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Dans un entretien à l'AFP, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, rejette un accord provisoire avec le Royaume-Uni sur le Brexit et défend la poursuite des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE
29-11-2016


AFPDans une interview accordée à l'Agence France-Presse (AFP) et publiée le 29 novembre 2016, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, s'est exprimé sur le Brexitet les relations entre l'UE et la Turquie.

Au sujet du Brexit, "on ne va pas commencer à marchander", prévient Xavier Bettel

Dans une interview réalisée après la publication de notes sur une éventuelle stratégie de sortie de l'UE, dont s'était toutefois distancé le gouvernement britannique, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a prévenu que les relations du Royaume-Uni avec l'UE n'étaient "pas un menu à la carte". "Ils veulent le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière et pas les autres trucs. Non, il y a des valeurs fondamentales en Europe qui sont indissociables. (…) On ne va pas commencer à marchander", a-t-il dit.

Xavier Bettel s'oppose à tout traitement spécial du Royaume-Uni, écartant l'idée d'un accord "intérimaire", notamment suggéré par le Premier ministre irlandais, dans le cas où les négociations n'aboutissaient pas d'ici aux élections européennes de 2019. "On a certaines échéances que l'on ne peut pas changer: ce sont les élections européennes. Est-ce qu'on va voir le Royaume-Uni organiser des élections européennes en étant en instance de divorce bien avancé ?", observe-t-il.

"On ne va pas faire un statut 'un peu membre' ou 'pas complètement'. On ne va pas faire un statut 'je suis membre', 'en instance de divorce', 'presque divorcé'", a ironisé Xavier Bettel. "Ou on est membre ou on n'est pas membre de l'Union européenne. Il n'y a pas un statut hybride entre les deux", a-t-il dit, rappelant par ailleurs qu'il n'y aura pas d'ouverture de négociations tant que l'Article 50 ne sera pas invoqué.

Le Brexit "n'est pas bon pour l'Europe" selon Xavier Bettel, qui qualifie de "calcul d'épicier",  l'opportunité qu'il représenterait  pour le centre financier du Luxembourg. "Je fais partie de ces gens qui ont toujours estimé que l'Europe ne devait pas avancer à plusieurs vitesses, qu'il fallait une Europe à une vitesse. Mais j'en viens de plus en plus à la conclusion qu'on a du mal", a-t-il confié, faisant valoir qu'il n'a "pas envie que l'Europe soit mise en standby maintenant parce que l'un ou l'autre ne veut pas participer".

Turquie – Poursuivre le processus d'adhésion

Interrogé sur les relations entre l'UE et la Turquie, trois jours après que le Parlement européen a demandé dans une résolution adoptée à une très large majorité le 24 novembre 2016 favorable à une interruption des négociations d'adhésion de l'UE à la Turquie, souhaitée pour l'heure par un seul Etat membre, l'Autriche, le Premier ministre luxembourgeois a estimé qu'il n'y avait pas lieu de couper ce "cordon" qui lie encore l'UE et la Turquie.

"La situation m'inquiète", a-t-il poursuivi, en citant les purges conduites dans les médias, la justice et l'administration depuis le coup d'Etat manqué de juillet 2016 et les déclarations récentes du président turc Erdogan sur un possible rétablissement de la peine de mort dans son pays. "Les valeurs sur lesquelles est bâtie l'Union européenne sont piétinées au quotidien" en Turquie, pense le Premier ministre qui formule toutefois l'espoir "que la Turquie redeviendra ce partenaire dans lequel j'avais cette confiance ces derniers temps", confiance devenue "très, très fragile".

"Actuellement, on a un accord avec la Turquie. On respecte les engagements, c'est un principe. Si unilatéralement, il y a de leur côté la volonté de rompre, j'en prendrai acte, je le regretterai", a conclu Xavier Bettel, reconnaissant que "dire actuellement que les négociations vont dans le bon sens, ce serait hypocrite".