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Énergie - Environnement
Le développement des énergies renouvelables ne doit pas se faire aux dépens de la biodiversité, insistent les ministres de l’Environnement lors d’un Conseil informel à Riga
15-04-2015


La ministre lettone de l'Économie, Dana Reizniece-Ozola avec la ministre luxembourgeoise de l'Agriculture Carole Dieschbourg et son homologue Kaspars Gerhards (Source : Présidence lettone)Si l’UE a la vocation de devenir numéro un mondial des énergies renouvelables, cela ne doit pas se faire aux dépens de la biodiversité, ont conclu des ministres de l’Environnement à l’issue d’un Conseil informel le 14 et 15 avril 2015 à Riga.  "Il existe des solutions mutuellement bénéfiques pour accroître l'utilisation de l'énergie renouvelable et préserver la biodiversité. Les solutions 'gagnant-gagnant' nécessitent que l'on implique les secteurs de l'agriculture et de la foresterie dans les discussions. (…) Les bonnes solutions sont possibles, mais les règles du jeu doivent être claires", a déclaré le 15 avril 2015 le ministre letton Kaspars Gerhards, qui préside le Conseil Environnement, lors d’une conférence de presse.

Les ministres était tous d’accord sur le fait que les énergies renouvelables "ne doivent pas avoir un impact négatif sur la biodiversité", a renchéri le commissaire européen en charge de l’Environnement, Karmenu Vella, mais qu’ils sont "les deux faces d’une même médaille" et qu’ils devaient "se renforcer mutuellement". Le Conseil était en partie consacrée à l'évaluation des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs fixés dans la stratégie en matière de biodiversité de l’UE, à savoir enrayer le recul de la biodiversité d'ici 2020, suite à un rapport alarmant de l'Agence européenne de l'environnement (AEE). L’AEE y avait mis en garde contre le fait que l’UE n’arrive pas à stopper la baisse de la biodiversité et que 60 % des espèces protégées et 77 % des types d'habitats dans "un état de préservation défavorable".

Biodiversité

Les ministres ont reconnu "qu’il y a beaucoup à faire", avait d’ailleurs indiqué Kaspars Gerhards lors d’une conférence de presse le 14 avril. "Nous avons confirmé notre engagement à l'égard des objectifs de la stratégie. Le niveau de la législation doit être maintenu, mais les règles doivent être plus claires et il ne faut pas les édulcorer", avait-il dit. "Les États membres progressent à des rythmes différents. Il faut identifier les États membres qui ont le plus de difficultés, pourquoi ils ont ces difficultés et voir comment les aider", avait renchéri Karmenu Vella.

Le commissaire avait par ailleurs indiqué à la presse qu'"une consultation est en cours" sur l'évaluation des directives "Habitats" et "Oiseaux sauvages" en vue "d'améliorer l'efficacité de ces législations" et que ce bilan de santé serait conclu au début de 2016, ce qui permettra à la Commission "de savoir si nous devons revoir ces directives". Pour rappel, la potentielle révision de ces directives suscite l’inquiétude d’ONG écologistes craignant un affaiblissement de la législation sur la conservation de la nature existant en Europe.

Cinq points majeurs ont été soulevés lors de ces discussions informelles rapporte un communiqué du Ministère luxembourgeois du Développement durable :

  • une meilleure intégration des aspects de la biodiversité dans les différentes politiques sectorielles en particulier l'agriculture et l'énergie ;
  • l'importance de la valeur et des bénéfices économiques des services écosystémiques ;
  • l'accroissement du financement en faveur de la biodiversité ;
  • le rôle essentiel des directives Nature et du réseau Natura 2000 ;
  • la prise en compte de la biodiversité dans la stratégie Europe 2020.

Energies renouvelables

Le 15 avril, le commissaire Karmenu Vella a encore souligné l’importance de créer un bon cadre pour promouvoir les énergies renouvelables de manière durable et cela pour trois raisons : les énergies renouvelables contribuent à l’atténuation du changement climatique, ils sont "la clé pour la sécurité énergétique" et ils créent de l’emploi. Karmenu Vella a rappelé que l’UE importe 53 % de son énergie (ce qui équivaut à 400 milliards d’euros) et que ce montant serait encore plus élevé sans les énergies renouvelables (de 30 milliards d’euros). "Ce sont les raisons pour lesquelles l’UE a l’ambition de devenir numéro un mondial dans ce secteur", a insisté le commissaire. Vu que le domaine de l’énergie relève de la compétence des Etats membres, la Commission continuera à présenter des lignes directrices concernant les effets de la production énergétique sur la biodiversité, a ajouté Karmenu Vella.

