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Migration et asile - Justice, liberté, sécurité et immigration
Les opérateurs du transport maritime de marchandises dénoncent une situation "intenable" en Méditerranée et appellent les dirigeants européens à une action "immédiate et collective" afin de prévenir des naufrages
08-04-2015


Les navires marchands navires marchands sont parfois obligés de sauver jusqu'à 500 personnes à la fois (Source : ICS/Torm A S)Les opérateurs européens et mondiaux du transport maritime de marchandises ont adressé le 8 avril 2015 une lettre aux dirigeants européens dans laquelle ils leur demandent une action "immédiate et collective" en Méditerranée afin de "prévenir de milliers de morts" et de naufrages.

"La crise humanitaire en Méditerranée est en train de devenir incontrôlable", mettent en garde dans leur lettre les présidents de quatre organisations du secteur : l'Association des armateurs européens (ECSA), la Transport Workers' Federation (ETF), l'International Chamber of Shipping (ICS) et la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) dans un communiqué. "Il s’agit littéralement d’une question de vie et de mort", soulignent ces fédérations qui souhaitent que cette question soit mise à l'agenda du prochain Conseil européen qui aura lieu les 25 et 26 juin 2015. Plus de 200 000 migrants ont tenté de rejoindre l’UE via la Méditerranée en 2014 et près de 3 400 y ont trouvé la mort, selon l’ONU. Le 4 avril, les secours italiens ont encore secouru 1 500 migrants partis de Libye et s'étant trouvés en détresse au large de Lampedusa.

Si les organisations reconnaissent le travail réalisé par les garde-côtes des États membres, elles dénoncent une "situation intenable" pour leur secteur. "L'industrie du transport maritime accepte pleinement sa responsabilité légale pour sauver toute personne en détresse en mer, mais soutient qu'il est inacceptable que la communauté internationale s'appuie de plus en plus sur les navires marchands et leurs équipages pour mener ces opérations de sauvetage en mer", lit-on dans le communiqué.

Les auteurs de la lettre indiquent que les navires marchands sont parfois obligés de sauver jusqu'à 500 personnes à la fois, mais ne sont pas équipés pour cela, ce qui créé un "sérieux risque" pour la sécurité et la santé des équipes à bord. Les auteurs de la lettre rappellent que les navires marchands ont sauvé près de 40 000 personnes l'an dernier, selon les chiffres de l'ONU (UNHCR), et ils soulignent que "ce nombre devrait augmenter de façon spectaculaire" en 2015 si la situation en Libye et en Syrie ne s'améliore pas.

Les organisations appellent les Etats membres à augmenter les ressources disponibles pour les opérations de sauvetage en mer, vu qu’un "nombre important d’opérations de sauvetage potentiellement dangereuses" est aujourd'hui conduit par les navires marchands. "La situation est tellement grave que nous pensons que tous les Etats membres doivent s’engager plus", écrivent-ils. Ils soutiennent également les appels de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, de l’ONG Amnesty International ou encore de certains groupes politiques au Parlement européen d’offrir des alternatives comme des voies d’entrées légales aux migrants.

En février 2015, suite à une multiplication de naufrage et des appels à renforcer les moyens de l’agence européenne des frontières Frontex, l’UE a décidé de prolonger l’opération Triton. Celle-ci avait été lancée en novembre 2014 pour prendre le relais de Mare Nostrum, une mission italienne, mais la Commission a toujours insisté sur le fait qu’il s’agit d’une opération de contrôle et non pas de sauvetage. A la mi-mai, deux mois plus tôt que prévu, la Commission européenne veut présenter une nouvelle stratégie sur sa politique de migration. Au total, plus de 276 000 migrants étaient arrivés dans l'UE en 2014, soit une augmentation de 155 % par rapport à 2013, selon des chiffres présentés par la Commission.