Principaux portails publics  |     | 

Migration et asile - Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale - Traités et Affaires institutionnelles
Jean Asselborn s’exprime en marge du Conseil Affaires étrangères sur le Grexit, le Brexit, le soutien de la Présidence à l’initiative Erasmus Pro et les possibilités limitées de renvoi des demandeurs d’asile dont les motifs sont surtout économiques
22-06-2015


Le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois Jean Asselborn lors d'un briefing national le 16 juin 2015Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, a rencontré en marge de la réunion du Conseil Affaires étrangères du 22 juin 2015 des représentants de la presse pour leur exposer les grandes lignes du programme de la Présidence du Conseil de l’UE qui commence le 1er juillet 2015. Reprenant les propos qu’il a tenus devant la Chambre des députés les 8 et 11 juin 2015, il s’est exprimé sur des questions d’actualité comme le Grexit, le Brexit, le soutien de la Présidence à  l’initiative Erasmus Pro élaborée par Notre Europe – Fondation Jacques Delors et les possibilités limitées de renvoi des demandeurs d’asile dont les motifs sont avant tout économiques.

Jean Asselborn a de l’espoir que la réunion du Conseil européen du 22 juin débouche sur la définition d’un cadre pour trouver une solution pour la Grèce, "car le 30 juin, c’est fini". La Présidence luxembourgeoise veut en tout cas "garder la Grèce dans la zone euro". Les termes des accords de février 2015 sont clairs selon lui.  Pour rappel : le 20 février 2015, le gouvernement grec s’était engagé à ne pas prendre de mesures qui auraient un "impact négatif sur les objectifs budgétaires, la reprise économique et la stabilité financière". La Grèce s’était par ailleurs engagée "à honorer ses obligations financières envers tous ses créanciers, pleinement et dans les temps", en échange de quoi les Etats membres de la zone euro avaient lancé "les procédures nationales en vue d'une décision finale sur l'extension" du programme d’aide. Pousser en juin 2015 la Grèce vers la sortie signifierait pour Jean Asselborn réduire ce pays à un état de pauvreté comme dans certains pays du Tiers monde et une réduction de 100 % de la dette aux dépens de ses créanciers. "Si la Grèce respecte ses engagements, un accord est possible", a-t-il estimé.

Le Brexit est une chose "autrement complexe", pense Jean Asselborn. Lui-même sera le 29 juin à Londres où il discutera avec son homologue, Philipp Hammond, et le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, David Lidington, des vues britanniques sur ce qui devrait selon eux changer dans l’UE et à quel niveau ces changements pourraient être négociés. Un Brexit conduira à un affaiblissement stratégique de l’UE, vu l’importance de ce pays, mais "casser la libre circulation des personnes, ce n’est pas possible", a lancé  Jean Asselborn. Il abordera les discussions avec les Britanniques avec l’esprit de "trouver avec eux des éléments peut-être plus faciles pour améliorer le fonctionnement de l’UE, mais pas sur la ligne d’une modification des traités européens".  

Et de se référer au rapport des cinq présidents intitulé "Compléter l’Union économique et monétaire européenne". Ce rapport distingue entre trois phases de l’UEM :

  • une phase 1 (1er juillet 2015 - 30 juin 2017) appelée "approfondissement par la pratique"), où "les institutions européennes et les États membres de la zone euro s’appuieraient sur les instruments existants et exploiteraient au mieux les traités en vigueur" ;
  • une phase 2, appelée "achèvement de l’UEM", au cours de laquelle "le processus de convergence serait rendu plus contraignant à travers un ensemble de critères de convergence définis conjointement, qui pourraient éventuellement revêtir un caractère juridique" ;
  • une phase finale, au plus tard d’ici à 2025, à l’issue de laquelle"l’UEM approfondie et véritable devrait être un lieu de stabilité et de prospérité pour tous les citoyens des États membres de l’UE ayant adopté la monnaie unique, et être attractive pour les autres États membres, qui pourront la rejoindre s’ils y sont prêts".

C’est à ce moment-là que Jean Asselborn estime qu’une discussion sur la modification des traités est envisageable.

Un autre nouvel élément de l’entretien de Jean Asselborn était le soutien de la Présidence luxembourgeoise à l’idée d’un Erasmus Pro lancée par Notre Europe – Institut Jacques Delors, un nouveau programme de mobilité qui permettra à un million de jeunes Européens d’ici 2020 d’acquérir une qualification professionnelle dans un autre pays européen. Un des coauteurs du programme, Pascal Lamy, était venu le 19 juin 2015 à Luxembourg pour présenter l’initiative à une conférence organisée par le ministre du Travail et de l’Emploi luxembourgeois, Nicolas Schmit, sur un sujet qui fait débat : "L’Europe sociale, un nouveau départ ?". Le jeune désireux de faire un apprentissage devrait être dirigé par l’antenne du réseau EURES dans son pays ou bien par le réseau des agences nationales pour l’emploi et tout organisme public ou privé de formation professionnelle et/ou de jeunesse vers une entreprise ou un centre de formation à l’étranger pour le temps nécessaire à sa formation, à savoir deux ou trois ans. Il recevrait de la part d’Erasmus Pro un soutien de 800 euros par mois, destinée à couvrir des frais de mobilité (deux déplacements annuels dans la région d’origine, indemnité de logement) et des coûts de la formation linguistique. Cette aide européenne s’ajoutera à la rémunération versée aux jeunes par l’entreprise.

Finalement, Jean Asselborn, qui présidera le 9 juillet 2015 la partie de la réunion informelle des ministres européens de la Justice et des Affaires intérieures destinée à l’immigration, et notamment au partage des efforts, a évoqué le problème des rapatriements des demandeurs d’asile qui font leur demande pour des raisons essentiellement économiques. Tant qu’il n’y a pas d’accord avec le pays d’origine, un tel renvoi est impossible, a expliqué le ministre, et par ailleurs, il y a des pays d’origine vers lesquels il est pour des raisons politiques impossible de renvoyer ces personnes. La réunion de Malte entre l’Union africaine et l’Union européenne pendant la Présidence luxembourgeoise du Conseil permettra d’aborder cette problématique.