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Economie, finances et monnaie
Eurogroupe – Le ton s’apaise dans les discussions avec la Grèce, sans qu’un accord n’ait encore pu être trouvé sur la liste des réformes que le gouvernement mettra en œuvre dans le cadre du programme d’aide qui devrait se terminer fin juin
11-05-2015


Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis le 11 mai 2015 à Bruxelles pour un Eurogroupe présidé par Jeroen Dijsselbloem et à l’ordre du jour chargé. Le Luxembourg y était représenté par son ministre des Finances, Pierre Gramegna.

Grèce : "Les négociations ont avancé" mais il reste "des écarts importants à combler avant d'arriver à un accord"

Les discussions ont notamment porté sur les négociations en cours avec les autorités grecques, qui n’ont toujours pas abouti depuis l’accord provisoire trouvé en février 2015 pour prolonger de quatre mois le programme d’aide à la Grèce, c’est-à-dire jusqu’à la fin du mois de juin prochain, afin de laisser au nouveau gouvernement grec le temps de s’entendre avec les institutions créancières sur la liste de réformes précises qu’il entend mettre en œuvre en contrepartie.

Le souvenir des discussions difficiles qui s’étaient tenues à Riga le 24 avril dernier est revenu régulièrement dans les commentaires qui ont été faits avant et après la réunion. Mais le ton s’est nettement apaisé de part et d’autre. Entre temps, le gouvernement grec a en effet procédé à un remaniement des équipes de négociation en nommant comme coordinateur Euclide Tsakalotos, ministre adjoint des Affaires étrangères chargé des questions économiques.Pierre Moscovici et Jeroen Dijsselbloem à l'issue de la réunion de l'Eurogroupe du 11 mai 2015 (c) Union européenne

Comme l’a indiqué Jeroen Dijsselbloem à la presse à l’issue de la réunion, les ministres des Finances de la zone euro ont été informés par les institutions des discussions en cours avec les autorités grecques. "Les négociations ont avancé", a-t-il souligné en évoquant la courte déclaration par laquelle les ministres "saluent les progrès qui ont été faits" et notent que "la réorganisation et la rationalisation des procédures de travail ont rendu possible une accélération et ont contribué à une discussion plus substantielle". "La nouvelle configuration des négociations est plus efficace, plus positive, plus constructive", a renchéri Jeroen Dijsselbloem qui évoque des progrès plus rapides et n’a pas manqué de souligner que "certains sujets importants ont pu être discutés en profondeur". Une impression confirmée par Pierre Moscovici, commissaire en charge des Affaires économiques et monétaires, qui a évoqué "un nouvel état d’esprit" et "des avancées". Au-delà de la méthode, qui "a permis d'avoir des discussions plus efficaces et a contribué à des échanges plus constructifs et à des discussions de meilleure qualité et plus approfondies", Pierre Moscovici a constaté "un certain rapprochement des positions sur certains sujets". Il a cité par exemple "des discussions constructives sur une réforme en profondeur de la TVA", l’intention des autorités grecques "de légiférer pour la création d’une agence indépendante pour l’administration des revenus", ou encore "des progrès sur une stratégie pour faire face au problème des non-performing loans, prêts non-performants". Des avancées qu’il juge "importantes", "précises" et "bienvenues".

Toutefois, dans leur déclaration, les ministres notent que "plus de temps et d’efforts sont nécessaires pour rapprocher les positions sur les sujets qui restent ouverts". Pierre Moscovici a précisé qu’il restait "des écarts importants à combler sur d’autres sujets avant d'arriver à un accord", en donnant comme exemples les pensions et le marché du travail, des points sur lesquels les autorités grecques "doivent encore présenter des propositions alternatives qui puissent atteindre les mêmes objectifs de création d’emploi et de soutenabilité dePierre Gramegna à la sortie de l'Eurogroupe du 11 mai 2015 (c) Union européennes finances publiques".

Dans leur déclaration, les ministres saluent par conséquent "l’intention des autorités grecques d’accélérer leur travail avec les institutions" de façon à conclure les discussions dans les temps. C’est-à-dire dans les délais de quatre mois fixés par l’accord du 20 février dernier, comme l’a précisé le ministre luxembourgeois des finances, Pierre Gramegna, à la sortie de la réunion. Un temps qui est "court", comme l’a noté le directeur de l’ESM, Klaus Regling en soulignant qu’il faut aussi y inclure le temps nécessaire aux procédures nationales une fois qu’un accord aura été trouvé sur les réformes que mettra en œuvre le gouvernement grec. En attendant, le président de l’Eurogroupe a dit se tenir prêt à convoquer une réunion dès que les institutions confirmeront qu’un accord aura été trouvé sur une liste de réformes qui pourra servir de base à la conclusion du programme, et au versement des sommes qui restent pour le moment en attente.

