Principaux portails publics  |     | 

Marché intérieur - Traités et Affaires institutionnelles
Le "Brexit ne serait pas la fin du monde", selon un rapport du groupe de réflexion britannique Open Europe, proche des milieux d’affaires
24-03-2015


Le rapport du think tank Open Europe sur les conséquences économiques d'une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l'UELe groupe de réflexion britannique Open Europe, un think tank spécialisé dans les affaires européennes a publié, le 23 mars 2015, un rapport qui étudie l’impact économique d’une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (« Brexit » en anglais »). Open Europe, qui se dit « indépendant et non-partisan », bénéficie de soutiens qui sont directement issus de grandes compagnies britanniques proches des milieux d’affaires de la City, et ses auteurs se montrent, de surcroît, prolifiques dans la presse eurosceptique allemande et britannique. Si les auteurs du rapport sont d’avis que le "Brexit ne serait pas la fin du monde", ils indiquent cependant que pour que le pays s’en sorte, le gouvernement en place, quel qu’il soit, devrait conclure un accord de libre-échange avec le reste du monde, prendre des mesures de dérégulation et accepter plus de travailleurs migrants issus du reste du monde.

Le contexte

Dans le cadre des prochaines élections législatives ("general elections" en anglais) du Royaume-Uni  qui auront lieu le 7 mai 2015, David Cameron, l’actuel premier ministre membre du "Conservative Party", a promis, s’il était réélu, de renégocier les relations entre le Royaume-Uni et l’UE avant d’organiser, avant la fin 2017, un référendum sur le maintien du pays dans l’UE. Une position qu’il a rappelée fermement en marge du Conseil européen du 20 mars, le dernier auquel il participait avant les élections législatives du 7 mai, disant qu’il voulait "revenir ici avec un mandat très clair pour réformer cette organisation [l’UE, ndlr], renégocier la position du Royaume-Uni et organiser un référendum avant la fin 2017".

Open Europe distingue trois scénarios possibles après une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’UE

Quel que soit le scénario, le rapport précise tout d’abord que le coût de la sortie du marché unique et de l’Union douanière européenne ne pourrait être compensé sans conclure un nouvel accord commercial avec l’UE. "Le Royaume-Uni pourra prospérer hors de l’UE uniquement si elle utilise sa liberté retrouvée pour entreprendre des mesures de libéralisation et de dérégulation", note le rapport.

Le pire des scénarios : le Royaume-Uni perd 2,2 % de son PIB d’ici à 2030

Si le Royaume-Uni ne négocie pas de nouvel accord avec l’UE et n’adopte pas une approche de libre-échange et de dérégulation, son PIB diminuera alors de 2,2 % d’ici à 2030, selon le pire des scénarios présenté par le rapport. La plus grande part des pertes (-1,2 %) sera le résultat de la création d’une "frontière ferme" ("hard border" en anglais) entre le Royaume-Uni et le reste de l’UE. Les pertes au niveau de l’aide sociale s’élèveraient à 70 milliards de livres sterling, partant du principe que le Royaume-Uni n’aurait pas à contribuer au budget de l’Union (10 milliards de livres sterling en 2014).  

Le meilleur des scénarios : le PIB britannique augmente de 1,55 % d’ici à 2030

Si le Royaume-Uni conclut un accord de libre-échange avec l'Europe et met en place une dérégulation très poussée de son économie, tout en ouvrant ses échanges commerciaux avec le reste du monde (dont les Etats-Unis, l’Inde, la Chine et l’Indonésie), alors son PIB enregistrerait une hausse de 1,55 %, selon les auteurs du rapport. Les travailleurs britanniques seraient toutefois confrontés à la concurrence des pays dont le coût de la main-d’œuvre est plus bas, juge le groupe de réflexion. Ce scénario part également du principe que le Royaume-Uni n’aurait pas à contribuer au budget de l’UE.

Le scénario le plus réaliste : le PIB enregistre une variation de – 0.8 % à 0,75 % d’ici à 2030

Dans le cas où le Royaume-Uni conclurait un accord de libre-échange avec le reste de l’UE, le PIB baisserait de 0,8 %. Ce scénario part du principe que le pays parviendrait à réduire sa contribution au budget de l’UE, bien que le Royaume-Uni doive engager d’autres dépenses dans le cadre de l’accord de libre-échange.  

Dans le cas où le Royaume-Uni conclurait un accord de libre-échange avec l’UE et adopterait une approche de libre-échange unilatérale avec le reste du monde, le PIB du pays pourrait augmenter de 0,75 %. Cela reposerait sur une suppression des droits de douane et sur l’introduction de la concurrence mondiale qui réduiraient les coûts et stimuleraient la spécialisation. En plus de cela, le Royaume-Uni suivrait un agenda de dérégulation ambitieux qui engendrerait 0,7 % de gains, poursuit le groupe de réflexion. Cette approche permettrait d’augmenter l’aide sociale de 0,64 % du PIB, si la contribution du pays au budget de l’UE est réduite, ajoutent-ils.

D’une manière générale, les avantages ou inconvénients économiques de la sortie du Royaume-Uni de l’UE dépendront en grande partie du dynamisme économique futur de l’UE, estiment les auteurs du rapport. Si l’Europe réussit à surmonter ses problèmes économiques actuels et libéralise son commerce intérieur et extérieur, alors le Royaume-Uni perdrait à quitter l’UE, notent-ils encore. Finalement, ce seront très certainement des "motivations inquantifiables" (perte de souveraineté et de responsabilité démocratique par exemple), qui détermineront si le Royaume-Uni restera membre de l’UE ou pas.

Selon Open Europe, la meilleure des solutions pour le Royaume-Uni et pour l’UE est de réformer l’Union

Open Europe est d’avis que compte-tenu de la difficulté pour le Royaume-Uni à sortir de l’UE et l’étendue des défis politiques et économiques que le pays  devrait surmonter pour que le "Brexit" fonctionne sur le long terme, il serait "imprudent" de quitter l’Union sans tester au préalable les limites d’une réforme de l’UE.

Le think tank pense que la meilleure option pour le Royaume-Uni serait de limiter l’ingérence de l’UE et la libéralisation du marché. Le Royaume-Uni tout comme l’UE gagnerait à ce que l’UE soit réformée, note le rapport.