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Justice, liberté, sécurité et immigration - Marché intérieur
La fin de l’espace Schengen coûterait 470 milliards d’euros à l'UE en dix ans, estime une étude allemande de l’institut Prognos
22-02-2016


Logo PrognosLe rétablissement des contrôles au sein de l'espace de libre circulation Schengen entraînerait dans l'Union européenne (UE) un surcoût des échanges commerciaux situé entre 470 et 1 400 milliards d'euros, selon une étude réalisée par l'institut allemand Prognos pour le compte de la Fondation Bertelsmann et publiée le 22 février 2016. Le rapport analyse les coûts de la fin de l'espace de libre-circulation européen de Schengen pour presque tous les Etats membres sauf quatre - le Luxembourg, Malte, Chypre et la Croatie - en raison d’un manque de données, a indiqué l’institut Prognos au quotidien luxembourgeois Tageblatt.

La perte de temps qu'occasionneraient des contrôles aux frontières nationales entraînerait des coûts additionnels en personnel et en matière de stockage au niveau européen dans la mesure où un certain nombre de livraisons "just in time" ne pourraient plus être assurées, indique le rapport. Une telle situation aurait aussi un impact négatif sur le commerce international puisqu’elle renchérirait le prix des exportations européennes vers les pays tiers.

L'institut identifie deux scénarios, le premier – optimiste- fondé sur des surcoûts de production de 1 % et le second basé sur des surcoûts de production de 3 %. Dans le premier cas, le coût cumulé d'une suppression de l'espace Schengen atteindrait 470 milliards d'euros entre 2016 et 2025. Sur cette période, la facture serait de 77 milliards d'euros pour l'Allemagne et de 80 milliards d'euros pour la France. Les surcoûts auraient même des répercussions hors Europe, par le biais d'une hausse des prix à l'importation. L'étude chiffre les conséquences pour l'économie américaine à 91 milliards d'euros en dix ans et 95 milliards pour la Chine. 

Dans l'hypothèse où le scénario le plus pessimiste se réalisait, le coût cumulé pour l'UE pourrait s'élever à 1 400 milliards d'euros, dont 235 milliards pour l'Allemagne et 244 milliards pour la France. D’autres Etats comme l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Autrice ou la Pologne seraient eux-aussi fortement touchés.

"Si les frontières sont réinstallées, la croissance déjà faible en Europe va être encore plus sous pression", a commenté Aart De Geus, président de la Fondation Bertelsmann. "Au final ce sont les citoyens qui paient la facture", a-t-il estimé.

Encore faut-il savoir que l’étude s’est penchée uniquement sur la circulation des marchandises. Les retombées sur les secteurs du tourisme, du commerce transfrontalier et du travail frontalier, ce dernier fondamental pour l’économie luxembourgeoise, n’ont pas été analysées.

Le rapport met aussi en valeur des conséquences politiques et sociales comme la fin de la libre-circulation des personnes, les complications dans la coopération entre les services de sécurité nationaux ou encore l’impact sur le processus d’intégration européenne.

Alors que l’espace Schengen est de plus en plus sous pression sur fond de crise migratoire, une étude publiée le 3 février 2016 par la cellule France Stratégie rattachée au gouvernement français avait estimé les coûts d'une fermeture de l'espace Schengen à 100 milliards d'euros pour l'UE à long terme, avec un impact significatif sur le quotidien des travailleurs frontaliers.