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Recherche et société de l'information - Compétitivité
Le 2e colloque sur la stratégie de Lisbonne au CRP Tudor: un véritable "forum ouvert"
10-11-2006


Le colloque "En route pour Lisbonne" organisé par le Centre de recherche public Henri Tudor et l’Observatoire de la Compétitivité qui a débuté le 9 novembre à Luxembourg est le deuxième colloque luxembourgeois sur l’économie de la connaissance dans une perspective européenne.

Le colloque a été ouvert par les interventions de Viviane Reding, commissaire européen responsable de la société de l’information et des médias, Jeannot Krecké, ministre luxembourgeois de l’Economie ainsi que Jean de la Hamette et Claude Wehenkel du CRP Tudor.

Aucun des orateurs de la séance d’ouverture du colloque n’a caché que la stratégie de Lisbonne n’avait pas su convaincre au cours de la période 2000-2004. Sa relance en 2005 par la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne avait bien permis de redéfinir plus clairement les priorités et de rendre les Etats membres responsables de la mise en œuvre des plans de réforme nationaux. Mais malgré tous les efforts de ses Etats membres, l’Union européenne ne sera pas en 2010 "l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale." Il n’en reste pas moins que des progrès notables auront été accomplis.

La commissaire Reding a, en ce qui concerne le Luxembourg, déclaré que la façon dont le plan de réforme national a été négocié avec toutes les partenaires sociaux et les institutions politiques constitue un modèle en son genre. Elle a ensuite émis un certain nombre de critiques en évoquant divers "paradoxes luxembourgeois". Le premier paradoxe est selon elle que le Luxembourg, pays riche et à haute croissance, se range seulement à la 23e place en matière de productivité. Le deuxième est que le taux d’investissement dans la recherche et l’innovation reste, avec 1,8%, encore trop bas, et que la part du secteur public dans ces investissements reste également avec 20%, trop bas. Le troisième paradoxe est pour elle le fait que le très haut niveau d’utilisation d’Internet dans le pays n’a pas d’impact clairement établi sur la croissance du PIB. Elle a conclu en plaidant pour une réforme du système d’éducation qui ne produit pas assez de personnes qualifiées, pour un renforcement de l’e-gouvernement, une meilleure connexion aux autoroutes de l’information et une baisse des prix des connexions.

Dans son intervention qui fut ausi une réplique à la commissaire, le ministre de l’Economie Krecké a esquissé les forces et les faiblesses d’une économie dont la croissance est tirée par un seul secteur économique. Pour continuer à assurer une croissance de plus de 5%, l’économie luxembourgeoise génère, selon le ministre, 3,8 à 4% d’emplois nets par an. La Grande Région supplée pour trois quarts des nouveaux emplois à ce besoin de main d’œuvre. Dans la mesure où certaines qualifications ne peuvent être trouvées sur le marché du travail local, les entreprises établies au Luxembourg doivent recourir à des recrutements plus larges. Le ministre a donc plaidé pour une politique de l’immigration européenne qui permette l’engagement d’une main d’œuvre qualifiée, qu’elle provienne de l’Union européenne ou non. En même temps, des efforts devaient être entrepris pour augmenter le taux d’emploi national par la qualification et la requalification d’un nombre plus élevé de personnes. Pour Jeannot Krecké, il faudra à terme miser plus sur des niches de compétence que sur des niches fiscales, notamment dans le domaine de l’e-commerce. Il faudra surtout améliorer la connectivité du pays. L’initiative Luxconnect prise par l'Etat, qui s’inscrit dans ce contexte, a d’ailleurs suscité un important mouvement d’investissement, de l’ordre de 70 millions d’euros, chez d’autres acteurs du secteur. L’e-gouvernement avance également selon le ministre, les réssitances dans les administrations pouvant être dépassées par la mise en place d'instrument légalement fiables. "Lisbonne ne sera pas atteint", a conclu Jeannot Krecké, "mais l’ambition doit rester."

Dans la soirée, le ministre du Travail, François Biltgen, est intervenu sur la question de la qualification de la main d’œuvre. Excluant que le Luxembourg devienne un pays à bas salaires, il a souligné que 40% des nouveaux emplois créés au Luxembourg étaient des emplois d’universitaires. Il fallait donc développer des stratégies pour les 50% de personnes inscrites à l’ADEM comme demandeurs d’emploi qui n’avaient accompli que des études primaires et les 75% de jeunes demandeurs d’emploi qui n’ont pas de diplôme. Un chantier qu’il fallait mettre en place est pour François Biltgen la certification des compétences, compétences scolaires mais aussi compétences sociales. Il a exprimé l’espoir que la création de l’Université du Luxembourg allait permettre d’augmenter le taux de diplômés d’une université sur le marché du travail local. Un autre chantier est la réduction du nombre de ceux qui ne seront jamais compétitifs dans l’économie de ce début du 21e siècle par différents processus de formation tout au long de la vie et par la reconduite des jeunes non qualifiés vers l’école.

Les nombreuses interventions d’un colloque qui est un véritable forum ouvert peuvent être consultées sur la page suivante :

http://www.tudor.lu/cms/lisbonne2006/publishing.nsf/id/ADED-6U2CJX?opendocument