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A Rome, les six pays fondateurs de l’UE appellent à davantage d’intégration et à un retour aux principes fondamentaux
09-02-2016


Les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs de l'UE réunis à Rome © MAEEÀ l’initiative de l’Italie et dans la perspective du 60e anniversaire du Traité de Rome qui aura lieu le 25 mars 2017, les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs  (l’Italie, le Luxembourg, l’Allemagne, la Belgique, la France et les Pays-Bas) de l'Union européenne se sont réunis à Rome le 9 février 2016. Ils y ont entamé "un processus de réflexion inclusif afin de renforcer la cohésion interne de l’UE en revenant sur les principes fondamentaux qui sont à l’origine de la construction européenne, tout en passant en revue l’état actuel de l’UE et les grands enjeux qui s’imposent", selon les termes du communiqué de pressedu ministère luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes.

"Nous n’oublierons pas que l’Europe a dû traverser des conflits violents et une histoire douloureuse avant de prendre la voie de l’intégration"

A l’issue de leurs échanges, les ministres des Affaires étrangères italien, Paolo Gentilone, luxembourgeois, Jean Asselborn, français, Laurent Fabius, allemand, Frank Walter Steinmeier, belge, Didier Reynders, et néerlandais, Bert Koenders ont publié un communiqué commun, intitulé "Tracer la voie à suivre", auxquels ils espèrent voir se rallier d’autres Etats membres, d’ici à la prochaine réunion fixée à quelques mois plus tard, à Bruxelles.

Dans leur texte, les six pays fondateurs font part de leur préoccupation sur l’état du projet européen, confronté "à une période très difficile". Ils soulignent la pertinence des valeurs fondamentales qui ont guidé la construction et le développement de la Communauté européenne devenue ensuite Union européenne pour relever les défis qui attendent l’UE.

"Nous n’oublierons pas que l’Europe a dû traverser des conflits violents et une histoire douloureuse avant de prendre la voie de l’intégration", écrivent-ils. "Pour de nombreuses générations, l’Europe fut simplement un rêve de paix et de compréhension, accompagné de l’espoir dans la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’Etat de droit et la solidarité sur le continent. Le projet européen nous a permis de faire de ces principes forts le fondement de notre coexistence en Europe.  Ils furent la base de notre sécurité, notre stabilité et notre prospérité. C’est également notre capital pour notre future commun."

Les six pays fondateurs affirment ensuite leur conviction que la solution à cette situation compliquée passe par davantage d’intégration. "Nous sommes résolus à poursuivre le processus de création d’une Union toujours plus étroite entre les peuples d’Europe.  L’Europe est couronnée de succès quand nous dépassons notre intérêt personnel étroit dans un esprit de solidarité. Nous devons être prêts à nous évertuer à trouver des solutions européennes. L’Union européenne est bien plus que la somme de 28 Etats membres", disent-ils, concédant toutefois qu’il peut y avoir différents rythmes d’intégration. "Nous sommes parfaitement conscients qu'il y a des difficultés, que tous les pays ne partagent pas l'exigence et l'importance d'un engagement commun", a d’ailleurs confié en conférence de presse, l’hôte de la réunion, le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni.

Ce dernier a également estimé que les défis principaux auxquels fait face l’UE, à savoir "les flux migratoires, les menaces terroristes, le défi posé par le referendum du Royaume-Uni et la crise économique qui se prolonge, (…) ont créé des doutes et des crises qui risquent de remettre en cause la totalité du projet européen  né il y a 60 ans", selon des propos rapportés par le journal italien La Stampa. Et c’est notamment la gestion de la crise des réfugiés, qui, selon lui, fera office de test de la capacité des Etats membres à trouver une solution européenne serait mise à l’épreuve.

En matière de flux migratoires, "la priorité est d’appliquer nos décisions communes avec efficacité et humanité"

Le communiqué conjoint déclare ainsi qu’en matière de flux migratoires, "la priorité est d’appliquer nos décisions communes avec efficacité et humanité. Une meilleure gestion des frontières extérieures de l’UE est essentielle pour les rendre plus sûres, sans entraver la liberté de mouvement et l’acquis de Schengen. L’Europe a besoin d’une approche géographiquement globale et équilibrée, basée sur la solidarité et la responsabilité", dit le communiqué conjoint. Le renforcement de la coopération avec les pays d’origine et de transit, est désigné comme un “point crucial”, qui ne va sans l’attention portée à "endiguer les flux de migrants irréguliers et s’attaquer aux causes profondes des migrations."

" Il n’est pas possible d’imaginer dans un futur proche que des décisions de pays peuvent remettre en cause des acquis et résultats des dernières décennies, en particulier le traité de Schengen", a dit encore Paolo Gentiloni. Au micro de la radio 100komma7, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn a déclaré que concernant les décisions importantes à prendre dans la gestion de ce défi, la majorité qualifiée doit pouvoir jouer. "Pour la gestion des frontières extérieures, par exemple pour l’introduction du système de garde-frontières, il ne doit pas arriver qu’on se cache derrière la souveraineté", a-t-il déclaré.

Dans leur texte, les pays fondateurs de l’UE abordent également la menace terroriste, qui vise les "valeurs fondamentales et droits humains qui sont au cœur de l’UE". "Les valeurs communes doivent être préservées et il faut lutter contre la violence et le racisme", déclarent-ils. Parmi les taches à mener, sont cités la lutte contre la radicalisation  mais aussi la proposition d’une "contre-narration" à l’attention de ceux qui sont susceptibles de se radicaliser. Il faut par ailleurs "combattre les ennemis de nos valeurs fondamentales" et ainsi renforcer l’action contre les menaces terroristes, "en accord avec les droits humains et l’Etat de droit".

Enfin, les six ministres européens ont également abordé le rôle de l’UE en tant qu’acteur global. Dans leur déclaration, ils estiment que la nouvelle stratégie de l’UE sur la politique extérieure et de sécurité fournira à l’UE "une vision renouvelée et des outils efficaces pour accroître son action". Elle soulignera l’importance de la politique de sécurité et de défense européenne qui sont au cœur des engagements européens pour la paix et la stabilité dans le monde. "Un voisinage démocratique, stable et prospère est une priorité stratégique et dans l’intérêt fondamental de l’UE", dit le texte.

S’exprimant aux micros des radios RTL et 100komma7, Jean Asselborn a déclaré qu’il y avait eu unanimité entre les six Etats membres pour tout faire pour que la Grande-Bretagne reste dans l'UE et éviter un Brexit, quitte à en payer un certain prix, mais pas un prix tel que les acquis et la "substance", dont le principe de la non-discrimination, soient "dilués" au point de ne plus les retrouver. Le ministre espère que le premier ministre britannique, David Cameron, fera campagne en faveur du oui au maintien dans l’UE.

Enfin, Jean Asselborn a fait savoir au micro de RTL que les ministres avaient discuté aussi de la dimension sociale de l’UE. Il a dans ce contexte émis le désir que le papier sur la lutte contre le chômage demandée par le France et l’Allemagne pour la fin de l’année, présente de véritables "convictions" et qu’il ne soit pas discuté en interne au sein de l' UE mais soit aussi débattu aussi bien au Parlement européen que dans les parlements nationaux et dans l’opinion publique.