Il a par ailleurs annoncé que la Commission présentera un paquet législatif sur les renouvelables en 2017 qui inclura un volet sur l'utilisation durable de la bioénergie. Il a aussi indiqué que l’UE est en train de développer une agriculture basée sur la "monoculture" ce qui a "des effets négatifs".

Dana Reizniece-Ozola, ministre lettone de l'Économie, a quant à elle rappelé que les objectifs climatiques de l'UE imposent un recours accru aux énergies renouvelables – 20 % de la consommation totale d'énergie à l'horizon 2020 et 27 % à l'horizon 2030 alors que le taux actuel s’élève, selon elle, à 15 %. "Une telle augmentation ne doit pas s'exercer aux dépens de la biodiversité et de la nature qui font partie de notre qualité de vie (…). Il faut que les centrales électriques soient construites de manière à ne pas avoir d'impact négatif sur les espèces de poissons et sur l’environnement", a-t-elle déclaré.

Elle s’est félicité dans un communiqué du fait que la part des énergies renouvelables dans la consommation finale s’élève à 37 % en Lettonie et que quatre autres Etats membres ont réussi à dépasser les 20 % (Autriche, Danemark, Finlande et Suède). Elle s’est également félicitée du vote de la commission de l’Environnement du Parlement européen en faveur d’un accord pour limiter les agrocarburants de première génération à 7 %, en soulignant l’importance de la prise en compte des changements indirects de l'affectation des sols" (CIAS ou, en anglais, ILUC).

La conférence de Paris

Le Conseil informel s’est également penché sur les préparatifs de la Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui aura lieu à Paris en décembre 2015 (COP21) et dont l’objectif est de trouver un accord en remplacement du Protocole de Kyoto. Les ministres ont exprimé leur volonté de conclure un accord "juridiquement contraignant, à participation globale et doté de règles claires pour assurer la transparence et la traçabilité des engagements", indique dans son communiqué le ministère luxembourgeois du Développement durable. Celui-ci plaide pour un  "élément dynamique, assurant que les parties élèveront au fil du temps le niveau d’ambition de leurs objectifs de réduction", vu que les contributions "prises dans leur ensemble risquent de rester en-deçà des attentes".

"Ce nouvel accord doit être à la hauteur des attentes de la communauté internationale et adresser un message fort aux secteurs privé et public concernant les nouveaux développements à l'échelle mondiale. Les sept prochains mois devront être mis à profit le plus efficacement possible. L'UE est le premier bloc de pays à avoir soumis à l'ONU son offre de contribution, mais ce n'est pas suffisant. Nous invitons les autres parties à être plus proactives", a déclaré le ministre letton Kaspars Gerhards lors d’une conférence de presse.

Miguel Arias Cañete, commissaire à l'Action pour le climat et à l'Énergie, a souligné que "le temps presse". Il s’est félicité du fait que l’UE était la première économie majeure à avoir présenté en mars sa contribution (INDC pour Intended Nationally Determined Contributions) qui prévoit un objectif contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990. Le commissaire a insisté sur le fait que six autres Etats ont fait leurs soumissions (les États-Unis, la Russie, le Gabon, la Norvège, la Suisse et le Mexique), "dont certaines sont clairement inspirées du format élaboré par l'UE".

"Au total, cela couvre 25 % des émissions mondiales. Nous regrettons que si peu d'INDC aient été déposées. Nous comprenons que certains pays soumettront leur offre en juin, d'autres plus tard. Le leadership des grandes économies représentant 75 % des émissions globales est crucial", a ajouté le commissaire en appelant ces pays à "sortir de leur zone de confort" lors de la conférence de négociation de Bonn (du 1er au 11 juin 2015), préparatoire à la COP 21. Interrogé sur les attentes de l'UE à l'égard de la Chine et de l'Inde pour la conférence de Bonn, Miguel Arias Cañete a répondu que "l'UE travaille avec les pays du G20, en espérant qu'ils viendront le plus rapidement possible avec une INDC comparable à celle de l'UE. C'est le message que nous leur adressons."