Le ministre grec des Finances n’a pas hésité à mettre en avant le risque que court son pays de se retrouver à court de liquidités : "la question des liquidités est terriblement urgente. Yanis Varoufakis à l'issue de l'Eurogroupe le 11 mai 2015 (c) Union européenneTout le monde le sait, ce n'est pas la peine de tourner autour du pot", a déclaré Yanis Varoufakis à l’issue de la réunion.  "En termes de calendrier, nous parlons des deux prochaines semaines", a-t-il précisé en considérant que l'Eurogroupe n'avait "pas jugé utile de mentionner aujourd'hui" ce problème de liquidités, préférant insister "publiquement sur les grandes avancées obtenues". Interrogé sur ce point à sa sortie de la réunion, Pierre Gramegna s’est montré peu disert, expliquant juste que "le gouvernement avait confirmé qu’il respecterait les paiements qui doivent être faits".

Les ministres ont fait le point sur la situation en Irlande, où vient de se terminer la troisième mission de surveillance post-programme. Jeroen Dijsselbloem a évoqué les progrès considérables faits par l’Irlande en matière budgétaire, financière et structurelle. Des progrès qui se reflètent dans la performance économique très forte de l’Irlande, comme il l’a noté, sans perdre de vue toutefois les défis auxquels l’Irlande continue de faire face. "L’Irlande reste un exemple fort du fait que les programmes d’aide financière peuvent être un vrai succès à condition que les autorités le soutiennent pleinement et s’engagent aux réformes, comme ce fut le cas en Irlande", en a conclu Jeroen Dijsselbloem.

Quant à Chypre, Pierre Moscovici a rapidement évoqué la mission effectuée quelques jours auparavant qui a permis de relever les importants progrès réalisés, et notamment la récente adoption d’une législation sur les saisies et l’insolvabilité que le commissaire considère comme "une étape cruciale en vue de la réduction du haut niveau de prêts non-performants". "Une fois que tous les éléments de cette réforme seront en place, ce qui devrait être le cas dans les prochains jours, il devrait être possible de conclure rapidement la sixième revue du programme chypriote", a assuré Pierre Moscovici. Lors de la réunion de Riga d’avril dernier, Jeroen Dijsselbloem avait noté que les ministres avaient été informés que le parlement chypriote avait voté le 17 avril 2015 "pour établir un cadre en matière d’insolvabilité qui permettra également de mettre un terme à la suspension du cadre sur les saisies immobilières". Pour mémoire, lors de sa réunion informelle du 12 septembre 2014, l’Eurogroupe avait gelé le versement d’un tranche d’aide suite à la tentative des parlementaires chypriotes de réduire les effets de la loi sur les saisies immobilières pour les personnes à faibles revenus et d’empêcher ainsi des saisies de masse.

Les ministres des Finances ont ensuite eu une large discussion sur la situation économique de la zone euro, ainsi que l’a relaté Jeroen Dijsselbloem devant la presse. Ils avaient en effet à l’ordre du jour les prévisions économiques de printemps présentées le 5 mai dernier par la Commission européenne. "La reprise se renforce", a noté le président de l’Eurogroupe en observant plus de croissance et plus d’emplois à travers le continent. En termes d’inflation, les ministres ont noté que les risques de déflation se sont estompés. "Mais nous sommes tous conscients que nous ne pouvons pas continuer à compter sur des prix bas de l’énergie et du pétrole et des taux d’échange bas", a résumé Jeroen Dijsselbloem avant de rappeler qu’il faut "plus d’investissements, d’emplois et un accroissement de la productivité". Ce qui revient à maintenir le cap en poursuivant les réformes structurelles en cours et les politiques de consolidation budgétaire de façon à "capitaliser sur l’environnement actuellement favorable".

Les ministres ont aussi eu une discussion sur les cadres budgétaires qui fait suite aux recommandations adressées à la zone euro dans son ensemble dans le cadre du semestre européen 2014. Ils se sont ainsi penchés sur l’expérience de plusieurs Etats membres en notant avec satisfaction que les cadres budgétaires ont été renforcés dans presque tous les Etats membres de la zone euro.

Les ministres ont aussi eu un échange de vues sur les améliorations à apporter à la gouvernance économique au sein de l’Union économique et monétaire (UEM). Selon Jeroen Dijsselboem, ils ont noté qu’il y a des liens clairs entre ce qui tout ce qui peut être fait à court terme dans le cadre actuel et ce qui doit et peut être fait à long terme, à savoir rationaliser le semestre européen, mettre mieux en œuvre les réformes structurelles et faire en sorte qu’elles aient un effet de levier, ou encore approfondir le marché intérieur. Autant de sujets et de réflexions qui vont nourrir la rédaction du rapport des quatre présidents sur l’approfondissement de l’UEM dans les prochaines semaines, a indiqué le président de l’Eurogroupe.