis lundi [le 16 février, ndlr] par l'Eurogroupe", mais "en vérité, elle vise à un financement relais, sans remplir les exigences du programme", a-t-il insisté.

La proposition grecque n'est "pas suffisante", notamment parce qu'elle est avare de "mesures concrètes", mais "doit être utilisée comme point de départ de négociations", a néanmoins tempéré le ministre allemand de l’Economie, Sigmar Gabriel, au cours d'un point de presse à Berlin le 19 février selon des propos que rapporte notamment l’AFP. "Je pense que mon collègue Schäuble voit les choses exactement comme moi", a-t-il poursuivi, en référence au ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

De son côté, la Commission européenne a confirmé, par la voix de son porte-parole, Margaritis Schinas, lors du point de presse quotidien de l’institution le 19 février, que la demande grecque portait sur le "MFAFA" qui est le "terme juridique pour décrire en détail le programme actuel", à savoir l’aide financière et les réformes structurelles à mener en contrepartie.

Le porte-parole de la Commission a par ailleurs indiqué que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait eu des contacts nombreux pendant la nuit du 18 au 19 février avec le Premier ministre grec et le président de l’Eurogroupe et qu’il considérait la lettre grecque comme "un signe positif qui peut ouvrir la voie à un compromis raisonnable dans l’intérêt de la stabilité financière de l'eurozone", a-t-il rapporté.

Le président de l’Eurogroupe et par ailleurs ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem, s’est pour sa part contenté de confirmer avoir reçu la proposition du gouvernement grec sans autre commentaire, si ce n’est l'annonce de la convocation d’un nouvel Eurogroupe extraordinaire. Cette troisième réunion du genre en moins de dix jours se penchera sur la demande grecque dans l’après-midi du 20 février à Bruxelles, a-t-il indiqué sur Twitter.